mardi 8 mars 2016

Rangez-vous des bagnoles !


Petit conte du 8 mars, journée de la femme. Juste pour prouver qu'un forgeron, c’est bien mais que Maître de Forge est préférable. 

Il était une fois une Citroën C3 qui se disait amoureuse d’un petit Fiat Panda mais qui, se sentant délaissée prit comme amant un Nissan Qashqai plus que campagnard.
Vous me direz : quoi de neuf sous le soleil ? Rien. Quelque temps plus tard, se rendant compte que Qashqai présentait des troubles érectiles en consommant trop de rosé, avec des hoquets dus à une carburation trop riche en alcool, elle se dit que le petit Panda, plus alerte et vigoureux conviendrait mieux à sa gourmande complexion.
La C3 reprit donc le petit Panda 750 et lui jura qu’il était l’amour de sa vie.

Sauf qu’à quelques temps de là, Madame la Citroën C3 se lassa et déclara à petit Panda, l’amour de sa vie, comme elle dit encore si bien, qu’elle n’avait plus le même allant vers lui et que, compte tenu de son bon appétit à satisfaire impérieusement, il serait bon de ne plus se voir.

Le petit Fiat Panda alla surfer sur un site de rencontre et fit connaissance d’une gentille Renault. Mais, les choses étant ce qu’elles sont, la Citroën C3 qui, par extraordinaire le sachant, harcela Panda et lui déclara que les feux de l’amour avaient repris.
Le petit Panda filait à nouveau le parfait amour avec sa Citroën C3 mais, hic il y avait :
-Enferme-toi chez-moi et n’ouvre à personne, mon chéri. Ce que le petit Panda oublia. Toc, toc, toc. Il ouvrit la porte. Ciel… L’autre, tout sourire d’être accueilli aussitôt par ce qu’il croyait sa belle C3, ne vit qu'un visage moustachu :
-Bonjour, Monsieur Qashqai, comment allez-vous ?
-Pas bien, fut la seule réponse reçue, ce qui se conçoit aisément.
Ma gentille Citroën C3, pour rassurer le gros véhicule pataud, lui avait expliqué qu’habitant à quelques kilomètres, Panda se trouvait at home pour travailler et qu’il n’y avait rien entre elle et le vigoureux Panda. Tu parles. D’un autre côté, comme me le fait justement remarquer Américo, ta Panda, c’est une fourgonnette alors, si ta C3 explique que vos relations sexuelles ne ressortent que d’une liaison commerciale, pourquoi pas ? Exact. Je n’y avais pas pensé.

Moi, par amour et pour complaire à ma belle Citroën C3, j’avais décidé que je rompais toutes relations avec Madame Renault dès ce week-end. Mais, ma Citroën de dulcinée l’oublia.
Le samedi, vers 20h15, près du domicile de ma belle, je téléphonais :
-Je suis en panne. Un pote me ramène. Je serai là dans 10 minutes.
Ceci n’était pas vrai. J’attendis dans le noir et je vis ma belle C3 se découper dans la lumière et se pencher, inquiète, pour observer dans la rue. Rebelote quelques instants plus tard, puis je la revis encore avec un type que je ne connaissais pas apparaître à la fenêtre et se pencher. On m’avait bien parlé de Monsieur Mercédès, un amant potentiel. Par contre, ce n’était pas Qashqai qui montrait son vilain museau, puisque je le connaissais bien.

Moi, Panda, j'attendis une dizaine de minutes dans le noir espérant voir des lumières s'allumer et sortir Mercédès. Rien. Tout était sombre dans le couloir, mais on pouvait l'emprunter en catimini pour une autre sortie, par les caves, vers une autre rue sans rien éclairer. En cas d'extrême danger, ma dulcinée, heureuse propriétaire de plusieurs appartements vides pouvait cacher au moins deux amants sans qu'ils ne puissent se rencontrer, ou que son troisième drôlet n'ait des inquiétudes sur son bonheur.

Monsieur Panda, l’aimé entra chez sa dulcinée et sa Madame Citroën C3 l’accueillit comme seule une parfaite amoureuse... pardon, comme une parfaite coquine sait faire.
-Comment s’est passée ta journée ?
-Oh, bien, mais je me suis ennuyée.
Tu parles, puisque de la Mercédès personne ne pipa mot, chacun ayant ses raisons.

