jeudi 8 mai 2014

Un Zéro "Vigilante" en vue*!


Dessin de Charb
Samedi  ce 19 avril. L’aviation japonaise balayée, le ciel était à nous. Partis de Midway, en duo, avec mon leader Jaff pour une mission de «find and shoot». 10 heures, ciel dégagé.  

Nous survolions notre petit porte-avions de bataille d’Air Sea Rescue à l’appontage si délicat pour nos F4U, quand la radio nasilla un joyeux : 
-"Hello Jaff, hello Gilou, have a good day !" quand, tout à coup, sorti de nulle part, j’aperçois un avion, certainement le même zigoto qui s’amuse à toujours nous échapper au raz des flots.
Le Jap avait aperçu les COTRAS de Jaff qui volait très haut pour faire diversion à mon zinc placé plus bas. Ce Zéro osera, osera pas l’atoll ?
Je note bien la position du bâtiment de surface par rapport au soleil et je me décide… 

-Good Lord ! m’écriais-je. Donnez-le-moi !* Laisse, Jaff… je prends ! 
Le Jap ne m'avait pas décelé. Je fais un 360 tout en maudissant mon Corsair, trop lourd, trop gourmand en carburant. Un P51 Mustang, avec plus d’autonomie et plus agile, m’aurait suffi, ce jour. Et ses 2 mitrailleuses de plus, aussi. Et pourtant !
-Au boulot, vieux. A la chasse à la dinde !  
*Pilote du Marine Corps, bon catholique et bon garçon, je vouvoie Dieu et mon père, ces inconnus. Et c’est bien ainsi, car tel était leur bon plaisir. 

Je pousse alors le manche du Corsair dans un long piqué pour rattraper le Jap, le soleil dans le dos. Je ne disposais que de peu de temps pour descendre ce taxi qui, tranquillement, rentrait se poser sur une des dernières îles qui disposaient d’un aérodrome en état ou l’on ne sert au mess que le jaune. Exclusivement le jaune, et dans des verres d’hommes, de préférence. 

Mon petit monstre, «Little Rosy» me propulse de toute la puissance de son énorme hélice en se rapprochant lentement, comme au ralenti. Le badin, affolé indique plus de 500 miles. Tant que tout vibre, je me sens en sécurité. Ensuite, attention au silence, cette mauvaise part de la mort… parce qu’il faudrait voir à ne pas se briser les ailes ou finir par se vautrer ! 

Redressement par une très prudente ressource pour me glisser sous le ventre du jap, je tire doucement sur le manche, rectifie très légèrement la trajectoire pour aligner ce Zéro dans mon collimateur et, lorsque j’enfonce les pouces sur les queues de détentes électriques, à moins de cent cinquante yards, comme à chaque tir, je suis surpris par la beauté du chant des 6 mitrailleuses. Et quel vacarme !  Little Rosy, comme ralentie, bondit et sursaute longuement sous l'effet des rafales des 50. 

Plus surpris qu’apeuré par les déchirures dans sa cellule, le Zéro se met enfin à déraper sur l’aile pour se laisser tomber, gaz réduits, à la limite du décrochage. J’enregistre le tout comme dans un long ralenti, et pourtant le tir n’aura duré que quelques secondes. Ne pouvant interrompre ma ressource, je laisse derrière moi le jap s’échapper et qui finit par se poser sans encombre sur le Taxiway, près des cocotiers de la plage.
Rapide second passage avec Jaff, mitraillage à tout va. Au moins, ce jap ne nous narguera plus. 

Ce Zéro de dernière génération nommé par nous "Vigilante" n’avait fait, ce 19 avril 2014 qu’une erreur en croyant, d’une gracieuse glissade de l’aile, disparaître à ma vue pour aller s’abreuver au bistrot. Il lui suffisait de poursuivre son chemin vers la Caisse d’Epargne pour me semer car tout devait lui indiquer qu’après un rapide demi-tour, je me lancerai à sa poursuite. Pouvait-il m’échapper après sa traitrise de Pearl Harbour ?

Raisonnablement je croyais qu’il n’oserait pas l’atoll, avec nos maraudages dans les parages à surveiller tous les bistrots. Mais, voyez comme l’humanité pense se sortir de toutes les mauvaises passes qu’elle se crée par manque de vertu.
Ce pilote connaissait les capacités du Corsair, surtout après avoir lu mon blog et mes articles de spécialiste aéronautique sur le Vigilante et ses défauts. Atterrir sur ce tabouret de bistrot, trop tentant, était folie. La nature reprenant toujours ses droits et, quelle que ruse que déployée par le gibier, le chasseur le rattrapera toujours à boire au même marigot. 

