dimanche 12 février 2017

Une belle journée de merde - 1


Triste texte, ma Julie mais je ne savais que t'offrir comme cadeau pour ton anniversaire à la Saint Valentin. Avant l'heure ? Soit, fifille, mais un cadeau de pôpâ ne se refuse pas ! Allez, on rigole, fillette surtout lorsque l'on se rappelle que la Saint Valentin est avant tout la fête des amoureux. Messieurs les psychanalystes, tous à votre tambouille fumeuse !
Et dire que j'avais choisi cette date pour l'accouchement de ta mère. Tu le vois bien, Julie que papa avait déjà la tête dans les nuages. Et même, si j'avais su, aurais-je retardé ta naissance, tiens le 15, le même jour que celui de mon amie Yvette ? Non, trop pressé que j'étais de découvrir ta jolie petite frimousse. Et c'est mieux ainsi car, à la Saint Valentin tu te rappelleras à mon bon souvenir et, qu'ainsi je n'oublierai pas de fêter Yvette. Julie, je demanderai à ma copine de te remercier. Contente ? Je veux, oui.

Et, voila que hier, couché trop tôt, je savais me préparer un mauvais réveil, mais pas à 4 heures du mat. Etonnant parce que je n'avais pas envie de pisser comme tous les jours à 3h15. Et, plus moyen de se rendormir surtout quant te tient cette envie de rien. Si encore c'était celle de pisser, tu accepterais ce réveil matinal inutile.
Et plus de cigarettes pour m'accompagner car, hier matin j'avais décidé d’arrêter de fumer. Définitivement ? Evidemment que ça l'est toujours. Et moi qui voulais te l'annoncer le 14, dommage !

Allez, un bon café à la Georges Clooney. Ne restent que trois capsules. A garder pour les amis, la moindre des choses. Et puis la machine fait un de ces boucans, déjà que tu ne tires plus la chasse d’eau le soir pour ne pas importuner les voisins.
Un bon bol de café-chicorée de la marque U ? Avec du lait.

Alors, ne reste qu'à zapper à la télé. Et puis tu t’endors et te réveilles dessus à huit heures. Ça t'énerve. Tu l’éteins. Et ton épaule gauche qui te lancine en permanence. Un tendon cassé depuis bientôt quatre ans, le temps étant à la pluie. Tu aères et te mets en peignoir bleu-marine sur ton balcon. La rue est mouillée. Il ne pleuvra que vers onze heures, tu le sais. Un autre bol de café-chicorée au lait, même marque de Super U. Ou de Lidl ? Pas meilleur.
Tu places un sachet de Kadégic sur la table pour ne pas l’oublier tout à l’heure. Une douche bien chaude. Un nouveau petit hématome sur ton bras gauche. Tu ne te rappelles pas t’être cogné. Pas de Kardégic ni de pull ce matin, il ne fait pas froid.
Tu prends ta guitare préférée, celle qui te tombe sous la main. Il est 8h30. L'ampli pas trop fort, et voila que tu redécouvre ta Stagg Télécaster et ses accents de guitare folk. Un manche du tonnerre, rapide. Un blues pour chanter la tristesse, et ça c'est bon ! Aujourd'hui, je me sens seul. 

U
ne belle journée de merde ? Tu tentes de ne pas t'en persuader, même si tu n'as pas envie de sortir. Dans l’armoire, un survêtement de jogging ? Avec sa capuche. Tiens, celui marqué Australia que t’a offert Anne-Marie. A mettre ce lundi pour la récupérer à Fréjorgues. Elle revient de l’enfer sur terre avec plus de 40° à l’ombre.

Quel jour sommes-nous ? Hier, samedi parce que tu as arrêté de fumer donc. Tu aurais pu attendre lundi. Pour ce dimanche ce sera une belle journée de merde. Pas possible autrement. Neuf heures. Allons au centre-ville pour un café. Plus le Midi-Libre et le Parisien. Tu croises le Jeanne d’Arc avec quinze euro dans ton portefeuille. Un Winfield de trente cigarettes à 9,75 te tenterait bien. Des australiennes. Non pas, et au large, moussaillon car tu te rappelles que tu ne fumes plus. Tu tiendras.
Te voilà arrivé sur le Quai. Maussade aussi ? Il est toujours tristounet, et mouillé ce jour.

Personne sur la place. Ah, si : deux connaissances arrêtées qui discutent, l’un avec le pain frais du dimanche matin. Une baguette. Tu les salue de la tête.
Aux Cévennes, quelques consommateurs habituels attablés en groupe en coin de terrasse sous le grand auvent. Des fumeurs. Ils t’ignorent depuis toujours. Poliment tu leur rends la pareille.
Ah, non ! Une bonne surprise, là assise seule près de l’entrée, un capucino qui refroidit et une cigarette pas encore allumée… Seule ? Merci mon Dieu ! Des sourires échangés, elle avec les yeux rougis, moi triste mais heureux de la rencontre. Les larmes l’embellissent. J’aime bien.
-Je vous offre une cigarette ? J'avais pourtant payé 80 euro pour arrêter.
-Volontiers.
Faut quand même être con de fumer à nouveau, tout ça pour le plaisir d'être à sa table.