Le dimanche, Monsieur Qashqai téléphona pour se plaindre. Il voulait venir lundi passer la soirée (et la nuit) chez ma belle. Elle me demandait de laisser la place libre pour le lendemain. Je la trouvais fort de café.
-C’est quoi cette histoire de merde ? Il te chatoune, il te tire ? Il ne peut pas dormir chez-lui à 13 km de là. Faut lui tenir la main ?
Et bien, non. Et je ne pouvais pas comprendre. C’est mon faire-valoir*, me disait ma belle C3 bleue. Il n’y a rien entre eux. Elle dormait sur le canapé, lui, dans mes draps. Coquine, va…

*Par faire valoir, entendez : qui aplanirait toutes difficultés financières, Qasquai n'étant pas gêné aux entournures. C3, oui. Il n'empêche que le passage du pataud véhicule au contrôle technique le contraignait à des soins, comme de se faire piquer, ponctionner même au moins une fois par semaine au domicile de son infirmière préférée. Enfin, à ce que j'ai cru comprendre de C3 qui s'est confessée à une amie commune : l'argent primant l'amour. Mais, attention : pour la première et dernière fois, une confession. Que l'on se rassure ! 
Mon amie lui a demandé de faire attention car à tant cavaler, et à force de prendre des cachets pour contrecarrer les bouffées de chaleur de sa ménopause elle risquait de se faire mettre en cloque. Enceinte, pourquoi pas ? Mais sans savoir qui est le père ? Ses vieux parents n'apprécieraient pas. 
Quant à moi, malgré tout ce que l'on pourra penser de moi au Vigan, et sans exiger de test de paternité, j'assumerai la garde conjointe du petit, ou de la petite qui aura bien besoin d'être fier de sa maman. 

Lundi matin, 7 heures, l’heure de tous les dangers. Je partais pour chez-moi faire de la photo argentique et du travail de traduction. Bisous amoureux, puis :
-Samedi à 20h30, qui était le type qui s’est penché à la fenêtre avec toi ?
-Mais, il n’y avait personne.
-Ah, oui. A 40 mètres, je ne vois rien ? Un photographe aveugle ? Ce n’était pas Quashqai, je l’aurais reconnu, vilain comme il est. C’était qui ?
-Mais, il n’y avait personne.
-Tu peux le jurer ? Impossible ! Moi, je jure sur la tête de ma fille que j’ai vu un type en noir bien habillé et, si c’était Qashqai, tu me l’aurais dit. C’est donc de Mercédès qu’il s’agit. Tu jures sur quoi ?
-Tu me prends pour Messaline ? Si tu ne me crois pas, il n’y a plus rien entre nous !
Tiens, curieux qu'elle connaisse cette femme-là. Avec le peu de culture qu'elle possède, ce qui n'est pas un reproche, la belle, et surtout qu'elle entraîne cette traînée dans notre dispute amoureuse, comme si elle la connaissait bien. Un de ses modèles ? Va savoir.

-Ecoute, ma belle, le type c’est monsieur Mercédès noire, celui qui t’offre des fleurs, t’embrasse sur la calandre, te met la main au pare-choc arrière et te la glisse dans l'essieu quand tu montes avec lui en voiture. Pas vrai ? Tu lui auras dit, à lui, que j'étais ton mec et que jaloux, violent, fallait pas que je sois au courant de votre relation, et qu'il se cache. On parie ?
Pas de réponse. Evidemment, je lui en bouchais un coin. Mes informations ? Oh, vilaine, plus on se cache et plus on se fait démasquer.

Un de mes copains me disait que ma belle, c’était un forgeron : toujours deux fers au feu.
Moi ? Je pense qu’elle a préféré se faire maître, Maître de Forge avec trois fers au feu. Quatre ? Je n’en mettrai pas ma main ni au feu, ni à couper, quoique lorsqu’on a de l’appétit et de la santé comme elle, on ose tout… Curieusement, Madame ma belle C3 me prend pour un bleu en affirmant que je me trompe et qu’elle n’aime que moi. Que mes amis se rassurent : elle n’a jamais fait que mentir à tous.

Ce soir, au lit elle regarde « Plus belle la vie » avec Casimir Quasqai. Horreur, dans mes draps ! Ensemble couchés, peut-on imaginer ? Soit-disant, comme elle me le dit si bien :  
-Il n’arrive plus à bander*, tu ne risques rien
Moi non plus, cette histoire ne me fait pas bander. Pas belle la vie ?

*Pour constater des duretés en ces choses-là, encore faut-il que ma'ame C3 mette du coeur à l'ouvrage et la main à la pâte pour l'amener à durcissement minimum, me souffle ce diablotin de Pierrot, Même que parfois, plus tu t'escrimes, moins ça vient. 
Pierrot, quand tu auras fini de vouloir nous faire rire, tu le diras. T'es pas marrant, non !

Chère C3, j'oubliais de le rappeler mais, si tu te sentais visée par mon petit conte, libre à toi et ainsi tu bénéficierais d'un droit de réponse dans le cadre de la loi, en signant ton pensum. Toutefois, je ne te le conseille pas car ce serait à tes risque et péril sachant que je détiens toujours une jolie lettre de Monsieur Qashqai qui te contredit, un écrit tant salace qu'il ferait rougir DSK et qui, en hommage à la chanson de Brassens commence ainsi :
"Ma chère Fernande" et se poursuit par : "tu es la seule qui me fait bander".  Comprends pourquoi lorsque tu héberges ton bourrin, je ne puisse te faire confiance. D'un autre côté, si ça lui fait du bien... pourquoi pas ? Tu fais malgré tout oeuvre utile. Sois en fière !
Avec toutes mes amitiés. Gilles.

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