mardi 25 août 2015

le site de rencontre - 5

L'amour est un don ! 

"Beau, intelligent, terriblement bien foutu, plein d'humour et de modestie, c'est moi !" ...timide aussi, ce que j'avais oublié d'ajouter à mon profil pour le parfaire. Non, ne sous-estimez point l'accroche que j'avais voulue géniale et la preuve en était que je croulais littéralement sous des demandes plus qu'intéressées, dont le plus exquis aveu, que je cite in extenso, pour Najat et en entier, pour ceux qui ne se taperont jamais du latin* :

* NAJAT  M' A  TUER, se plaignaient les langues mortes. N'est-il pas, Mme le Ministre de l'Education ? 

 - Cher, Monsieur, nous sommes faits l'un pour l'autre car on me dit belle, intelligente, agréable à regarder, parfaite en tout, et si modeste que j'en rougis de cette confidence que je vous fais. Voudriez-vous sacrifier à l'amitié en trinquant avec moi à Palavas-les Flots samedi 4 juillet, aux alentours de 19 heures ? Vous me reconnaitrez aisément, il vous suffira de regarder autour de vous. Amicalement vôtre, Connie. 

Quelle incongruité, une américaine qui saurait écrire ? Drôlatique. Serait-elle d'origine française avec des ancêtres du côté des du Motier de Lafayette ? Possible, et je lui en toucherai deux mots. Mais revenons au site et à la question des photos : pour voir celle de vos partenaires, il faut et il suffit de mettre la vôtre en ligne.

Ce site n'étant nullement dédié à la photographie, si vous ne vous sentez pas de dévoiler votre portrait, l'hébergeur le remplacera par celui d'un bel inconnu, et les dames qui s'affichent peuvent découvrir cette photo alléchante sensée vous représenter, tandis que vous apercevrez les leurs floutées. Imaginez les quiproquos. 
Passé maître en argentique, pour ma part, j'arrive toujours à décoder une épreuve et à juger de la beauté du modèle. Quant à mon américaine, le portrait flouté présenté n'était, comme de bien entendu, pas le sien*. Mais, revenons au rendez-vous. 

* L'hébergeur disposant de peu de portraits d'inconnues "doublonne" plusieurs profils. Cela se remarque.

Ce samedi 4 juillet, à Palavas-les-Flots, rencontre France-USA, les deux équipes n'ayant pas jugé utile de mettre le portrait des joueurs en ligne, aussi nous nous découvrions agréablement quoique, plus âgé qu'elle et me trouvant bien mieux conservé, j'accentuais mon sourire amical.
Voilà que j'aidais la dame à s'asseoir à la terrasse d'un café du bord de mer et moi, en toute innocence, tant elle me rappelait, par un de ces violents coups de soleil attrapé je ne sais où, ces écrevisses flambées au cognac, américaines, soit, mais fléau de nos cours d'eau quand même : 

- Un bronzage à l'armoricaine, Dear ? Il vous sied à ravir ! Encore mon esprit taquin, et rien à faire pour m'empêcher d'agrémenter un gros coup de soleil, certainement très douloureux, d'un mot gentil. Connie, au petit nom si charmant se fendit alors d'un sourire crispé sur ce mot de bienvenue. 
Nous trinquâmes à notre rencontre, devisâmes sur tout, des petits bonheurs du célibats à ses grands malheurs, puis, vers 20 heures, grand seigneur je payais l'addition mais n'eus aucune velléités pour l'inviter à dîner tant elle se tortillait sur sa chaise, ce qui me mettait mal à l'aise, faut comprendre : s'ennuyait-elle ? Et donc...
- No, no Connie, don't move ! It's for me. I pay. Don't worry, be happy !

A ce moment, elle m'a regardé de façon étrange comme si elle ne comprenait pas. Etait-elle vraiment américaine... possible, et pourquoi non ?
Résultat de notre petite affaire ? Je la sentais plus réticente qu'au début de la rencontre, et sentais que cette histoire finissait eau de boudin bien avant que d'avoir commencé. Dommage. Oui, quel dommage pour elle, mais savait-elle ce que nous perdions tous deux ? 

Allez, consolons-nous car il fallait s'y attendre : toutes les mêmes. A savoir ? Tu leur paies un pot, et elles te remercient en se tirant. Merci bien, madame l'américaine. M'en rappellerai, le Vigan-Palavas-les-Flots et retour. En Panda, sans clim, que je ne vous raconte pas, et pour une américaine rouge-écrevisse, en plus !

Dès qu'elle fut partie, je sifflotais la Madelon en me réjouissant d'avoir constaté qu'elle m'avait menti sur son profil ce qui, vous en conviendrez n'est pas digne d'une belle américaine. Eh, oui ! Il lui manquait cet humour et ce charme si français dont elle se vantait. Un doute me prit alors et je me contemplais dans une vitrine : non, mon portrait tracé sur le site me convenait, lui, et collait à la route. Quant à mon humour ? 
Siffloter la Madelon à Palavas-les-Flots, vous appelez ça comment ?

Cette nouvelle veste et ces choses de l'amour, n'était-ce pas trop pour moi ? J'en étais là de mes réflexions quand, tout à coup il me revint à l'esprit le sermon du dernier dimanche de juin, le 28 qui nous exhortait à l'amour. Le pasteur avait surtout appuyé sur la gratuité de ce don d'amour qui nous était octroyé par Dieu même, don qu'on n'était pas tenu d'accepter.
Il avait ajouté que, pour le recevoir, il suffisait simplement de croire. Ben, dis donc, comme c'était simple ! J'aurais dû le signaler à Connie, cette histoire de don de soi, tiens ! Et de croire. 

Pour ne pas rester sur ma frustration, j'envoyais à Connie ce petit texto : 

"Très chère, nous n'étions pas prêts à nous rencontrer un 4 juillet. Sans doute trop tôt, mais que je vous rassure sachant que la grâce d'aimer, ce don de se donner sans recevoir existe car nous l'avons reçu en cadeau de nos père et mère bien avant que de naître. 
Je vous embrasse, et peut-être dans une autre vie ? 
Gilles, votre toujours servant."

A chacun sa façon de se venger, non mais dites donc : Le Vigan-Palavas, pour rien, et Montpellier traversé par deux fois, ouille !

Oh, que je vous narre le premier ennui sur le site que je corrigeais d'urgence : dans mon profil j'avais noté que j'étais né en Algérie. Ni une, ni deux, voilà que les hébergeurs avait pris sur eux d'inscrire "arabe" pour origine. De quel droit ? Je suis berbère, qu'on se le dise !
Durant deux mois, le rendement de mon accroche baissait dramatiquement, jusqu'à ce qu'une dame, plus courageuse n'ose demander si j'étais vraiment arabe. 

- Croyez, monsieur, cela ne me gêne absolument pas que vous le soyez. Faites ce que bon vous semble.
Tiens donc, que j'aime l'humour de cette dame, mais pourquoi cette question ? Et, comment pouvait-elle le savoir ? Ah, le profil ! Je corrigeais donc.

Après avoir changé "arabe" par "né en France" sur mon profil,
     tout rentra dans l'ordre, 
          l'Algérie était en France, à l'époque.
               Merci mon Dieu, aussi, je ne mentais pas.*

* Ndlr : Pas tout à fait exact, Gilou. Tu as corrigé par "européen", ce qui n'est pas la même chose !

A suivre...

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