mercredi 29 mars 2017

À la dérive sur le Radeau de la Méduse !

Un samedi matin, avec Ménie et un ami, retraité de la Royale, discussion animée sur le dernier article, « Le Radeau de la Méduse ». Ménie et la politique, vous savez...

- Tu affirmes que le Ministre de la défense serait un social-traître. Désolé de te contredire. Un type bien qui restera le seul ministre capable de Hollande. Il rejoint Macron, tout en affirmant ses valeurs socialistes ? Pas mal pour démontrer que le Parti Socialiste permet une totale liberté d’idées et d’action en son sein. Voilà tout Le Drian : un grand monsieur, un vrai breton qui fait honneur à la Royale et à la France. Avec panache.

- Admettons. Mais si tu considères qu’en rejoignant Macron il n’a pas trahi Hamon, le pacte républicain ne l’obligeait-il pas quelque peu ?
- Donc, d’après toi, Le Drian trahirait Hamon qui, lui-même aurait trahi Hollande, tout comme Valls, et on pourrait continuer ainsi  longtemps. On parle de politique, Patrice, pas de la conduite de la guerre, d’obligation de réserve. Comme si les politiques s’obligeaient à quoi que ce soit…. Rechercher une voie intelligente pour une meilleure organisation de la vie en société, serait-ce de la trahison ? J’affirme, contrairement à toi que, même encarté, aucun pacte républicain, sorte de « gentlemen agreement » ne pouvait contraindre Le Drian, son honneur n’ayant rien à voir en l’affaire.
- Le Drian resterait donc socialiste en ne soutenant pas un élu à la primaire de son parti, peut-on raisonnablement le concevoir ?  

- Par ton blog tu ne démontres pas, mais tu ne donnes qu'un jugement de valeur, un sentiment, un ressentiment même que je ne partage absolument pas car tu t’avances dangereusement sans avoir suffisamment contrôlé la justesse de tes informations. Non, non ! Crois-moi. Je t’en fais la démonstration sur le champ : la primaire n’était pas socialiste mais « citoyenne ». Tu saisis la nuance ? Je sais pertinemment que tu n’as pas voulu « manipuler » tes lecteurs et que, comme le Drian, tes choix te regardent, quitte à te tromper puis à corriger pour avancer lorsque tu tiens  en main toutes les données du problème. La vie, la politique et l’écriture sont pleines de revirements, d’ajustements, de réorientation qui ne sont jamais des trahisons si, par honnêteté nous réparons. Oui, la primaire fut citoyenne et non socialiste.

- Tu vois, Gilou, faudra réparer. C’est René qui va être content.
- Ce n’est pas ce que je lui demande même si son texte fut un peu hâtif et approximatif car, dans le ressenti la raison n’a pas toute sa place. Je ne faisais que le regretter.
- J’admets que la logique et la raison importent mais, a-t-on besoin de beaucoup d’éléments pour se positionner et constater que messieurs Hollande, Valls, et donc Le Drian n’auront fait qu’une politique de droite pour laquelle ils n’avaient pas été désignés ? Et donc, Le Drian, en rejoignant Macron montre qu’il fera une politique de droite en restant socialiste. C'est possible, ça ? Non. Je ne peux donc qu’affirmer qu’il est bien un social-traître de mon point de vue car je n’ai pas voté pour cette politique-là.

- Le tout serait de comprendre pourquoi, n’est-ce pas ? Prenons pour exemple Lionel Jospin, un socialiste chrétien visionnaire, oui un vrai socialiste. Non, attends… Tu n’as pas voté pour lui pour la raison qu’il affirmait, en toute honnêteté qu’il ne faisait ni une politique de gauche ni de droite mais de la bonne politique, toutefois.
- Ni cabre, ni bouc. On ne vote pas pour un politique ambigu. Ou il est de gauche ou de droite.

- Penses-tu qu’une politique d’avancées sociales, et c’est en cela que Jospin était véritablement socialiste, oui estimes-tu que le socialisme fleurirait sur un pays complètement ruiné ? Admets que jamais le France ne s’est tant développée, enrichie que sous sa gouvernance et que le chômage avait reculé très fortement. N’était-ce pas le début d’une grande avancée sociale pour tous ? Lionel Jospin n’était-il plus socialiste ou avait-il fait le seul choix réaliste que lui commandait la situation de la France pour pouvoir ensuite faire un autre bond en avant et faire bénéficier les français de la richesse créée par les aides aux entreprises tout en réformant l’état en douceur ?

- Donc, si je te comprends bien, Jospin, Le Drian et Hollande n’auraient fait leur malheur qu’en ne donnant pas toutes les clés de leur gouvernance qui obligeaient à « un temps mort », une pause nécessaire dans les réformes sociales pour reprendre son souffle en aidant au développement de la richesse et pouvoir ensuite continuer dans la voie du socialisme ?
- Oui, c’est mon sentiment. Informer sur la réalité des finances, de l’état de la France, sur les exigences de l’Europe, sur les étapes pour avancer, sur le temps nécessaire à devoir se serrer la ceinture pour sortir de la crise, faire partager ses visions d’avenir... Les gouvernements socialistes ont toujours négligé d’informer le peuple sur le principe de réalité qui contraint leurs gouvernements à rechercher la meilleure voie pour augmenter la richesse de la nation, et donc la part de la répartition sociale.

- Je prends donc acte, et accepte la leçon. Le Drian n’est pas un social traître et De Gaulle faisait plus de social que les socialistes, mais pour moi, un chat de gouttière ne pensera jamais qu’à sa gueule et te sortira les griffes si tu essaies de le fréquenter.
-Comme, tu y vas ! Mais, oui, De Gaulle, ce pragmatique intelligent aimait la France et les français et, pour augmenter les retombées sociales aidait les entreprises à s'enrichir. Tout comme le Drian.

Et, certainement comme Manuel Valls qui cherchait à faire ami-ami avec les grosses entreprises et, maintenant avec Macron. Rien que pour le bien du petit peuple socialiste. C’te blague. On verra qui bouffera l’autre tout en respectant ses valeurs « socialistes ».

En partant, j’ai demandé à mon ami de donner ses coordonnées à Mélenchon qui nous fera un bon Président de la République.

- J’aime la plaisanterie, Patrice mais, conseiller Mélenchon ? Surtout pas et inutile car, qui le pourrait tant Il a la science infuse. Par contre, transmets-lui un écrit cosigné par Hollande et le Drian paru déjà en 1984 qui explique que le pragmatisme, seul les tient obligés à aider Macron et, n’ayant pas changé dans leurs convictions, à la suite de Mitterand ils espèrent  la modernisation de leur parti. Question, tout de même : restera-t-il toujours un « vrai » Parti socialiste dans lequel les vieux militants se sentiront à l’aise ?
Si, tu trouveras ce texte sur le Net. Intéressant.

Texte soumis en dernière lecture à mon ami qui pense que j’aurais dû insister sur…, à Ménie qui apprécie, à Pierrot qui, lui… Bof ! à René qui, lui… Si c’était pour comparer Le Drian et Hollande à Jospin, bien la peine de te fatiguer. Seul le titre n’a pas été soumis à approbation.
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Le Monde, 16 décembre 1984, analyse de  François Hollande, Jean-Yves Le Drian, Jean-Michel Gaillard et Jean-Pierre Mignard. (Sources Médiapart).
Qui ne voit que nous vivons la fin d’une époque ? L’hégémonie intellectuelle des idéaux socialistes, a fait place à la vague des théories libérales, fussent-elles les plus sauvages. L’union de la gauche, vecteur d’une stratégie de conquête du pouvoir, n’a pas résisté à son exercice, même si, qu’on le veuille ou non, les trois-quarts des 110 propositions du candidat Mitterrand sont déjà entrées en vigueur. Quant à la droite, si elle avait, jusque là, accepté les vertus de l’Etat providence, quitte à alourdir continuellement les prélèvements obligatoires ; elle fait aujourd’hui une marche arrière franche et joyeuse.

Les Français eux-mêmes ont changé. Hier encore ils espéraient dans les solutions miraculeuses, c’est à dire idéologiques, de sortie de crise. Aujourd’hui, ils n’ont plus d’illusions. Ils nous font d’ailleurs payer cher cette mue, en nous rendant responsables, non pas tant de la politique de rigueur, chacun sachant bien qu’elle est incontournable, mais de cette prise de conscience mutuelle dont il n’était plus possible de différer, une dernière fois, encore, l’effort.

Un nouveau paysage politique se dessine donc : le « changement » souvent brutal mais toujours mythique, est incarné par d’autres que nous (PCF et libéraux doctrinaires) ; la crise qui avait épargné le système démocratique le menace aujourd’hui par ses effets perturbateurs (chômage, immigration, insécurité). Quant aux mouvements sociaux sur lesquels la gauche comptait s’appuyer pour poursuivre la réforme de la société française, ils sont restés atones, ou, pire, ont renforcé les rayons déjà bien garnis des corporatismes.

Dans ce contexte, l’enjeu pour les socialistes est simple : ou bien ils font comme si rien n’avait bougé et s’arc-boutent sur leurs croyances anciennes et leurs indéniables acquis, mais le risque est alors réel d’un isolement grandissant par rapport à l’opinion, ou bien ils construisent au coeur même de la crise et dans l’expérience du pouvoir les bases d’un nouveau contrat et ils se modernisent. Cela suppose néanmoins de tordre le coup à quelques tabous préhistoriques.

Disons-le tout net, au risque de provoquer, la conception dogmatique de la classe ouvrière, l’idée que le lieu du travail pourrait être aussi un espace de liberté, la notion d’appartenance des individus à des groupes sociaux solidaires, l’affirmation d’un programme politique atemporel, tout cela doit être abandonné. Le parti socialiste est sans doute le premier parti ouvrier du pays, mais son ambition ne doit-elle pas d’être aussi le parti de toute la société ? Aussi doit-il s’adresser aux individus tout autant qu’aux groupes, en appelant au réel bien plus qu’aux mythes, adopter une démarche modeste, c’est à dire non pas pauvre, mais adaptée aux temps qui viennent.

Dans cette conception, l’Etat, loin d’être absent détient un rôle fondamental. Il doit parfaire l’efficacité de ses interventions pour que « ça marche » et qu’ainsi soit réduite l’angoisse croissante des Français. Et mettre du libre choix partout, pour être mieux accepté. Il doit aussi, dans cette période d’incertitude, où l’envie de comprendre est évidente, anticiper, prévoir, annoncer les évolutions, bref devenir un « Etat éclaireur ».

Cette modernisation de notre discours est d’autant plus indispensable que jamais autant qu’aujourd’hui, le socialisme démocratique en tant que mode d’organisation n’a jamais paru aussi bien convenir à l’appréhension des bouleversements actuels. La gauche, en effet, n’est pas un projet économique, mais un système de valeurs. Elle n’est pas une façon de produire, mais une manière d’être. Aussi elle…moderne dès lors qu’elle est elle-même : c’est à dire d’abord démocratique.

Notre pays sera vaincu par la crise s’il lui concède comme tribut, en charge d’un hypothétique succès, le sectarisme économique, la régression sociale ou la haine raciale. La démocratie, nécessaire mariage entre l’égalité des droits et des chances et la liberté, notamment celle d’être différent, est le seul moyen d’assumer convenablement la mutation technologique. Cela vaut aussi bien pour l’ordre interne que pour les rapports internationaux.

Si « le libéralisme est de retour », la gauche est toujours là ; sa survie historique dépendra de sa capacité à se « restructurer » d’abord elle-même pour faire accepter la modernisation de la société dans son ensemble. Mais si nous sommes les plus confiants dans les vertus de l’idéal démocratique, nous n’en sommes pas les seuls dépositaires. Aussi, face aux périls qui grossissent (racisme, peur, pauvreté, montée des extrêmes) ayons le front de proposer un consensus stratégique entre nous et les courants démocratiques du pays. Ainsi, au-delà du clivage gauche-droite, pourraient s’affirmer les principes sur lesquels notre société doit impérativement reposer et les limites qu’il convient de ne jamais dépasser, à moins de déchoir. Tout le monde y gagnera... C’est aussi tout cela la modernisation.

François Hollande
Jean-Yves Le Drian
Jean-Michel Gaillard
Jean-Pierre Mignard

lundi 27 mars 2017

Le Radeau de la Méduse.

En 2012, exécrant Sarkozy, je votais Hollande au second tour. Voilà-t-y pas qu'il nomme Jean-Marc Ayrault premier ministre ? De 2005 à 2006, cet ancien maire de Nantes, le monsieur Propre de sa bonne ville devenait célèbre en fichant tous les SDF jusqu'à leurs pratiques sexuelles. C'était une erreur, reconnaissait-il. Soit, pardonnons, mais espérons qu'il n'aura pas étendu le système à toute la France. 
Ensuite, son remplaçant, le bienheureux Valls crucifia la gauche en se réclamant du socialisme, alors le Pape abasourdi envisagea de s'encarter au Parti Communiste Italien, hésita mais ne le fit pas par peur des représailles américaines dans le temps que Hollande réfléchissait à sa possible reconversion au CNPF.

Certains qui ont lu trop rapidement mon préambule se demandent encore pourquoi notre Grand Timonier n'adoubait pas Hamon, le vainqueur de la primaire socialiste. Jamais, au grand jamais par trop de rancune accumulée, et notre éminent Ministre de la Défense en apportera la réponse cinglante : Plutôt crever !

 J'apporte mon soutien à Emmanuel Macron, mais je reste toujours socialiste.

Allons donc, Le Drian, se faire le porte-voix de Hollande par un beau croc-en-jambe à l'honneur est une chose, assumer cette ignominie devant le Tribunal de l'Histoire en est une autre. Merci bien de nous rappeler que la primaire du parti socialiste n'était jamais qu'une belle pantalonnade où, seuls Hamon, Valls et les électeurs de gauche s'y seraient laissés couillonner. Comme au grand-guignol, mais en moins cher avec la place à un euro à chaque représentation pour attirer plus de gogos. Plus une barbe à papa.

Hollande, ce rejeton de notre machiavélique Mitterand, bon vivant au demeurant mais contrôlant mieux sa police que son Premier savait qu'il n'avait pas toutes ses chances. Enfin, les rapports de police, vous savez, on l'aura trompé, il sévirait. Certainement :

- A la primaire, Monsieur. Allez-y cueillir le fruit de votre action ! Foncez, que diable ! 

Vous en êtes certain, Monsieur la Président ? Notre petit pied nickelé, démocrate du 49-3, par ailleurs émigré et curieusement champion entêté de la déchéance de nationalité pour les double nationaux, adulé des patrons pour sa loi du travail El Khomri, pas futé pour un sou mais à l'ego démesuré courut à la primaire pour y être plébiscité. Las, amer, il se retira sans aucun respect pour les électeurs, sa parole donnée et le pacte républicain de son  parti qui le contraignaient à soutenir le vainqueur.

Valls, on l'avait calmé. Ne restait plus qu'à régler son compte à Hamon. Pas gentil, entre camarades ? Pratique normale en pays socialiste. Le pourquoi de cette vindicte ? Mais, parce qu'en démissionnant du gouvernement, ce ministre frondeur avait ouvert une brèche pour saborder le "Hollandia" qui n'avait point besoin de ce coup de grâce tant il était vermoulu.

- Le Drian, fous-moi en l'air ce gros conhil. Hors de mon navire. Pas de ça dans la Marine.*  

Facile à dire, mais comment procéder ? En siphonnant les voix socialistes pour Macron tout en déculpabilisant les députés, sénateurs, maires des grandes villes, ces social-traîtres qui se déshonoraient jusqu'alors en ne soutenant pas Hamon. Primo, aider le naïf Macron, secundo le déboulonner en montrant toute sa fatuité, et ainsi sauver le Parti Socialiste.

*Ndlr : maître Conhil, et son nom actuel de Lapin, interdits car l'animal rongeait même la coque en bois des nefs. Comme Hamon.


- Vrai ! Pas de femmes dans les équipage, et donc pas de conhil. Mon beau-frère...  
- Mais, non, René. Tu te trompes, rien à voir ! Toi, tu parles de mixité dans un lieu exigu pendant trop longtemps qui pose toujours de sérieux problèmes, d'où l'interdiction ancienne des femmes sur un navire. Ou alors, confinées en cabine. Demande à Rolando.

En 2012, Le Drian se mit au service d'un mauvais maître, l'amitié excusant parfois la bêtise quoiqu'il ne faille pas tourner bien rond dans sa tête pour aider Macron, ce pacha inexpérimenté qui ne distingue ni la gauche de la droite, qui nous fait de sa belle gueule et de sa jeunesse les seuls argument de son programme politique et qui n'attire sur son radeau que des rats, une première sur un tel esquif de fortune. A quoi pouvait-il bien penser, notre cher ministre ? A sauver sa couenne en sautant sur le Radeau de la Méduse ? Dans l'immédiat, bien joué mais, pour la postérité, Jean-Yves tu deviendras le Rat des rats qui, comme toi ne pensent qu'à sauver leur peau. Désastreux.
Oui, et déprimant sauf à considérer que nos responsables, au service de la Nation nous sont indispensables et, comme dans un naufrage, sauve qui peut et tous aux chaloupes ! Les femmes, les enfants d'abord, le capitaine, le lieutenant le barreur, le bosco, le mécanicien ensuite! Le reste de l'équipage ? L'avait qu'à prévoir plus de chaloupes. Les passagers ? L'avaient qu'à pas monter sur un tel rafiot pourri.

Américo me signale un oubli et demande réparation. Dont acte : effectivement, Jean-Yves, bien trop nombreux à bord, avec tous ces ratasses, soit la Méduse à Macron sombrera sous votre poids, soit vous vous entre-dévorerez pour l’alléger en bénéficiant ainsi de plus d’espace et de portefeuilles ministériels à pourvoir. Ne resteront donc que les plus forts que Macron devra bien satisfaire pour ne pas être bouffé à son tour. Si c'est par toi, ne le préviens surtout pas, je t'en conjure.

Tu es intelligent : tu réaffirmes ton socialisme et pourtant tu ne soutiens pas le vainqueur de votre primaire. Bravo pour le spectacle. Ta démarche ressemble à celle de Manuel VALLS qui s’est mis "en réserve" du pacte républicain, se déshonorant à l'occasion, ne respectant ni sa défaite, ni ceux qui ont voté pour le vainqueur. Pour faire bon poids, et croyant nous leurrer sur sa duplicité, ce faux-frère socialiste affirme qu’il n’aidera pas Macron, signifiant ainsi qu’il attend tout de lui.
Et notre petit VALLS qui espère toujours, lui qui s’est ingénié à se rendre détestable de tous et de Macron en particulier n'a plus aucune marge de manœuvre pour le rejoindre car, toi et Hollande lui avez coupé l'herbe sous les pieds. Pas gentil, Le Drian pas beau non plus. Mais, n'est-ce pas de l'excellente politique ?

Savais-tu, mon cher ministre de la Défense, et donc de la Royale qu’un mutin mérite toujours la corde ? Tu t’en es ouvert à Hollande et au Secrétaire du Parti socialiste qui t’ont rassuré :

- La corde pour un, pour deux mutins, on ne dit pas. Avec la fuite panique des responsables, les vergues du navire socialiste n’y résisteraient pas. Rejoindre Macron, pourquoi pas ? Un social-traître ? Préférable à Hamon, un pénible qui a démissionné du gouvernement pour nous mettre des bâtons dans les roues à aubes. Impardonnable, aussi fonce, Le Drian, crénom de Nom. Vas-y, ma poule* !

*Ndlr : Que ceux qui auraient lu : "A dada, mon poulain", veuillent bien revenir au texte.

Mon cher Le Drian, tu es fin politique, aussi méfie-toi de ne jamais le laisser paraître. Joue plutôt sur les affects. Rassure Macron qui, parce que lui aussi, traître un jour, traître toujours pourrait croire que tu finiras par le trahir pour lui chiper son Radeau Foutoir. Comment t'y prendre ? Simple en lui disant que c'est à la demande de Hollande que tu le soutiens, déjà qu'il le sait, tu ne risques rien.  

- Comme la corde soutient le pendu ? Ne démens pas, traite-le en bon mot. Riez-en ensemble, les puissant adorant que l'on prise leur humour, surtout quand ils n'en possèdent pas. Mais, non, rigole, Macron n'est pas un puissant. Laisse-le à ses illusions.

- Hollande et les socialistes, dont je suis la partie visible de l'iceberg t'appuient. But, keep our secret secret !*

Surtout, Jean-Yves, pas d'humour gratuit en associant iceberg à Titanic. Macron risquerait de tiquer grave. 

*Ndlr : Goûtez-moi ce beau tour de salaud de Hollande réservé aux socialistes qui l'on abandonné au milieu du gué. Mais, chut ! "Keep my secret secret".

Mon conseil, Le Drian ? Elimine tous les rats socialistes du Radeau, négocie avec la droite, traite Valls comme il se doit puis n'exige jamais que le Ministère de l’intérieur, et pas plus car, qui commande à la police se hisse sur le marchepied du pouvoir suprême. Ensuite ? En fin stratège, fais la misère à Macron, ce pied tendre. Non, mais. Pour qui se prend-il ?
On pourra toujours te reprocher de trahir les idéaux de Jaurès, mais Mitterand, Hollande, Valls et le Parti socialiste en eurent-ils jamais ? De mépriser Hamon et le vote démocratique ? C'est de bonne guerre et, n'as-tu pas reçu la bénédiction du Grand Timonier de France, pas pour longtemps, il est vrai et ça urgeait d'aider Macron, ce jeune tout droit sorti de l’opéra-bouffe, de la banque et de l'argent virtuel qui se targue de politique et aura été le premier à trahir Hollande et Valls. Deviens son confident mais laisse le mariner avec les petits rats de son Radeau de la Méduse puis...
...chante avec moi : 

- La victoire, en chantant, 
Nous ouvre la carrière... 
Et de la France
Soyons le Président.
Oui, en 2022 tu en es capable. Le pied !

- Capitaine, j’accepterai bien un strapontin, un pouf à la rigueur… disait l’un des social-traîtres à Emmanuel Macron, quitte à faire la dame-pipi à l’Elysée.
Mais, ils furent trop nombreux et pas fiables pour un sou. Réponse amusante de Macron ?
- Au Paradis. Mais, au paradis il n'est aucun fauteuil, encore moins de strapontin, mon cher. Et puis d’abord, là-haut, on ne fait plus ni pipi ni caca.
Pas en France où la politique pue de plus en plus. Merci qui ? Merci Hollande, merci Valls, merci Le Drian et encore merci à tous nos social-traîtres !

Au moins Macron qui n'a pas encore eu, à notre connaissance le temps de traîner quelques casseroles tiendra-t-il correctement ses engagements, et pourra ajouter :

- Le Drian, n’oubliez pas de passer à la caisse retirer vos douze deniers ! Et le lacet de la bourse qui va avec. Si vous en ferez bon usage ? Oui, vous le savez car le remord commande toujours à laver le déshonneur !

mardi 21 mars 2017

De la déprime - 3

Je tenais à rassurer Denise, mon amie psychiatre par un vibrant : "tu t'es encore trompée !" puis en citant les deux premiers vers de La Lorelei, le poème d'Heinrich Heine :  
"Je ne sais d'où me vient 
Que je sois si triste". 

Pour sûr, cet appel matinal nous fit du bien et, curieusement notre conversation effaça quelques instants ma déprime. Ça donne des idées.
-Patrice, encore toi ? C'est dimanche, pas possible, oh ! Rien d'autre à faire de ta vie que d'emmerder ton monde ?...
-Mais, Denise, écoute-moi, je t'en prie...
-Je t'interdis de m'en prier, emmerdeur, va ! Forcené de première. En tout. Te moquer de moi, c'est bon ça. Là, maintenant, tu jubiles, non ? Je le sens bien. 
-Mais, Denise, je ne voudrais pas que tu croies...

-Arrête-là, Patrice. Pouce et tout doux, Monseigneur de la Simagrée. Ton plaisir, tu ne le puises que dans la nuisance. Une jouissance de pervers, pas vrai ? Occasionnelle, tu es un plaisantin, permanente, c'est foutu. Et moi qui pensais qu’avec l’âge tu te bonifierais mais, bon sang, tu as une de ces santés d'imbécile heureux ! Pas besoin de me rappeler pour me conforter : tu as un grain de folie. Consulte rapidement.
-Mais, ma chère...

-Ma chère ? Qui, moi ta chère ? Patrice, pas de ça entre-nous ! Dis-moi, à part d'emmerder ton monde, ton unique raison d'être, que fais-tu pour être aimable ? Non, ne réponds pas trop vite, tu dirais encore une connerie. Cherche bien et pendant ce temps, tu me lâches, compris ? Pénible, va ! Tu titilles jusqu'à la rupture pour qu'on t'aime ? Mauvaise pioche, aussi je te suggère l'amabilité. Transmets mes amitiés à Fanny, ça tu peux faire. Non, pas à toi. Déprime si ça te fait du bien, va mourir, et bon vent. Note que tu m'as bien amusée ce dimanche. 
-Mais, Denise, tu es dure avec...

-J'oubliais : cours vite communier au temple pour te faire des amis, tu es en manque, puis va les emmerder... Quoi ? Tu préfères venir consulter aujourd'hui ? Et puis quoi encore ! Ce que tu peux être con quand tu t'y mets. Si, si tu m'amuses mais ne m'appelle que pour m'annoncer que tu es mort... Ça te fait de la peine, mon pauvre ami ? Note bien que ça m'en fera à moi aussi, oui. Pardon ? Mais non, tu ne me fatigues pas, où vas-tu chercher tout ça ! 

On voudra croire ce dialogue imaginé parce que je n'ai pas pu en placer une ? Que l'on se détrompe car la Denise, ce psychiatre cévenol féminin agressif, taillé à la hache comme nos vieux châtaigniers, la voilà en sa beauté toute qui gagne à être connue. L'affectivité contenue par trop de timidité nuit, je le dis toujours. 

Un emmerdeur, moi ? Impossible, tout au plus un maïeuticien des esprits, légèrement espiègle ; un empêcheur de tourner en rond un peu fou, admettons ; un découvreur tatillon de talents cachés, à l'occasion ; un réboussier aiguillon de la perspicacité accroché à sa mauvaise foi, si vous voulez ; un moraliste luxuriant qui tape souvent juste dans tout ce qui touche à l'humanité, pourquoi pas ; un philosophe bon enfant de la vie c’est rien mais la vie c’est tout, si on veut ; un poète méconnu, admettons ; un excellent camarade dans le service rendu, un impulsif qui aime donner bêtement et qui ferait mieux de réfréner ses coups de cœur, voilà qui je suis et, si on peut tout dire de moi, un emmerdeur ? Pas que je sache. Et, même si ? Qu'importe si vous m'aimez ?

Il est vrai que toutes ces qualités réunies pourraient me faire passer pour un bel abruti et, en ce sens on pourra dire que Denise faisait un sans faute. Pourtant, je me considère comme un grand bonhomme atypique, gênant mais sans plus, voilà qui je suis. Adorable même. Et honnête ? Aussi… quoique je n’ai jamais trouvé une sacoche avec un million d’euros, un peu moins même, l’honnêteté résisterait-elle sans une longue réflexion ? Serrer une telle sacoche sur son sein, serait-ce un mal si ça nous fait du bien ? La rendre, un bien si ça... Ou l'inverse ? Qui pourrait dire qu'il se connaît, et même s’il y avait le nom du propriétaire sur tous les billets, je dis bien sur tous, cela ne mériterait-il pas réflexion ? Même moi qui suis si impulsif, l'hésitation à faire et bien faire mériterait que l'on s'y attarde.

Denise, je tente bien de m'en sortir mais la déprime n’est toujours pas loin. Je constate que si je me tiens bien, prends ma douche, me rase un jour sur trois, me change chaque matin pour sortir, je n’entretiens plus mon intérieur, à chaque matin suffisant sa peine. Je suis tête en l’air et mes chaussettes sont souvent dépareillées, on ne s'en rend compte que le soir en les enlevant, démoralisé par le comment elles arrivent à s'y prendre. J’oublie parfois de mettre un slip, je perds mes clefs, cherche des heures tel outil à la vue, relève rarement mon courrier, néglige de faire mes courses et de me nourrir correctement mais, à part ça, tout va bien. C’est ce que j'aimerais croire. Et pourtant, pourtant tout va mal dans ma vie.

Si je me force à saluer les passants, si je m’oblige à rencontrer des gens en délaissant mes amis, si je me sens tenu à donner parfois la pièce à des sans-abris qui, je l’estime ne la méritent pas toujours, rien ne va plus et je me sens inutile ; tiens il y en a un qui m’a traité de nazi seulement parce que je lui faisais remarquer qu’étalé de tout son long sur le trottoir, il gênait. Je le gratifiais d'un :
-Fais du stop et je te prendrais dans ma Panda.
Déprimé et agressif. Mais, ce n’est pas tout car il est aussi vrai que je pose peu de textes sur mon blog même si je travaille tous les jours des écrits. Tiens, j’avais même flashé sur une guitare, une pelle d’après Américo qui s’y connaît plus que moi sur les prix et heureusement vendue avant que je ne l’achète. Disons que je reprends lentement mes marques. Mais, pour quoi faire ? Je vous le demande à vous qui ne vous posez pas de questions : quels sont, et le sens et le goût de ma vie ?

Le bizarre dans toute cette affaire, voyez mon état, si je suis conscient que rien ne va, dans ma tête tourne en boucle un air joyeux qui m’obsède "Viens Poupoule, viens !" que je n’arrive pas à chasser. Mes pensées ? Curieux, j’ai l’impression de ne pas en avoir ce qui m’arrange et me déroute à la fois : je n’ai pas d'idées, même pas d’idées noires et, pour faire bonne mesure, aujourd’hui j’ai reçu une lettre du tribunal d’Alès avec une amende de 375 euro pour stationnement gênant sur trottoir à Ganges. Faudra que je fasse immatriculer ma prochaine voiture en Corse.
 
L’année 2017 ayant mal commencé, je me suis dit : "Consultons Bruno* et la Normandie".
-Tu as toujours été un peu fou.... Non, c'est un compliment. Tu le sais et je t’ai toujours connu comme ça. Tu déprimes ? Allons, allons... n'importe quoi ! A d'autres ! Amuse-nous avec tes conneries, surprends-nous et tu prendras plaisir à la vie. Je te fais confiance sur ton humour, oh dont souvent tu n’as même pas conscience et de ton pouvoir de « nuisance »... oui, tu es un mec à problèmes. Il en manque ? Tu les crées. Ta marque de fabrique. Changer ta gueule de loup affamé ? Impossible. Mets-y un sourire à l’occasion avec un mot gentil, ça surprendra, pour sûr mais ne change surtout pas, mon poteau. Et passe me voir à l’occasion.
-Promis. Le 14 mai à l’anniversaire de Christine. Le 13, je suis à Montpellier pour un contrôle de PSA. On fera du Brassens.
Ndlr : des Bruno, Jean, Jean-Claude et autres Daniel, la Normandie en est farcie. Intéressant !

A changer ma gueule et mon look, pourquoi pas, aussi allais-je consulter Madame l'esthéticienne. Sa boutique ? Soliflore. Tout un programme quand on voit la Madame.
-Monsieur, que je vous arrange ? Ben... voyons voir. Vous êtes un peu petit, pas trop baraqué ? Ça ne gâte rien. Les femmes aiment aussi. Oui, Monsieur. Les cheveux ? Trop court et, vous m’excuserez mais cela vous fait une tête de tueur, vous préférez de dur ? Comme vous voudrez. Vos sourcils ? Ils poussent n’importe comment, trop longs, trop larges… les épiler ? Si j'étais vous, je n’y songerais même pas car il faudrait les refaire au crayon, je ne m'y vois pas surtout qu'un homme qui se maquille, voyez ce que je veux dire, déjà que vos cils… très féminins.  Curieux quand même avec votre tête... Peut-être des lunettes pour faire plus intellectuel ? Vous avez des yeux de bon chien… un peu trop battu ? Oui, dommage. Votre profil, intéressant. De face, au couteau, trop inquisiteur. Avec une moustache plus fine, vous feriez argentin. Le moins, votre trois-quart. Ça, vous n’y pouvez rien. La peau est belle. Rien à redire. Disons, et sans vous fâcher, heureusement que vous n'êtes pas une femme. A désespérer. Moi à votre place... Non, difficile à retoucher.

-Impossible de me faire plus avenant ? Désespérant.
-Commencez déjà par vous habiller avec un peu plus de recherche. Voyez vos jeans bien trop amples, une faute de goût. Mettez en valeur votre corps. Peut-être que votre femme pourrait vous aider ? Ah, elle est en Afrique… et les africains ne "se sappent" que lorsqu’ ils sont en France ? Imitez, Monsieur, copiez ! Là-bas, on se vêt plus chichement, oui j’avais oublié. Bon, de vous améliorer, entre guillemets, moi, ce que j’en dis vous savez c’est je n’entrevois pas de solution pour vous aider, mon pauvre monsieur.
Conclusion ? J’ai ma tête. Pas une belle tête mais une tête quand même. Pourtant, accepter de finir dépressif, de mourir comme me le suggère Denise, ce ne serait pas la joie.

-C’est la vie et on n’y peut rien. Oublie ta tête, tu sais, ça a du bon…
On s'y fait tous. Comme si on pouvait se remettre de tout et d'une figure impossible. D'une gueule de déprimé en plus.

dimanche 19 mars 2017

Le Voleu d'Edf - 2

Revenons à notre ami, le Voleu d’Edf. Mon ami René se plaindra encore :
-Trop long. Toujours parturiente. Accouche. Dépêche-toi d'aller au fait. Un sujet court nous intéresse mais, de tes pérégrinations… Bien de nous parler de ton expérience humaine comme d’un voyage hors du temps et dans l’inconnue, mais qui se voudrait plaisant. Nous raconter trois ans sur Mars pendant trois longues années… tu fatigues et moi, j’ai envie à un moment de prendre une navette pour rentrer à la maison. Je ne pisse bien que chez-moi. Tu saisis ?
Mon bon René, tu as bien raison. Toi, tu es resté « jeun’s » et, comme eux, tu as appris à aller à l’essentiel, à synoptiser et tes dessins et tes caricatures font preuve que tu sais comprendre et expliquer d’un seul trait de crayon. Pas moi.

Croire que l’expérience personnelle de mes lecteurs devrait les amener à saisir facilement les tenants et aboutissants de mes histoires ? Possible mais, si en peu de mots quelqu’un arrivait à m’expliquer les deux costumes à 13.000 euro de François Fillon et cet entêtement à se faire le moralisateur de la vie politique, si ce n’est par « C’est le voleur qui crie au voleur » pour qu’on ne s’intéresse plus à lui, je pense qu’on n’aura rien compris à la gravité et à la banalité des motivations et des actes de cet individu méprisable, le mot n’est pas trop fort surtout lorsque l’on sait qu’il persiste à vouloir devenir le premier des français.
Par là, ce monsieur nous fait bien saisir que nous sommes tous des voleurs de la nation et, vouloir me mettre dans le même sac, ainsi que tous ceux qui voteront pour lui, c'est ça qui est méprisable. Qu’il parle pour lui, non mais dites donc !

Si je ne posais correctement la situation, si je ne trouvais un cadre et des critères nécessaires à la compréhension du phénomène Fillon, et c’est est un, si je ne le resituais pas dans le temps et les mœurs de l’époque et leur changement et, ne faisant qu'appel à mon expérience personnelle j’affirmais uniquement des convictions bancales, je ne comprendrais jamais ce triste sire qui se montre si redoutable parce que, tous nous lui pardonnerions en étant comme lui, alors je passerais à côté de ce :  
-Tout pour ma gueule, rien pour les autres et, mon Dieu surtout qu'il n'en reste rien de rien ! Oui, Fillon la grenouille de bénitier, mais grenouille d'expérience quand même... ou d'expédients, je ne sais, mais Fillon et Mathieu nous le mettraient bien profond.
En somme, même si comparaison n'est pas raison, Fillon et Mathieu, même combat, tous deux volant l'usager, et pourquoi pas ?
Le Moi, d’abord ! du Fillon de la France ressemble à celui du Mathieu, celui d'EDF et on croirait entendre mon beau-père lorsqu’il  tendait son assiette à belle-maman. Mais lui, tout viticulteur honnête qu’il était, catholique fervent qui n'allait pas à la messe comme Fillon et Mathieu n'aurait jamais osé voler un pauvre à qui il réservait une place à sa table, toute religion mise sous le boisseau. Et, ce n’est pas une boutade.

Oui, Fillon premier des voleurs exige de devenir le Président d’une république foutoir, avec des français riches qui refuseront de payer toutes leurs contributions obligatoires à la société en détournant les impôts que les petits aimeraient bien minorer sans jamais y arriver, une France qui mérite que les puissants et les responsables politiques la pille sans merci, sans vergogne tout comme lui, tant elle est désabusée et ne contrôle plus rien. 
Des excuses ? Mais, c'est parce que ces Messieurs daignent s'occuper de la chose publique devenue leur propre affaire, leur chasse gardée. Oui, le monde en sa morale a bien changé et nous n’en étions pas encore conscients ? Merci François, on suivra tes pas.
En fin de compte, j’aimerais faire comprendre à mes lecteurs, d’abord que la morale a évolué, ensuite que je trouve le François Fillon, perspicace, courageux et très humain. La preuve en est qu’il nous vole allègrement et que ça ne nous fait ni chaud, ni froid. Au moins, il fait quelque chose de sa vie, lui.

J’en reviens à notre voleur, MATHIEU son nom, trait d'union suivi de Voleu, sa qualité que j’écrivais sur mes nombreuses lettres recommandées avec accusé de réception que je lui adressais à l’Agence Edf de Janval. Il n’eut jamais la politesse de me répondre. Que lui avais-je fait ? De même, ses chefs que je tenais au courant par le même moyen se comportaient comme savent si bien le faire toutes les administrations pour ne donner aucune suite, et ainsi croire étouffer l'affaire pour qu'elle meure d'inanition. Pas de ça avec moi, Messieurs.
Attention quand même car, si j’écrivais sur l’enveloppe : Monsieur MATHIEU-Voleu, Agence Edf – Janval 76200 DIEPPE, je tenais à donner du Monsieur à ce fesse-mathieu. La politesse, vous comprenez ?
Las, il fallut me résoudre à me déplacer pour rencontrer EDF, un grand Machin. Mathieu Voleu, dès qu’il m’apercevait s’éclipsait, comme si je le dégoûtais et ses  chefs injoignables, à croire qu'on ne travaille jamais à Edf lorsque l’on est responsable, mais responsable de quoi ?

Pour en revenir au père Auguste, 70 ans et ses soucis de coupure d’électricité, je l’accompagnais à l’agence. Mathieu, pas encore Voleu nous fit attendre un bon moment puis nous reçut en bon professionnel, chaleureusement même.
-Monsieur Auguste Pigeon, vous avez un souci, je crois. Monsieur… votre fils ?
-Oui, mon fils.
En sortant, je m’inquiétais. Pourquoi ton fils ?
-J’aime pas ce type. Il te serre la main trop fort. Doit pas aimer les bougnoules (quelques relents de la guerre d'Algérie, à l’Auguste. Négligeables car compréhensibles, il était si jeune alors).
Nous quittions le bureau de l’agence de Janval soulagés. La mensualisation partirait au 10 du mois suivant mais, problème il y avait car Edf ne pourra pas effectuer le premier prélèvement, suite aux délais trop courts. Vous prenez les chèques, alors ? Non, messieurs, avec l’ordinateur, comprenez qu'il conviendrait... oui de faire tout un tas d’opérations et, le temps que le chèque prenne effet, vous risquez la coupure de la fourniture électrique, puis la remise en route du compteur. Je ne garantit rien et rien n’étant gratuit, n'est-ce pas. Vous comprenez ? Non, évitons. Revenez me régler la somme en liquide. Assez rapidement ? Oui, et à moi personnellement. Cela ne vous pose pas problème ? Bien, on fera comme ça, mais ne tardez pas.
-Auguste, pense à amener ces 400 francs. Sans faute. Merci, Monsieur.

Et Auguste s’est exécuté. Et moi, confiant dans la probité des agents publics et en Auguste qui s'acquitterait. Il devait en avoir un, d'acquit, n’est-ce pas ?

vendredi 17 mars 2017

Pause…- 5

C'est curieux l'amour. Aujourd'hui, j'ai oublié de penser à toi, c'est bien la première fois que cela m'arrive ou alors que je m'en rendrais compte qu'aujourd'hui ? Parfois, je suis bien aise que tu ne viennes pas quand j'ai envie de lézarder au soleil sur les galets ou à jouer au tarot avec les copains du Normandie. Pas que je n'aie pas envie de te voir, mais c'est ainsi. Pourquoi  ? Va savoir. Et pourtant, je n'aime que toi, ne pourrais vivre qu'avec toi. Seulement avec toi. 

Une pause...
Si encore, la cause en était une petite déprime, une grosse fatigue, à la rigueur la rencontre avec une femme intéressante, belle, désirable avec tout ce qu'il faut autour, je comprendrai. Mais non. Fatigué, certes, déprimé, jamais. Par ailleurs, avoir des privautés avec d'autres que toi en fermant les yeux sur ce petit quelque chose qui leur manquerait ou ne me conviendrait pas, impossible. Rien à faire car je sais, dès le départ qu'elles me plairont moins que toi, surtout qu'il y manquerait cet empressement touchant qui te pousse à te presser sur mon corps, ta façon de me regarder, de m'écouter, de ne pas me couper la parole, de sourire quand je te dis une bêtise, de devancer mes désirs, d'accompagner ma pensée et de me dévorer des yeux lorsque je te parle. Et de m'amuser. Et moi, tu sais que j'aime te parler jusqu'à apercevoir l'écho de ma voix dans ces yeux ravis d'amoureuse de son homme.
Tiens, quelle couleur ont tes yeux ? Attends, ne bouge pas... Noisette dorée, ça je sais.

Une pause...
La vie de célibataire que je mène pourrait me porter naturellement à des coups possibles. Encore, faudrait-il avoir le temps et la tête à cela, mais moi je sais que ça ne marcherait jamais, alors pourquoi commencer à me décevoir et à me rendre malheureux de t'avoir trompée ? Donc, je  constate que je te suis fidèle, non par amour mais seulement par cette certitude qu'il n'existe que toi pour moi avec ce bonheur que mon désir, qui lui serait plutôt porté à la gaudriole accepte de ne pas me pousser à bout. Je suis entré en amour comme en religion ravi par l'éblouissement du seul objet désirable qui tourne jusqu'à l'ivresse, toi et tous les autres dans l'ombre avec défense d'y toucher sous peine d'éteindre jusqu'au désir d'adoration. 

Une pause...
J'ai toujours aimé le jeu de la séduction sans forcément conclure, et sans frustration aucune. Moi, j'aime surtout plaire. Bruno dit que je suis inquiétant, que la morale, le catholicisme et tout et tout ça ma gâché... Il y voit une mauvaise constitution liée à mon enfance d'enfant de chœur. Je n'aurais jamais dû lui en parler. Va au bout, tire-le ton coup, ça t'éclairera le regard, mon bézot, c'est bon pour le moral. Possible, mais pas pour moi. Ma vie me va comme ça et on ne s'en porte pas plus mal en amoureux, tous les deux.

Une pause... 
T'oublier toute une journée et s'endormir dessus. Incroyable. Et pourtant. Sans compter que la difficulté de pouvoir te joindre tous les jours énerve mon âme et devrait me pousser à ne penser qu'à toi. Tiens, et si nous vivions ensemble, serait-ce toujours le paradis pour nous deux ou, un beau jour se réveillerait-on dans l'enfer de la solitude d'un couple désassorti, usé par la vie ? Excuse, mais on n'a pas encore essayé pour le savoir. Pas vrai ? Ça me fait peur, et c'est tant mieux d'en rester encore et toujours aux prémisses du gentil amour affolé par des riens.
J'aurai la délicatesse et l'intelligence de ne t'en point parler pour ne pas t'alarmer. Un seul qui s'inquiète suffit largement et, tant qu'on s'aime tendrement, doucement que veut de plus le peuple ? Rien.
 

Une pause...
Comme j'en suis encore aux confidences que je ne te ferai jamais, je te suis plus qu'attaché sexuellement. Vaut mieux pas que tu le saches, ça te choquerait. Oui, j'aime d'abord ton corps, une drogue dure dont je suis bien trop souvent en manque. Ton absence, ça c'est une malédiction et il me vient parfois l'idée de cavaler sans aucun remord, en toute discrétion, ni vu ni connu tant je me sens triste les soirées sans toi, seulement je sais pertinemment que je serais déçu au matin à devoir trouver dans mes draps une belle inconnue, ou une moche, c'est selon que j'aurais tirée négligemment pour ne pas m'endormir seul. Accro, oui, mais à une seule drogue. Et j'aurais peur de Tibère, lui si attaché à ton odeur et au parfum de tes foulards et qui s'y roule dedans. Je n'aimerais pas qu'il te fuie ensuite. Tu comprendrais. En plus, faudrait que je lave tout, quand rien ne sèche tant la région est humide, que j'aère alors qu'il fait froid par chez-nous, ajoute l'odeur de l'intruse sur ma couche et dans toute la maison.
Et puis, j'aime trop ton parfum de femme amoureuse. 

Une pause...
Ma belle, tu le sais qu'il en est de ces choses à ne jamais expliquer car elles sont injustifiables et risqueraient de changer nos regards. Et toutes ces questions comme : et pourquoi tu m'as fais ça à moi, toi qui dis n'aimer que moi, et surtout baiser un tel tromblon. Faut pas être bien dans sa tête. Tu me déçois ! Non mais, tu t'es vu ? Tu ne vas pas bien... Mais, non juste un égarement passager, tu pourrais comprendre, et il faisait froid ce samedi soir, tout était sombre, même moi, non, je n'excuse rien, je constate. Une connerie, je sais, oui mais elle est belle et n'en sois pas jalouse, elle ne compte pas, c'était juste un coup de déprime, je crois ou de saveur, peut-être, mais en passant. Oui, je peux comprendre que tu ne comprends pas car il n'y a rien à comprendre. 
Mais toi, pourquoi me délaisses-tu autant ? Qui est-ce qui prends des risques inconsidérées à m'abandonner ainsi ? Je ne te demande pas si tu fais chambre à part avec ton mari ou s'il prend du plaisir avec ton corps. Ne me dis pas non. Je ne veux savoir, moi.  Mais non, ne pleure pas, ce n'est pas de ta faute... ni de la mienne. Arrête, tu vas me faire chialer, et viens dans mes bras. Là, là, tout doux.
Bien des pourquoi à effacer dans sa tête autrement la vie serait trop dure. C'est mieux de ne pas chercher à comprendre, l'amour n'y résisterait pas.

Pause... 
Au fait, j’ai assisté à un culte de Pâques célébré par le pasteur, une femme. Curieux, quand même, une femme. Je ne connaissais pas les protestants même si je les entendais chanter le dimanche matin quand j'habitais rue de la Barre. Seul un mur nous séparait. Pour une fois que je traînais vers mon ancien appartement. Par curiosité je suis entré, juste pour voir mais j'y suis resté. A la sortie, un type s'est présenté. J'étais du midi et lui a une maison de famille dans le coin, à ce qu’il m’a dit. Je crois que tu connais. Un magistrat chez qui j’avais réparé une petite fuite et que je n'avais pas reconnu sur le moment est venu me saluer à la sortie pour me souhaiter la bienvenue dans l’église. Sympa, il a fait l’éloge de mon travail auprès des autres. De la bonne publicité pour mon patron. Mais, on n'en a pas besoin, on a trop de boulot.
Dimanche prochain, on m’a conseillé le culte à Luneray. Vous verrez, le temple est splendide. Je prendrai la fourgonnette. Je peux en disposer à volonté. Paraîtrait que, là-bas c’est un fief protestant depuis très longtemps. Mais tu connaîs. Des tisserands de lin, je crois. Tu me diras. 
Je n’ai pas participé à la communion qu’ils prenaient dans de petits gobelets en plastique, quand tu penses que les vieux ont encore peur d'attraper la mort. A leur âge, l'hépatite ne peut en aucun cas les tuer et, pour sûr qu'ils mourront d'une autre maladie incurable, la vieillesse par exemple. Un matinée intéressants.

Une pause…
Mardi 9 avril. 20h45. Hier soir, dans mon lit j’ai écrit cette curiosité : « Se cacher pour pouvoir s’aimer, le pourra-t-on longtemps ? »
Et toi, comment peux-tu vivre cette situation en te montrant si heureuse ?

Une pause…
23 heures 07. Excuse, mais demain j’aurais une dure journée. Pas le temps de trop écrire le soir. On est à la bourre partout. Et toute les semaine. Sans nul répit. On ne sait plus où donner de la tête avec le patron. Débordés par les urgences qui nous mangent le temps et les clients qui tiquent quand on leur présente la facture. Toujours trop cher, mais quand tu vois le temps qu’on passe à des réparations qui semblent faciles pour les clients et qui coûtent en temps, et puis faut bien compter le déplacement, le dérangement, le matériel et les autres clients qu'on fait attendre. Toujours pas contents… On vous attend depuis longtemps, qu’ils nous sortent. Va leur expliquer que tous attendent, qu’on n’a que deux bras chacun, Bruno et moi. A la fin, tu as envie de les envoyer bouler, mais tu ne peux pas.

Une pause…
Samedi 13. Permanence. Depuis ce matin, une grosse fuite dans un appartement en ville. Des dégâts importants. Les petits vieux ont mis trop de temps à fermer l’arrivée d’eau, pourtant le patron leur a bien expliqué au téléphone que je passerai l'après-midi. Une soudure à l’étain qui avait lâché. Faudrait que je leur rappelle qu'ils sont en compte avec la maison depuis plus d'un an pour un siphon changé. Il vont te proposer un calva de ferme, du bon, t'endormir pour ne pas te régler. Ressors-leur la facture ancienne et exige qu'il paient d'avance la réparation. Difficile. J'ai appelé Bruno. Les vieux n'ont pas encore reçu leur pension trimestrielle. Pas mon problème. Démerde-toi pour te faire payer. Avant. Expliquer un quart d'heure devant un café et un calva que mon patron paye mon salaire, que s'ils ne règlent leurs factures, je pointerai au chômage, pas évident. Mais c'est qu'on ne pourra qu'en début de mois. J'expliquerai à Bruno qui va m'engueuler. Après, 5 minutes à purger le circuit, quelques instants à braser, deux heures à les aider à éponger, assécher l’appartement, ranger les meubles, à évaluer les dégâts, et voilà le travail. Les voisins du dessous ont donné un coup de main.

Une pause.
Ce dimanche, 10h30 temple de Luneray. Une grande bâtisse de pierres et de briques couverte d’ardoises et posée dans square. Sans les arcs-boutants, les grandes fenêtres et un curieux petit clocher, genre pigeonnier surmonté d’une croix, on aurait dit une grange. L'intérieur ressemble plus à une église catholique d'antan avec ses bancs inconfortables, un orgue et un harmonium, une simple table pour autel et, face à l'entrée, une chaire en bois.
On se lève comme chez nous, pour chanter et pour la bénédiction. La lecture de la bible et le prêche, c’est pareil. J’y ai encore rencontré des clients à la sortie. On ne savait pas que j’étais protestant, moi non plus, alors je n’ai pas voulu les détromper.
Après mon tiercé et un demi, je suis rentré à la maison et, je ne sais pas où il pouvait bien se trouver, mais Tibère est arrivé comme une flèche dans mes jambes pour entrer le premier. Ça lui a fait plaisir que je me baisse pour le caresser.
En fermant la porte, je t’ai retrouvée et j’ai souri à ton portrait. Allez, un peu de fromage, du pain du vin pour communier tranquille, et au lit.

Une pause…
15 avril 1985. Déjà 23 heures, télé éteinte. Je t’aime, je triche et je mens pour t’aimer tranquillement. Mais, je ne m’aime pas comme ça. Et ça fait un long moment que je ne t’ai pas vue. Tu nous manques, surtout à Tibère. Moi ? J'y suis accoutumé, et pourtant, je suis heureux même si tu es si absente, et demain c’est ton anniversaire, mais viendras-tu le fêter ? 39 ans déjà. On se fait vieux.

Une pause…
Faudra que je pense à te demander quand sera la journée du maire. Je poserai un jour de congé.

mercredi 15 mars 2017

Le Voleu à Edf - 1

Et, allez donc : le 13 mars 2017, nous apprenions que des agents d’un service « public » d'EDF détourneraient de l’argent, le conditionnel s'imposant, la présomption d'innocence leur bénéficiant. Après François Fillon et autres responsables de la gabegie de l'Etat, moi je dis : pourquoi pas mais qu'ils rendent avant à la collectivité tout l'argent détourné, autrement, exigeons des noms. 
Ah, ça ira, ça ira...

Curieusement, on s’aperçoit que quelques fonctionnaires indélicats utilisent le secteur public à mauvais escient, les moins téméraires se permettant de voler leur salaire en toute bonne conscience, cela se dit mais on s'en fout tant on rêve d'être pépère à leur place dans la fonction publique*. Mais est-ce si important lorsque l'on constate que nos politiques traînent autant de casseroles, se votent sans vergogne des lois d'amnistie pour échapper à la prison comme si, dépouiller l'usager et  l'argent public était chose moins grave que voler une pomme. Nous ? On s'inquiète de fins de mois difficiles pendant que des juges rêvent comme nous à des millions d'euro facilement gagnés, certains devenant des politiques de renom, voila pourquoi les premiers, nos juges sévissent contre les derniers, nous les pauvres pour un simple vol à l'étalage, les gros poisson déchirant toujours le filet.

*Ne rigolez pas, la fonction publique c'est du sérieux, à preuve on peut y somnoler ou la détrousser à l'aise ! Et puis, qui me reprocherait un peu d'humour dans un texte grave à seule fin de l'égailler ? Certainement pas les bons fonctionnaires et politiques intègres, l'immense majorité, et puis... et puis, nos amis belges et suisses ne supportant plus nos blagues exigent que nous restions entre bons français. Quant à leurs fonctionnaires et tous politiques irréprochables, sans doute me pardonneront-ils ma saillie médisante.

Déjà en 1993 ou 94, ne travaillant plus en tant qu’éducateur-spécialisé pour l'AEMO (Aide éducative en milieu ouvert) mais ayant conservé des relations fortes avec certaines familles, je suis tombé sur un aigrefin de l'EDF qui sévissait sur une large échelle (environ 70.000 habitants) en détroussant allègrement les usagers quand, ni les services de contrôle-qualité d'EDF, ni la police et le procureur somnolents, encore moins les usagers ne se rendaient compte de rien tant la manœuvre de ce chacal se déroulait dans la confiance et avec doigté. Et voila que sa bricole tournant bien pour lui avec aucun investissement personnel de départ, il détournait le service rendu pour son enrichissement personnel en bon agent, mais certainement pas d'EDF.

Ce voleu* avait tapé du pognon au vieil Auguste lorsque je l'avais accompagné et, comme c'est ballot et ennuyeux pour lui, j'oubliais de décliner ma qualité d'éducateur à qui on ne la fait pas comme aux douaniers, aussi lorsque j'irai lui demander de mensualiser ma facture d'électricité, au vu de ma gueule d'arabe sorti directement du bled, enfin je pense qu'il le croyait fermement, ce salopard compétent me fera péter en douceur, à l’esbroufe 400 francs en liquide (66,15 euro, je crois), environ cinq bouteilles de pastis, une grosse paille, tout de même.
*Voleu : lisez voleur car en Normandie on bouffe les R comme en Afrique. 

La misère absolue, s'installant irrémédiablement avec l'expulsion du logement commence toujours par la perte de l'emploi et le départ du père ou de la mère qui accentuent la dégradation de la vie familiale : toilettes bouchées, eau manquant à l'évier, coupure du compteur électrique, laisser aller lié à la dépression du soutien de famille, aussi fermer les yeux sur l'état du logement en croyant faire un travail éducatif était impensable car, à ce moment l'urgence absolue consistait à remettre la maison en état, éviter l'expulsion, trouver avec l'assistante sociale les moyens financiers nécessaires à la survie pour éviter un placement d'office en maintenant l'enfant dans la sphère familiale ; disons, pour faire simple, traiter le problème dans sa globalité avant que de remettre l'enfant à l'école. Mais, pour cela, encore ne fallait-il ne pas être feignant, savoir travailler de ses mains, accepter de se salir et de moins s'occuper des situations "faciles" pendant un temps donné. 

