mardi 24 septembre 2013

Una storia importante - 2


Les jours, les mois et les années passent. Nous habitons, ma mère et moi, à Vincennes, 53 rue du Plateau, dans un petit immeuble bourgeois du XVIIIème siècle au deuxième étage, pas très loin du château.

Malgré son travail dans une usine de bonbons qui lui prend beaucoup de temps, l’appartement est propre et bien entretenu et, toujours lorsqu’elle est présente, une odeur agréable envahit la maison : c’est le parfum de ma mère. Un parfum que je n’oublierai jamais.
Il y a du parquet en chêne dans le salon, la chambre et le couloir et, quand on marche dessus, les grincement, la nuit me font peur. La lumière est diffusée par des appliques alimentées au gaz mais cela pue et ma mère en a peur.

Dans la rue, des artisans font leur publicité en criant «de l’eau, de l’eau» pour le porteur d’eau, ou encore «vitrier» pour d’autres.

De temps en temps, je fais des séjours instructifs chez ma grand-mère qui habite à deux pâtés de maisons. Elle m’emmène faire une ballade au Bois voir les manèges des chevaux de bois, plus loin applaudir Guignol,  et parfois courir dans les tas de feuilles mortes entassées par les cantonniers. Elle me promène aussi sur les quais de la Marne voir les bateaux.
Je me rappelle qu’un jour de mai 1931, il y avait beaucoup de monde dans le Bois de Vincennes.
-A cause de l’inauguration de la reconstitution du temple d’Angkor par le Président Gaston Doumergue à l’exposition coloniale, me dit ma grand-mère, bravo, les gars !!!

Mon futur beau-père, Philippe W., un marin belge ancien de la marine marchande, vient d’échouer dans le quartier et, ma mère, bonne poire, le recueille. Il habitera avec nous pendant plusieurs années. Dommage que je sois obligé de partager maman.

J’ai trois ans, je suis grand maintenant, j’ai un petit frère qui s’appelle William, j’aime bien ce prénom et, plus tard, peut-être si j’ai un fils ?... On s’amuse bien tous les deux. Merci beau-papa!
Pendant ce temps, dans le monde…
30 JANVIER 1933, un certain Adolphe Hitler devient Chancelier du Reich,
3 JUIN 1935, la paquebot Normandie conquiert le ruban bleu, record de rapidité pour la traversée de l’Atlantique,
et sortie d’un coupé sport, l’Hispano-Suiza J12.

J’ai 6 ans, je suis encore plus grand, chouette. Mon beau-père me traîne dans des réunions communistes, à la Mairie de Montreuil. Les gens sont tous habillés de rouge et s’appellent tous «Camarade». J’aimerais pas être leur copain parce qu’ils disent que des bêtises de grands, c’est pas drôle.

Le matelot belge est souvent absent, et c’est tant mieux parce parfois, il me frappe. Il ne peut pas comprendre que j’ai du mal à marcher, mes jambes me font mal à cause d’une maladie que j’ai eu étant bébé. Il passe la plupart du temps avec ses camarades en rouge dans les manifestations politiques et, quand le soir arrive, il rentre, mange et repart avec mon frère je ne sais où, me laissant avec ma mère de plus en plus faible.

Nous n’avons pas grand-chose à manger par ces temps qui courent. Les repas se font rares. Les jours de gala, nous avons droit à «la panade»… Recette pour trois personnes : prendre un bol de lait et y ajouter, préalablement découpés en petits dés, des morceaux de vieux pain récupéré par-ci, par-là, servez, c’est prêt. Et çà remplit l’estomac.

Pendant ce temps dans le monde…
Mort de l’aviateur Louis Blériot.
13 JUILLET 1936, début de la guerre civile en Espagne.

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