mercredi 21 mai 2014

Guichet 17. Air France*


Auteur inconnu.... Qui a dit chauvin !?
Dessin : auteur inconnu. 
-Qui  a dit chauvin !? (R&B).
 
Le voyage d’Anne-Marie sera long. Nous prions pour elle et, elle-même espère qu’il sera plein de bénédiction et ne soit pas le dernier.
 Pardon Anna-Maria, c’est de cet humour berbère...
- Maria, à ton prochain départ pour l’Australie, je t’emmène. Pas en Australie, Anna : à l’aéroport ! Trois mois plus tard, une très vilaine personne…
- Ton ancienne compagne se propose. Excuse-moi. Puis, quelques jours avant le départ :
- Gilles, tu m’avais dit que tu pourrais m’emmener à l’aéroport de Montpellier… oui, elle est malade.
- Ben voyons, Anne-Marie, la méchanceté rend malade. Rassure-toi. Ton Grouchy, toujours en réserve d'armée sur sa Fiat Panda, marche au son du canon. Buonaparte, here we are !
L’avion prévu à 15h20, à 80 km du Vigan, Anne fixe notre départ du Vigan à 10 heures car, « on ne sait jamais ».
- Tu ne prendrais pas un café et un croissant ? D’accord. Saint Bauzile le Putois, arrêt et on déguste.

A Montpellier, au Jardin du Peyrou, circulation plus bordélique que jamais. Et qui connaît Montpeul sait de quoi je parle. Paraîtrait que la bonne ville aurait le sens des interdits tout tourneboulé. Normal, c’est Montpellier la chamboulée, notre jeune fofolle qui n’a jamais su raisonner en ses voies de circulation. 

Une policière municipale, on se demande bien pourquoi, nous dirige sur la Préfecture et la Comédie, toutes les rues adjacentes bloquées par des bittes. Une demi-heure plus tard, retour sous l’Arc de Triomphe de Louis XIV pour dégager à la va-comme-je-te-pousse. Mais, ainsi s'écoule la vie qui finit toujours par retrouver ses petits.
Arrivée vers midi à  l’aéro pour l’apéro. Trop tôt.
- On va à Palavas-les-Flots voir la mer et mourir, Anne ?
- Si tu veux, et allons déjeuner avant. C’est moi qui régale. Je veux. Et je t’ai laissé une enveloppe.
- Merci. Trop, je garde et si pas assez, je ne réclamerai pas. Ça te va ?

Temps très couvert, vent à décorner tous les taureaux de Camargue. Un seul paddle-man sur sa planche n’arrive pas à décoller des rouleaux de la plage. Anna-Maria fait son anglaise :
- On lui dit que la mer est démontée ou on ne lui dit pas pour qu’il se noie, là, devant nous ?
Nous sommes à Palavas, la mal nommée, en immense étendue de maisons qui vous cachent partout les flots. Espérons quelque aménagement climatique pour noyer les maisons du rivage et nous dégager la mer, couleur vert-de-gris… Oui, mais Port-Mariane serait alors véritablement port de mer.
La froidure mord bien fort. On supporte le manteau d’hiver en ce jour de printemps tristounet. 

- Ta petite voiture ferme à clé ? Avec un cadenas ? C’est bien pour ma valise.
Et nous voila installé dans un petit restaurant agréable et, ce qui ne gâche rien, avec des toilettes impeccables, luxe si français que nous envient les étrangers. Quant aux contrôles sanitaires, n’en demandez pas trop aux fonctionnaires qui s’en lavent les mains de toute cette saleté d’horribles bistrots et gargotes de nôtre France si touristique. Rien que de suggérer ces endroits innommables, cela te le coupe. Tiens, en parlant d’appétit…

- Vous prendrez un apéritif ? Je veux, oui !
- Cette nuit, vers 3 heures du matin, je ne dormais pas. Le téléphone me fait sursauter. C’est un de mes petit fils qui avait oublié le décalage horaire avec l’Australie. Je l’ai rassuré : mais non, il ne m’avait pas réveillée ! C’était touchant. Et puis hier, mon petit éléphanteau d’Alexander m’a souhaité bon voyage en français, c’était trop mignon, et tous mes amis viganais aussi…
- … en français aussi, tu es sûre?
- Couillon, va ! On n’a jamais su où Anne-Marie avait bien pu attraper ce mot.

Une serveuse à moitié berbère, la plage complètement déserte, un apéro en double pastis qui n’aurait pas tenu dans un verre d’homme servi dans un verre à tafioles, une demi-bouteille de Pic Saint Loup qui, entre-nous, avait mis son chapeau de nuage : que demander de plus au Bon Dieu ? 

Notre serveuse nous sert (ben, oui !)...
- … pour faire respirer le vin, quand arrive une dame. Une berbère, à ce que je subodore.
- Vous prendrez un apéritif, Madame ? Demande la serveuse.
- Peut-être un verre de vin… qu’avez-vous comme bon vin ?
- On peut, Anne-Marie ? Oui ?... madame, si vous voulez goûter de ce "Pic Saint Loup" ?
La dame veut bien, propose de payer la bouteille, ce que, choqué je refuse (et pourtant c’est Anne-Marie qui paye), puis nous demande si elle peut rapprocher sa table, ce que nous acceptons. Surtout moi, parce que la dame est bien trop jolie pour se morfondre toute seule. Enfin, je l’espère. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, que vous importe, à la fin ? Non, mais dites donc !

Nous nous présentons…
- Je vais fêter mes 80 ans en Australie avec mes enfants… oui, en juin, et j’en ai 4, plus 5 petits-enfants.
- Moi aussi, j’ai 4 enfants… et, chose extraordinaire pour vous, mais pas pour moi, la dame dit :
- Je ne devrai pas*, mais je me sens bien avec vous ! Et elle nous confie un peu de sa vie. Elle a recueilli  un bien vieux militaire laissé à l’abandon par l’armée, son mari à elle était trop religieux pour traiter honnêtement sa femme, un des enfants de son nouveau compagnon pose des problèmes à l’école...
*Elle ne devrait pas quoi ? Dommage : on ne saura jamais !
Moi, vous me connaissez, je ne peux m’empêcher de lui raconter mon blog…
- Il y a quelques articles un peu coquins. Ne vous y attardez pas trop. Lisez celui intitulé "Lycée-collège : peut mieux faire". Elle sera intéressée, je le sais. Enfin, rêvons un peu, voulez-vous ?
Puis nous échangeons des promesses de nous revoir. Ann-Mary est ravie mais pas tant que moi. Mais, non, je rigole !

14h10. Il est temps de prendre congé en direction de "Montpellier-Méditerranée". Inscription à l’Accueil d’Air-France auprès de la souriante et gentille réceptionniste du guichet 17, un bonheur que cette dame, attente d’un porteur et de sa chaise roulante pour Anne-Marie qui a toujours bonne blague, bon œil mais si mauvais pied et parfois mauvaise tête parce qu’on a failli oublier sa canne psychédélique…
- Ma fille Magali a mis mon adresse de France et d’Australie dessus. C’est bien, hein, Gilles !
- Effectivement, un renvoi par avion A 380. Pourquoi pas. Elle le mérite, cette canne, à tout le moins !

Oui, c’est bien. Je laisse mon amie à son long voyage, je me ferai taxer 2,50 euros de stationnement que c’en est une honte pour moins d’une heure, un petit bisou :
- Mon ami, tu devrais raconter ce début de périple extraordinaire, cette parfaite rencontre au restaurant et cette dame si accueillante au guichet d’Air-France que c’en est une bénédiction pour mon voyage. Remercions la vie, Gilles. Faut que tu dises bien que la vie est si belle. Même à quatre-vingts ans…

… et n’oublie pas de bien marquer le pluriel de vingt. Merci, mon ami… et de bien dire que la dame d’Air-France était adorable dans son accueil. Et que la dame du restaurant était attendrissante.
- Mais, enfin, Anna Carina, tu me veux raconter un non-évènement…

- Mon Dieu, que tu es mesquin, Gilou. Tu crois qu’Alexander et ses presque onze ans pense de sa Nanny qu’elle serait  un non-évènement ? Santé, mon couillon.

                              Gilles PATRICE-KHIAL, le Vigan Gard.

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