Notre boulot s'inscrivait d'abord dans la protection de l'enfance contre tous : la misère, le désamour, la famille, l'école, la justice, la police et les mauvaises fréquentations de la rue. En effet, l'urgence et la sécurité de l'enfant étaient les parents de l'éducatif : nourriture, eau, électricité et gaz remis en marche, vitres remplacées, propreté du linge... Ensuite, nous traitions le symptôme en choisissant un outil de médiation approprié à l’objet de notre travail pour autoriser l'enfant à se poser, prendre le temps de souffler en faisant confiance à un adulte extérieur responsable pour qu'il puisse revivre en se situant comme acteur de sa vie et ainsi, avec des perspectives d'avenir, résoudre son problème.
Disons que nous reconstruisions, pour et avec l'enfant un espace sécurisant et valorisant pour qu'il puisse prendre le temps de grandir et, prenant conscience qu'il importait pour les autres parce qu'il comptait déjà pour nous, qu'il pouvait aimer et être aimé en devenant aimable, tout simplement en valorisant sa vie. 

Entre le dire et l’agir, nous options pour proposer à l’ado une situation "amusante" dans laquelle il découvrirait la valeur de la "règle du jeu", la loi indispensable à toute bonne vie en société. Mais, d'abord, après la résolution au mieux des problèmes liés à l'environnement familial, et bien avant que d'introduire le temps de la parole, nous signifions clairement aux assistantes sociales, au juge, aux parents et à l'école qu’il nous fallait le temps de l'apprivoisement et que notre rapport ne se ferait que lorsque nous le jugerions utile et que, dans tous les cas, ce que nous y écririons serait donné à lire aux parents et à l'enfant.

Notre travail se faisait tout en douceur car il s’agissait surtout de ne pas demander : "voudrais-tu me parler de ce que tu vis et, ce que tu me révélerais, aimerais-tu que nous le signifions à tes parents, toi et moi  ?" mais, "que voudrais-tu que nous vivions ensemble, on verra après pour l'école. Te fabriquer une vélo ? Allons dans une casse trouver un cadre, des roues et mettons-nous à l’œuvre".
-Grégoire, tu veux me parler de ton père, il te manque ?
-Je préfère aller voir un film de guerre !
Mince, alors ! 

Nous faisions l’inverse des éducateurs "psycho-machins" et notre propos se voulait simple : l’agi dans une relation forte, seul pouvait ensuite introduire une parole vraie car, sans vécu commun et donc sans respect et confiance réciproque, point de parole partagée.
-Si tu viens me voir parce que tes parents ou le juge t’obligent, tu ne m’intéresses pas. Pour me dire que tu ne vas pas en classe parce que tu t’y ennuies, je m’en moque éperdument mais faudra que tu y retournes. On a le temps pour ça.

Mon boulot ? M’occuper de toi mais, si c’est pour ne rien glander, rentre chez-toi ou reste dans la rue. Pas mon problème et pas envie de m’emmerder. Tu as le projet de te faire un vélo, de bricoler une mobylette, là tu m’intéresses. Aller faire un tour au ciné, si tu veux, manger au resto, OK, te balader en bagnole, aller aux moules, faire des crêpes, de la photo, chanter, taper dans un ballon, là tu m’appelles. Pas avant.

Bien. Tu réfléchis et on se donne rendez-vous. J'oubliais : si c’est juste pour me dire bonjour, ça me fera plaisir, mais sans plus. Au fait, j’ai remarqué qu’il n’y avait plus d’eau chez-toi et, si tu aimes bricoler, je peux te présenter mon collègue Bruno qui sait faire de la plomberie. Enfin, réfléchis bien. Rien ne t'oblige à rien mais, si tu te pointes au service, c’est que tu t’engages. Au fait, si de ta vie tu t'en moques, alors moi aussi. Remarque que je suis libre mercredi matin. Si tu préfères le samedi, c'est toi qui vois, mais pas après 9 heures. Allez, à la revoyure, mon p'tit pote, j'ai pas que ça à faire.

Et donc, une belle rencontre que Benoît, onze ans le fils d'Auguste, 70 ans et ancien mineur silicosé du Nord puis docker, seul parent à s’en occuper à l'âge d'être grand-père qui se trouvait démuni dans son rôle de père et avait demandé l’aide du service. Le Benoît ? Un gosse super intelligent, déjà un maître à la belote, à la manille, au tarot, au mata (jeu de dominos). Pour l'école, ben ça le gonflait, tous les jeux de bistrot, ça il aimait. L'habitude d'y traîner avec son daron.
Et, voilà-t-y pas que la famille, après le médecin-conseil de la Faculté de Médecine des Miracles de Lourdes avait un autre petit souci avec EDF qui comptait lui couper le courant. Donc, ni une ni deux, le Gilou proposait son aide pour trouver la solution au problème de ce c’tit pépère que j’adorais. Et de son bézot qui me badait comme si j’étais Dieu le père.

-Allo. Oui, allo. Allo ? Midi trente, chez moi.
Pas de réponse. J’avais donné mon numéro de téléphone personnel à tous les mômes que je sentais en détresse. Paraîtrait que ça ne se fait pas au Service AEMO. Pas très professionnel, mais on s'en contrefout !
-Oh ! Benoît, c’est encore toi ?
Un temps.
-Ouais. Qu'est-ce que tu fais ?
-Je mange. Tu me veux quoi encore ?
-Rien… qu’est-ce que tu manges ?
-De la salade, un steak haché, des nouilles... Et toi ?
-J’sais pas, le daron l’est pas encore rentré.
-Il est à l’apéro au Normandie ?
-Ouais.
-Tu veux que j’aille le chercher ?
-Ouais.
-Bouge pas, je prends mon café et je te ramène ton daron.

samedi 11 mars 2017

De la déprime - 2

Voilà que je me sentais las de toutes ces journées à traîner comme une âme en peine et usé par mes nuits blanche. Cela commençait à faire et à bien faire. Pour mon bonheur, un matin je rencontrai une amie psychiatre garée près de la Mairie. Je la connaissais depuis l’enfance. On se salua comme à notre habitude :
-Oh-là ! De belles rondeurs ! Je trouve que tu te fais gironde à souhait ! Ouille-ouille, les garçons, planquez-vous.
-Je remarque que toi tu ne changes pas, toujours aussi con, Patrice !

Jamais de bises de la Denise qui à toujours maintenu ses distances avec moi, une des seules amies qui n'arrive pas à me donner mon prénom, et cela dure depuis 61 années. Elle me demanda des nouvelles de certains et m’en donna d’autres. Je lui fis part de mes inquiétudes : voilà, je ne tourne pas rond, sans doute une grosse  dépression.
-Si tu fais toi-même ton propre diagnostique, on est mal. Tu me consultes pour que je confirme ? Bien, bien bien... toujours à te foutre de moi ! Le seul de mes amis qui passe à travers les gouttes des orages de la vie, c’est bien toi. Et toujours heureux. C'est gonflant, à la fin !

Façon de parler, elle a l'amitié brutale mais elle corrigea mon diagnostique. Donc, des insomnies, et quand tu ne dors pas, tu fais quoi ? Tu écris toujours, et donc... Bien. 
-Pas tant que ça. Tout ce que j'écris ne vaut rien. Je rature, j’efface... Rien de bon.
Mais, Patrice, que du normal, il en va ainsi de l'écriture... Tu pense à un check-up ? Correct ? Ecartons une maladie grave. Et ta prostate, ton taux de PSA, redescendu ? Parfait.
-Oui mais Denise, je sens bien que rien ne va plus. Tiens, même que les viganais sont devenus gentils avec moi. Prévenants. Et si ça m'inquiète ? Tu penses bien. En plus, je les trouve plus intelligents que d'habitude. Vois-tu, c'est pas normal. 
-Sans doute que les viganais sont gentils naturellement et que tu barjotes comme à ton habitude. Crois-moi, la folie sait bien se cacher.
-Possible, mais maintenant j'ai l'impression d'être un "misquine" qu'ils plaignent. Je ne voudrais pas, qu'en plus ils me prennent pour un pauvre con. Qu'en penses-tu ?

-La beauté de la ville mise à part... sa douceur de vivre aussi, je ne dis pas que, pour la convivialité, le Vigan soit le lieu idéal... Moi-même je n'y retourne pas souvent, mais en connais-tu de meilleurs endroits qu'ici ? J'en doute. N'oublie pas que tu es redevenu viganais, donc de l'intelligence, de la convivialité, accordons-nous pour ne pas tout mélanger. Tu déprimes, ici ou là-bas, quelle importance ? Par contre, mesquin, toi ? Et puis quoi encore ? Rien que ton nom, Patrice, le noble ! Allons donc ! 
-Et, ne fais pas le Gilles, le niais, le fou, le pitre, tu connais ? Mais non, pas mesquin, "miskine", le pauvre.

Si tu le crois, me dit-elle c'est que tu ne vas pas bien. D'un autre côté, comme tu ne cesses de dire du mal des viganais, tu peux les comprendre ? Tu penses à un un début de sénilité ? Pas que je sache car, si ton activité s’est ralentie tu mènes encore une vie bien remplie, légèrement éteinte ces temps-ci, sans doute le décès de personnes très proches… oui, j’ai appris. Pas de quoi s'affoler ! Et, de tes projets ? Tu compte toujours écrire un livre, t'acheter un fourgon, faire le tour de l’Europe, t’installer au Portugal ? Non, juste le visiter ? Donc, ne me gonfle pas avec la dépression, tout au plus une déprime passagère. Conclusion ?
-Patrice, appelle-moi dans deux-trois jours. Ca ira mieux, que je te rassure.
Tiens, Denise, elle est bien gentille mais, me donner du Patrice, comme en prison, c'est déprimant... non ? Elle sait pourtant que depuis 61 ans je déteste Patrice lui préférant Gilou, pour les amis, et moi qui la voyais grandir en amitié. Elle n'a pas changé.
 
