samedi 9 mai 2015

Lobo, mon chien - 1


Oyez, oyez, braves gens, l'extraordinaire histoire de Lobo, le chien-bonheur qui embellit ma vie. Je l'adoptais alors qu'il n'avait que trois mois en mes années 60 au Collège Cévenol du Chambon/Lignon faisant fonction d'élève-surveillant pour mon Maître d’internat, Albricius le gentil Pieds-noirs*.

*Un Pieds-noirs marche sur deux jambes, donc deux pieds, même avec une jambe de bois. Le pluriel se doit. Par contre, un cul de jatte Pieds-noirs, apode ne sera jamais qu'un gentil Noir, en toute singularité.

Continuons, donc nôtre propos... Or donc, il était David le boxeur, un écossais qui, lui aussi Maître d’internat, avait un chien Boxer français qu'il traitait amiablement comme l'aurait fait tout écossais qui se respecte, et à l'anglaise. La chose, incongrue, inusitée à l'époque dans l'hexagone que la vue de ces queues et ces oreilles intactes et pendantes qui insultaient à tous chiens de guerre était abomination pour tout français amateur du Boxer

Et voila encore qu'un autre Maître d’internat possédait une épagneule française. Ou picarde ? Bien possible, mais va savoir, quoique l’épagneul français soit plus roux, et le picard plus gris. Ou l’inverse ?…  Oui, certainement il fut épagneul français, mon Lobo qui avait du feu dans un pelage agrémenté de l’étoile blanche de David sur son poitrail ainsi que sur le bout de ses pattes de boxer-épagneul.
Je me répète ? Tant pis ! 

La bizarrerie en l’affaire résidait surtout dans une particularité d’importance, tous les puristes canins n’en démordront pas : une épagneule picarde est, quoiqu’on se refuse à l'admettre, une épagneule française. Et pourtant, je dis bien qu'en aucun cas l'épagneule picarde ne peut être considérée comme épagneule française. Étrange, me direz-vous ? Pas tant que ça. 
Et pourtant française, la Picardie se trouvant dans le giron de la France. Pardon ? 

Trêve de balivernes et de futilités. Le Boxer aima l’épagneule et, de leur union naquit quatre chiots dont le plus moche, le plus pataud, le plus dormeur fit l’unanimité : personne n’en voulut.
Oui, mais, non : mon Maître d’Internat, Albricius, le gentil Pieds-noirs, faisant fi de toute beauté, allant, race ou classe, le choisit pour une raison d’une absurdité telle, (rappelez-vous que nous étions dans les années 60, années bienheureuses de la liberté sexuelle, enfin, pas pour tous) que c’était le seul mâle de la portée. 
Incompréhensible cet acte piedenoiresque ? Le croyez-vous ? 

Mais alors, pourquoi, bon sang de bonsoir fit-il ce choix quelque peu « misogyne » ? Cela vous inquièterait-il, vous aussi, qu'un mâle soit toujours, même à ce jour, considéré comme supérieur à une femelle, à tout le moins dans la gent canine, même si, et tous s’accorderont en cela, on a encore besoin d’une bonne chienne bien maternelle pour nous donner de bien beaux chiots ? Hein ? Dites-nous encore, mamans !

Vous l’avez donc compris et, n’y revenons pas, Lobo naquit moche, pataud mais, déjà tout petit, par la grâce de son sexe il se fit adopter par ce bon Maître d’Internat, Albricius, lui-même, Pieds-noirs d'origine espagnole. 
Qui aura dit que le sexe ne compte pas pour réussir dans la vie ? Qui ?

Certains, plus finauds que Lobo argueraient, se faisant superbes mesquins :
-En quoi ce sexe animal devrait-il intéresser l'internaute et pourquoi tant s'y appesantir ? 
Nous répondrions, tout aussi ingénument, et en toute mauvaise foi bien servie :
 -Cette histoire aura 53 ans, à ce jour, et cette chose, oui cette chose, convenons-en, présentera toujours un bel intérêt dans quelque histoire que ce soit, à tout le moins pour l’épicer, que dis-je : la pimenter. 
De nos jours, vous-même voyez comme une enfante de la Couronne d’Angleterre, d’Écosse, du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord peut animer toutes conversations de gentle persons et paris stupides in United Kingdom.  Uniquement par cette chose-là.
Bigre de bigre !

 -I beg your pardon, me diriez-vous, en angle-saxe, une fille, toute duchesse de Cambridge qu’elle soit ou non n'en demeure pas moins femelle. C’est pourquoi, chez les angliches (écrit à la française, je veux), toutes questions, même enfantines et royales se débattent dans l'arena.
Pour en revenir à Lobo-roi et à son histoire née du hasard des sexes des belles rencontres canines, ce pur amour chiot espagnolo-franco-anglo-boxer fut  adopté par Albricius et, heureusement personne, pour mon bonheur, n’en voulut.
Attention, toutefois : le choix ne se fit surtout, n’ayons pas peur de nous répéter, que sur bien peu de chose. 

Ah, las, pour tous élèves du collège Cévenol, bon Albricius dut quitter sa Maîtrise pour s'en mieux aller gagner sa vie dans la chaussure de sécurité à Saint Hippolyte du Fort et, ne pouvant prendre le chiot avec lui, le donna à vôtre serviteur qui en tomba raide dingue.

Voyez qu'avec un tel luxe de détails cette histoire ne se peut être pure vue de l'esprit. 

À suivre Lobo, chien-Roi à la pas encore Rivière à Cochon, Lobo aide-éducateur à Morfondé, Lobo en visite au bidon-ville de Nanterre, Lobo cabot d'honneur (caporal) au Service Météo de l'Armée Française, Lobo randonneur en Cévennes, Lobo campeur dans l'Ile de la Bartelasse, au festival d'Avignon. 
NDLR : Ce fut Diogène, le boxer de Gilou qui fut au festival d'Avignon, non Lobo. 

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