Tiens, elle se rappelle les cigarettes que je lui avais tapées il y a peu. Mauvaise idée mais bonne entrée en matière en toute forme d'invite, ce "Je vous offre une cigarette ?" Faut dire aussi qu'elle s'était amusée des horreurs que j’avais osées lui sortir. Elle me remettait, bravo Gilou. Une de mes techniques pour qu’on se rappelle de moi. Encore la preuve que ça marche. La deuxième fois que je la rencontre.
Mais, elle me vouvoie. Par respect ? J'aimerais mieux ça, je ne suis pas si vieux. J'allumais la cigarette offerte :
-J'avais aussi arrêté de fumer... attends-moi, je vais au bureau de tabac et je reviens.
Et c'était reparti pour un tour. Par sa gentillesse, et nos solitudes je me préparais une belle journée de merde. Oui, mais non car j'éprouvais enfin que les bonnes résolutions sont parfois un frein au savoir vivre. Pour la santé, on verra plus tard. Et, à mon grand âge...  

-Votre prénom, c’est bien Julien ?
-Mauvaise pioche, Thérèse. Moi, pour me rappeler ton prénom, suffit que je pense à Mère Thérésa et à toute la misère du monde. Moi, je me comparais aux géants, et donc…
-C’est vrai que vous êtes grand… mais, mère Thérésa, ce n’est pas moi ! Pourquoi pas l’abbé Pierre tant qu'à y être.
-Impossible. Mais, comment te rappeler mon prénom ? Simple… pour Ivan, ce serait le Terrible, celui de toutes les Russies. Et ça marche. Donc, les géants du Nord, les Gilles. Plus l’expression : « arrête de faire le gille ». Marrant, non ? Et, voilà mon prénom. 

Ensuite, nous avons discuté des bobos de la dame. A pleurer. Puis, elle a commencé à en rire :
-Merci, Gilles. Je sais maintenant que j’aurai un beau dimanche.
-Peut-être pas tant que moi.
-Tiens, les cloches de l'église. Elles sonnent bien longtemps...
-Oui, pour me rappeler qu'il faudrait que j'aille y mater nos belles paroissiennes.
-N'importe quoi. Tu.. vous n'êtes jamais sérieux. Tiens, je n'y aurais pas pensé.
Moi, si mais je n'ai pas voulu lui rappeler que je n'étais qu'un homme, mais un homme toujours sérieux surtout dans ses plaisanteries qui n'en sont jamais tout à fait. Point trop n'en faut. 
-Mais, non. Ne prends pas ça au sérieux. Mais, ça t'amuse, et moi j'aime bien ! 

Ensuite ? J'expliquais que le bistrot me permettait de savoir qui éviter. Tiens, regarde les gens qui me fuient ou me saluent en entrant. On me connaît bien au Vigan sauf que tous ceux qui m'évitent ne savent pas pourquoi. Des jaloux de mon immense talents ? A n'en point douter. Rires.
-Vous poussez. Au fait, connaissez-vous une autre curiosité du Vigan, son anagramme : Vagin ? Etonnant ! 
-Ouah ! ça me donne des idées d’écriture mais, arrête de me vouvoyer, tu me vieillis ! Pas gentil.
-Moi, j’ai 52 ans. Quel âge as-tu ?
-Le réel, celui que je me donne ou qu’on me donne ?
-Celui qui te plairait. Ça m’ira.
-Vaut mieux. 62 ans. Non, 17 ans dans la tête et plein de conneries à faire. Et toujours une peur bleue de la mort. Comme avant. Et de ma vie, et ignorer comment amener une fille qui me plaît au lit. Et encore moins comment m’y prendre si, par hasard si elle y tombait toute crue. Toute nue de préférence ? C'est comme on veut !
Je la faisais se gondoler. J'en fus tout ému, heureux de mon dimanche.

-Ça, on ne dira pas que le lit n'est pas le seul souci des hommes. Rassure-toi car, même ceux qui ont des facilités avec les femmes demeureront toujours incertains sur les moyens pour parvenir à leurs fins ! Et cette inquiétude rend le jeu de la séduction toujours si prenant. Et les hommes encore plus touchants.

Etais-je touchant ? J'espérais mais, attention car faudra taire cette rencontre à Américo. Il me gâcherait cette journée, surtout que ton cadeau, Julie je commence à le kiffer !

Suite et fin au prochain épisode.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire