dimanche 22 mai 2016

Chanson à boire à l’amitié


La belle chanson à boire que nous avions commencé à entonner, que je vous l’apprenne

"A la tienne Etienne, à la tienne mon vieux,
Sans toutes nos femmes nous serions tous des frères !
A la tienne Etienne, à la tienne mon vieux,
Sans toutes nos femmes nous serions tous heureux !"

Oh, et qui ne connaît une autre chanson à sacrifier à l'amitié?

"Boire un petit coup c'est agréable,
Boire un petit coup, c'est doux,
Mais il ne faut pas rouler dessous la table
Boire un petit coup c'est agré-a-a-ble, 
Boire un petit coup, c'est doux." 

Deuxième couplet que nous signalons au passage car depuis peu, tout comme les Crèches de Noël il s'est fait interdire d'espace publique, laïcité bien comprise oblige à moins de remplacer le jambon par le mouton bien plus correct. Quant à la saucisse, on cherche encore. Certains chantent le saucisson hallal. Soit, mais la rime n'y retrouve pas son compte :

"J'aime le jambon et la saucisse,
J'aime le jambon, c'est bon
Mais je préfère mieux le lait de ma nourrice,
J'aime le jambon et la sauci-i-sse,
J'aime le jambon quand il est bon !

Voyez que même nos anciens avaient prévu le coup en remplaçant le cochon par le lait, prudence étant mère de sûreté et de tranquillité. 

Libre aux puristes de la chanson françaises de s’insurger en constatant que j’ai légèrement transformé la chanson pour Etienne tout en me rendant justice car j’en ai conservé le sens premier.
Mesdames, vous qui connaissez la musique et voudriez prendre ombrage de cet hymne à l’amitié qui ne fait, en somme qu’assener une vérité première, que ce soit dans cette version ou dans ses originales, je tiens à vous rassurer : comme toute antienne vigoureuse de corps de garde d'armée ou de carabins, les paroles, par leur simplicité touchante se retiennent facilement et peu importe le sens. Appréciez surtout les voix de teneur et de basse, les plus belles car contenant plus d’harmoniques que celles des femmes qui, entonnées à gorge déployée par tous vos hommes à l’unisson ne peuvent que vous émouvoir. Et, le chant ne rend-t-il pas heureux ?

Mais, pourquoi cette chanson à boire plaît-elle tant aux hommes ? Oh, tout simplement pour hurler son bonheur d’être entre soi, et surtout sans les femmes. Et pourquoi cela ? Mais, en grosse et belle bande joyeusement grossière, pouvoir s’ivrogner grièvement en toute tranquillité jusqu'à rouler dessous la table, une fois n’est pas coutume sachant que leurs dames heureusement absentes ne feront pas les gros yeux et ne donneront pas de la voix pour rappeler que le couple existe en arguant que l’amour primerait l’amitié. Peut-on ainsi constater que les dames n’apprécient pas du tout, mais alors-là par du tout et encore moins les performances viriles ? On le peut !
Mais, pour les hommes cette absence inespérée de leurs compagnes leur est indispensable à cette liesse arrosée comme il se doit sans être jugé, et surtout pas par leurs femmes, l’amitié entre hommes a de ces obligations que le cœur peut comprendre. Mais que les femmes ne pourront jamais encaisser.

D’autres compagnes pensent faussement que leur mari, ivrogne de naissance profiterait de l’excuse de l’amitié pour multiplier les agapes. Peut-être ne biberonneraient-t-ils que depuis leurs obligations militaires ou les fêtes votives de leurs 16-20 ans ? Elles ne savent, n’ayant rencontré leur chéri qu’à l’occasion du bal de Prat Coustal l’été 76 où il a fait si chaud… non, c’était à la fête de Bréau, début Août de la même année.

Certaines cherchent encore ou pourrait bien se situer leur histoire d’amour au milieu de cette ola de coudes levés à la santé du poivrot qui s’accompagne toujours de braillards avinés, et nous ne savons comment les rassurer. Parce que la chanson, elles la connaissent bien et, par purisme il nous faudra bien remettre les garces à leur place pour retrouver la chanson originale. Ecoutez la version A :
"Sans toutes ces garces nous serions tous des frères" et nous finirions par :
"Sans toutes ces garces nous serions tous heureux".
La vérité m'oblige toutefois à vous signaler la version B que certains hommes préfèrent et qui remplace "toutes ces garce" par "ces garces de femmes" plus misogyne.
Dans les versions A et B, le ou les auteurs suggèrent bien fortement une entrave au bonheur des hommes. Je vous laisse deviner laquelle et, entre toutes les femmes et ces garces de femmes, le message de la chanson en aurait-il été bonifié ? Peut-être bien possible, mais si peu.
- Tous les mêmes. Ça, des amis, les amis de ton mari, Simone ? Et du mien ? Que des poivrots. Pas besoin de se le demander. Oui, mon homme aussi…

- Mais, non, des imbéciles heureux voudrait la rassurer Simone, c’est une très ancienne chanson française qui exprime l’amitié par la boisson et dans laquelle garce n’est que le féminin de gars. N’y vois pas mal.
Bravo, Sylvie, ton homme aussi use de la langue de Molière. Moralité ? Nos compagnons d’aujourd’hui retarderaient en restant vieille France, à moins que notre belle langue, en évoluant dans le temps ait pu transformer toutes les femmes en de belles garces. Oui, belles, entendez bien, galanterie oblige
- C’est ton mari qui te l’as expliqué ? Ma pauvre amie, que tu acceptes d’être une garce pour lui, libre à toi. Pas moi ! Et ton chéri qui se moque de toi. Eh, oui, Simone. Une belle garce. Demande à ton mari quand il sera en colère, si jamais ça lui arrivait. Demande toujours.

Et que dire de l’ami du couple, encore que nous puissions douter fort que cela puisse exister, ne serait-t-il que cet intrus souvent de trop entre les chéris ? Si en plus il pousse votre conjoint à boire comme un trou, et si c’est à ça que sert l’amitié, vous avez  de justes raisons de vouloir écarter ce fâcheux, mesdames. Mais, s’il vous plaît, faites-le avec tact. Merci pour lui et pour nous.

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