-Tu as su pour Dédé. Triste, hein, lui si vivant avant. Je l’avais dirigé vers une collègue de Montpellier pour sa dépression. Oui, tu m'en avais parlé. Lourde, et invalidante, bien trop inscrite car ancienne. Sa dépression ? Rien à voir avec un coup de déprime... Une misère lorsque les pensées tournent en roue libre, sans frein, détraquent le corps qui se met en résonance pour devenir douloureux et tout s'amplifie dans une sorte de yo-yo sans fin et voila la maladie mentale qui s'installe, flambe, s'emballe et s'inscrit dans le corps par de multiples symptômes physiques réels. Tout s'affole. Aucun contrôle. Tout ça, tu le sais.

-Oui. Et il se rendait compte de son état. La dernière fois que je l'ai vu, il devait aller faire changer son traitement. Mais comment un gars tel que lui, heureux de vivre, si actif a-t-il pu tomber si bas ? Rien qu'à le rencontrer, tu te mettait à déprimer avec lui. Ça me rendait triste.
-Si encore on trouvait les déclencheurs. Mais, la maladie était trop ancienne. Il aurait dû consulter plus tôt mais, lorsqu'il a senti cette sensation physique qu'un morceau de bois se brisait dans sa tête, j'ai préférer l'orienter vers la meilleure psychiatre de Montpellier. Mais, aujourd'hui je sais que c'était trop tard.

-Et, il n'y avait rien à faire ?
-Pour lui ? Moi, j'étais démunie. Pourtant, il voulait s'en sortir mais, pour vivre quelle vie ? Quand l'esprit insensé martyrise le corps par de grandes douleurs pour bien signifier que la maladie n'est pas mentale et que, pour s'en sortir veut les éteindre jusqu’à ce que mort s’en suive, tu sais que l'unité de la machine humaine brisée en deux se déconnecte du réel pour fonctionner sans le garde-corps de l'instinct de survie et les garde-fous de la raison, de l'humanité et de la "normalité" de la vie... Un suicide inconscient ? Ils le seraient toujours ? Oui et non, quand tu constates que l'âme humaine est si compliquée, si forte et fragile à la fois, qu'elle peut désirer mourir pour mieux vivre... Eh, oui ! Mais lui, Dédé voulait vivre.  

J'aime bien échanger avec Denise. Elle est diablement intelligente, trop même pour une femme et une viganaise à la fois. Tiens, faudra que j'y réfléchisse à tête reposée, quand je pourrai. Denise est bien gentille mais je voulus aussi mettre Dieu à contribution pour donner le coup de grâce à mes inquiétudes, deux sûretés valant mieux qu'une. Comme à son habitude, il semblait trop occupé par des ennuis autrement importants, de ceux du créateur génial du moteur universel qui ne saurait l’améliorer en l'adoucissant, aussi je ne lui demandais que d’apaiser mes nuits, TOUTES pour que je puisse enfin me ressourcer.

A consulter le bon Docteur Dieu ? Simple comme bon soir car il suffit de fermer les yeux, d’ouvrir la Darby, ma vieille Bible au hasard, de mettre un doigt sur un verset pour y  trouver la parole consolante, et voici ce qu'écrivait Salomon pour moi, il y a plus de 3.000 ans dans Proverbe XVIII, au verset 14 :
-L'esprit d'un homme soutient son infirmité ; mais l'esprit abattu, qui le soutiendra?
Retrouvant la paix de l’âme en considérant que je n’avais pas encore perdu la raison, je me résolu à prendre des mesures pour combattre la déprime. Par hasard, encore j'ouvrais un livre sur les fous de Saint Alban/Limagnole et en concluais que pour combattre la folie et la dépression, une bonne guerre était tout indiquée et qu'il fallait que je me bouge le cul, alors je m'endormis en paix avec moi-même, ne me réveillant qu'à 3h15 pour mon petit pipi de la nuit après avoir fait un rêve heureux étrangement en rapport avec mes lectures puis me rendormais pour ma première nuit correcte depuis longtemps.

Au matin, j’avais retrouvé presque tout mon allant en oubliant que cela faisait presque une semaine que je ne me rasais plus et, présentant un visage rugueux je découvris, ce jour pourquoi mes copines rechignaient à venir m’embrasser, ce qui m'avait alors grandement désolé pendant une semaine.
-Tu piques ! Tu le fais exprès ou quoi ?

Installé en terrasse de bistrot pour lire mon journal, boire un bon café et fumer une cigarette, j’y retrouvais une connaissance qui semblait se soucier de moi…
-Tu ne nous ferais pas une crise de Calgon ? Tu nous désertes, tu n’écris presque plus dans le blog et tu as une de ces gueules ! Si, si et ne me dis pas non. Et puis ces habits noirs… une détestation ! Si tu te voyais, tu t’éviterais. Tu as envie de parler à quelqu'un ?
Que répondre ? Surtout pas à toi ou que je vais mieux depuis que j’ai lu ma Bible, que j’ai une petite crise existentielle passagère accentuée par quelques soucis d’argent plus, au choix des ennuis de bougies, ou de delco, de condensateur, de carburateur, de liaisons électriques, ou de cylindre qui manquerait de compression, et que non, la déprime n'expliquerait pas toute la raison de ma tête de travers ? Mais, non, je ne me néglige pas. Ce matin, j’ai oublié de me raser, donc je ne me suis pas vu dans la glace, constate que je ne me suis pas peigné. Ah, tu vois.

Tiens, comme c’est bizarre que ces scènes de "T'as une drôle de tête" ne se déroulent jamais l’après-midi ni le soir et que ces gens, par sollicitude risquent de vous gâcher votre matinée et une belle journée en vous inscrivant encore plus dans la déprime, alors que mon souci premier venait de ma voiture tombée en rideau. En rade ? Qu’importe puisqu’on vous a catalogué dépressif à votre front soucieux, à vos frusques, à votre barbe naissante, à votre regard farouche ou éteint :
-Non mais c’est vrai que tu as une tête de déterré !
Même que, certains gâte-sauce à l'amitié débordante, en toute consolation : 
-Ne sors pas à la nuit tombée, les chiens hurleraient au loup... Mais, non, je rigolais !

Si on veut car, dans les rares vitres rencontrées ce matin sur mon court chemin habituel, je voyais bien que je ne reconnaissais pas trop cette tête d'inconnu qui me ressemblait et qui me renvoyait un regard triste comme en un reproche de ne pas l'aimer. Mais, avais-je besoin de mes amis proches pour me consoler, et de quoi ? Et qu'avais-je pu bien faire pour tant de triste solitude ? Pas question de Julie car je l’entendais déjà au téléphone :
-Tu déprimes ? Ne nous fais pas ça ! Bouge pas, j’arrive, Pôpâââ !
Non. Fifille, ne bouge surtout pas et ne te pointes pas avec Aouah et ton pisse-partout de jeune chiot fou dont je ne rappelle plus le nom. Et non, ça ne sent pas le pipi d'ange ! Et pourquoi, pour faire bonne mesure ne pas amener George Sand, ta chatte farouche qui ne m’aimera jamais, et Mam’zelle O’Hara et Clark Gable tes lapins nains que j'ai l'honneur et le plaisir de ne pas connaître, un remède administrés pire que le mal ? Tu veux ma mort, fifille ?

Suivante de ma liste, Fannie. Impossible car présentement au Bénin, comme ils disent là-bas. Bon, elle, elle m’aime surtout parce que je prends tout à la rigolade et, de la déprime dans un couple ? Gardez le paquet bien chaud pour vous.
Peut-être qu’Américo avec sa perspicacité, sa philosophie hyper-réaliste, et de son aide… oui, mais je devrais lui avouer mes quelques mauvais jours avec la boule au ventre. Impossible, notre amitié s’étant construite sur le mode espiègle.
Pierrot ? Non plus car, même si la vie l'aime tellement que rien ne semble pouvoir l’atteindre, je ne voudrais jamais l'assombrir, sauf par mes blagues olé-olé détestables, ce serait une faute de goût.

J’ai bien pensé à Rolando mais, sourd comme un pot, le temps de lui expliquer le pourquoi du comment et la mode aura changé. Youssef, trop lointain en son Canada, et puis, va t’expliquer au téléphone. Faux-cul, il compatirait tandis qu’en fond sonore j’entendrai glousser sa bombinette.
- Gilou, tu déprimes ? Tu me fais marcher ou quoi ! Pardon… parle plus fort ! Tu dis que Fanny broie du noir en Afrique ? Normal, black is beautiful ! Non, au Bénin ? Ouille ! Et que tu te sens seul ? Parle plus fort... Oui ? Et elle aussi ? Je te plains, mais que je te rassure, la solitude, surtout en Afrique n'a jamais qu'un temps... oui, le soleil, un fameux boute-en-train !  Pardon ? Je t'ai mal compris ? Ah !...
Sacré farceur de Youssef !
Ne me restait plus que Markus. Non ! Carré en ses certitudes, trop broum-broum et un homme, ça sait se tenir dans l'adversité. Oui, mais non, Markus, je ne me lamente pas comme une gonzesse, où vas-tu chercher tout ça !
Mes ex ? Certaines s’amuseraient de mes malheurs, pas toutes mais la plupart et ce n’est pas d'aujourd’hui que j’aimerai leur donner du plaisir.

Je me résolus à garder ce qui restait de ma déprime pour moi tout seul, à moins que Christine et Bruno, mes amis normands… mais la Normandie, c’est loin. Mais bien moins que le Bénin. Et pourquoi pas ?