mardi 14 février 2017

Une belle journée de merde. Fin.

 
Comme un abruti, j’avais complètement oublié avoir prêté un ordinateur portable à Américo et qu’il surveillait le blog. Oh, il a fait semblant de ne pas être au courant de ma rencontre avec Thérèse. Or, ce lundi matin, 8 heures, dans la rue en bas de chez-moi, et en grande discussion avec Pierrot, il lève la tête, me hèle :
-Oh, mon vilain, tu paies le café ?
Et voila nos deux compères montant l'escalier, Pierrot ahanant comme un bœuf. Pas l'habitude de monter son poids à un deuxième.
-Ça va, Pierrot ? Longtemps qu'on ne s'est vu ! Un café ?
-Pas pour moi. Mon cœur. Attends un peu que je souffle.

Américo passe à la machine à café. Un serré pour lui, un normal pour moi. Oui, un sucre.
-Tu as fais quoi, hier ? Tu t'es baladé avec Yvette ? Plutôt la messe.
-Rien de tout ça. Tu sais bien que je déprime un chouia. Non, juste un café et les journaux aux Cévennes. Pas vu beaucoup de monde... Ah, si ! Juste blagué avec Antoine (faux parce qu'après s'être salués il s'est tiré vite fait bien fait, vu que j’étais occupé), causé longuement avec André-Charles, Martine, et Marcel (c’est exact, mais seules quelques brèves plaisanteries échangées). Après ? Je comptais faire des courses à Super U, mais la flegme, alors je suis rentré mettre au lit mon ordi... Et si j’ai mangé à midi? Non, pas faim. L'après-midi ? Juste un demi aux Cévennes en pensant y retrouver Yvette. Un dimanche normal, quoi !

Mais, Américo ne peut se contraindre…
-Au fait, la Saint Valentin est aussi l’anniversaire de Julie. Tu vas la voir ?
-Un gros bisou de ma part ! Pierrot s'était levé pour le tour du propriétaire : Ça commence à venir. Bien, ces meubles de rangement. Tu les as fabriqués toi-même ? Je me disais aussi... Coloniser les hauteurs quand on manque de place au sol, pas bête. Tu disais 40 mètres carrés, pas plus ? Et le lit surélevé pour y glisser des cartons, bien, bien... Et c'est propre, ça nous change. Dommage que tu sois toujours aussi bordélique. Américo avait raison : tu as accroché trop de tableaux et de photos dans la première pièce. Une salle d'exposition mais un appartement d'artiste, j'aime bien. Et ta Télécaster, réparée ? Je ne la vois pas.
Je décidais que Pierrot avait bon goût, et pas que pour réparer les vieux vélos mais qu'il faisait la paire avec Américo. 

-Le temple, je ne dis pas mais tu aurais pu aller à la messe pour ne pas t'emmerder ce dimanche. T'as prévu quoi pour l'anniversaire de Julie, lui offrir une guitare ?
Américo ? Quand il voit un clou, il ne peut s'empêcher de taper dessus. Le temple, la messe, la guitare pour l’anniversaire de Julie, tout était planifié. Et pour finir :
-J’ai beaucoup apprécié ton dernier texte.
-Celui de Trump et des moules ?
-Non, le dernier. Pierrot, tu veux connaître le cadeau de Julie ? 
-Américo, pas sûr que Thérèse soit pour Juju. Pour papa, oui !
Et, allez donc ! Je vous disais bien qu’Américo me pourrirait la vie. Et Pierrot qui s'y mettait.

-Pierrot, on parie qu'il lui a dit qu'il aimait être vu avec une belle nana ?
-Et l'autre qui minaudera : Vous trouvez donc que je suis belle ?
-Et le Gilou : Il me semble mais, pour me rassurer, je compte sur tous les malotrus qui m’évitent soigneusement mais, quand je suis attablé avec une belle nana viennent me saluer chaleureusement...
-Attends, Américo, vicieux comme il est le Gilou, sûr qu'il rajoute : ... et les femmes qui ont les même penchant que moi et qui m'évitaient viennent, en me saluant jauger de la marchandise... Bravo, mon coquin.

-Oui, oui, Pierrot. Et je le sens bien continuer comma ça : Tenez, le type qui vient de rentrer dans le bar ? Et ce regard vicieux bien appuyé qu'il a porté sur vous quand il m'a serré la main ? Donc, Thérèse, êtes-vous belle ? Oui, Thérèse, et attirante, et vous plaisez à ce monsieur.

-Vous avez terminé ? Venir chez moi de bon matin, boire ce bon café que je ne réserve qu'à mes amis, puis vous moquer, merci. C'était bien la peine de vous pointer. Tiens, Pierrot garde ton souffle pour redescendre. Je te rappelle les deux étages. Américo, passe devant dans l'escalier. Et toi, Pierrot, fais moi ce plaisir de rater une marche et d'écraser cet abruti sous ton poids. Il ne mérite pas mieux.  

Américo, encore lui, sur le pallier :
-D'accord, belle jusqu'à preuve du contraire. Et tu la revois quand ?  Tu la présenteras ?
J'avais envie de lui répondre  que je la rejoindrai ce soir, à l'hôtel du Commerce mais, si savoir tourner des histoires est une chose, mentir à un ami en est une autre : 

-Jamais. C'est une bonne sœur, une religieuse... Mais si, Américo, je te jure ! C'est elle qui me l'a dit. Mais, non ! Ce n'est pas mon fantasme. Je t'assure. Son vrai nom ? Sœur Thérèse. Elle vient deux fois par an dans sa maison familiale située vers Blandas.

Je n'ai pas voulu dire à Américo que, lorsque les cloches ont sonné et que j'avouais à ma sœur que j'étais protestant, elle a demandé comment je comprenais la Création de la femme. Moi :
-Dieu prit une côte d'Adam et fit d'Eve une aide qui lui serait assortie. 
-C'est une image. Pas vrai ? Cette côte manquerait-elle encore à l'homme ? Ce n'est pas le cas et cela ne vous gêne pas pour demeurer croyant, n'est-ce pas ?
Elle tira une grosse Bible de son sac, l'ouvrit à la Genèse I-24 :

Elle : -Une image. Dans le "Second récit de la création", voyez : "C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair". Une seule chair !
Moi : -Oui, et une aide, mais plus que ça. Montrez-voir votre Bible. Là, à "La Chute", fin du verset 16 : "Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi".
Elle : -D'accord, mais vous vous appuyez trop sur le "Second récit de la création", aussi, revenons au "Premier", verset 27 : "Dieu créa l'homme à son image, A l'image de Dieu il le créa, Homme et femme il les créa". Créés ensemble, non ?
Moi : -Philippe m'en avait déjà touché un mot, mais je n'avais pas vérifié. Donc, pour vous le Premier récit de la Création primerait le Second ?
-Sans doute car, dans le Second récit Dieu parle d'amour, d'attachement et ce "lui dominera sur toi" ne voudra signifier qu'une chose, à savoir que l'homme sera, en général plus grand que sa femme. Point barre.
Mince, une catholique qui enseignait la Bible à un protestant à la terrasse d'un bistrot, et le jour du Seigneur... on aura tout vu.

Et, maintenant voici ton cadeau, Julie. Il t'est offert par Thérèse : 
 -Vous êtes berbère ? Cela vous intéressera. Relisez l'histoire d'Abraham, Chapitre II de la Genèse qui explique pourquoi juifs et arabes sont des frères, pas des cousins et qu'Ismaël finira par s'établir en face de ses frères. S'établir en parlant de construire sa maison...
Ce dimanche n'était plus une belle journée de merde. Merci Thérèse. Et merci Julie.

  

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