Juste le temps de se poser, et le jap s’était déjà hissé sur le frêle tabouret du bar du mess, se tenant en grande conversation avec la seule pin-up indigène aux longs cheveux décolorés façon Yankee des temps de WWII, Miss Blondie, la presque ricaine marraine de guerre des boys, la belle blonde copiée avantageusement même par les japs.
Je note, tout de même, que le verre de pastis, le verre-tube, le bien nommé verre à gonzesses, avait laissé place au jus d’orange, à ce qu’il m’a semblé. Voyez que certain, sachant pertinemment que je le poursuivrai au bout du Pacifique et au fond des bars aura voulu jouer au vertueux… Un verre d’orangeade de marque "la Vigilante", la meilleure, et on voudrait nous faire gober qu’on ne s’arsouille plus au jaune (le pastis, quoi !) qui ne serait plus en dotation réglementaire dans tous Services de l’Ordre français… 

Au débriefing, ma flèche, Jaff ne décolère pas…
-C’est quoi ce cirque ? Tu as vu l’accueil de la DCA ? Tu aurais pu y laisser ta peau… et en limite d’autonomie. Au moindre problème, j’aurais dû te laisser tomber.
-Peut-être. Mais le résultat  parle pour moi.
-C’est cela, parle pour toi, imbécile ! Parce que tu as failli percuter le jap. Tu étais trop "close", trop près.
-Mais, Jaff, pourquoi tu n’as pas tiré cette dinde ?
-Trop "close", mon pote. Si je tirais le jap, je te descendais aussi. Voilà pourquoi. 

Voyez, comme le sens de la mesure vient si naturellement à la lecture de mon blog. Sauf à notre pilote jap, coiffé du simple bonnet de police. Pardon ? Mais, non, pas du bonnet d’âne ! De police, bien évidemment. Ne me faites pas dire ce que vous voulez entendre. Mais lui ne sait pas encore bien lire mon blog. Question de recrutement : combien de voyelles en langue française, en comptant le j dans le nombre ? Pourquoi le J ? Va savoir ! 

Je me juche à côté de la belle pin-up pour surprendre la conversation… 

-Ca va, Gilles? Je te sers un café ?... s’inquiète mon bistrot qui sait que je n’aime les soleils d’avril que dans le bleu tendre du ciel, mais couleur qui m’insupporte en mon bistrot, qu’il pleuve ou qu’il vente, et en toutes saisons…
Nom de nom, ça ne va pas, mais pas du tout. Mais, quel travail peut-il faire en ces lieux, ce Zéro à compter fleurette comme en son boudoir, à faire du lard au bistrot, à boire en tâchant de ne surtout pas tâcher son uniforme et à piquer toutes les belles stars des bars ? Et pourquoi faire ? Pour nous les niquer ? On ne sait mais, les lui faudrait-il toutes ? C'est d’une désespérance d’aller au bistrot à la rencontre d’une hypothétique Pin-up, genre blondie. Je veux, oui. Et heureusement que les jeunes et beaux gendarmes restent encasernés. Merci pour nous… 
Miss Blondie, Gendarmerie nationale… Contrôle de routine ! 

-Ca va ? Non !... Mais, ça va comme les vieux. Oui, un petit noir. Merci.

-Je n’ai pas bien dormi cette nuit, que j’entends le Zéro en sa voix d’emballement. Je ne sais pas pourquoi. Et toi ?
-Eh bien, moi c’est pareil. Cette nuit, j’ai mal dormi et mal rêvé, que rétorque, mezza voce, Blondie.
-Tu as mal rêvé… un cauchemar ?
-Non… j’ai rêvé que j’étais riche, et ça m’a réveillé ! qu’elle dit.
-Mais, que voilà un joli rêve, Blondie…
-Non, parce que mon rêve m’a réveillé trop tôt. J’aurais préféré qu’il dure plus longtemps.
-C’est vrai que, plus c’est long, plus c’est bon. On peut toujours rêver ! 


Zut, alors. J’ai affaire à une blondie poétesse. Ray Ban sur le front, soucieux, égaré dans mes pensées pacifiques parce que para bellum, je demeure dubitatif, non de savoir si notre Zéro drague la Miss Pin-up indigène, je n’en sais rien et on s’en tape !… mais de savoir si nos deux seuls consommateurs intéressants du bar du mess sont réellement à l’orangeade ou à des machins améliorés, du genre du coté de chez Pochetron et autres Vodka-orange… 

Faudra que je questionne mes amis gendarmes pour m’éclairer. Parce qu’enfin, mon blog, on le lit dans les Quartiers Généraux des Polices et autres services d’ordre mondiaux. On me l’a dit. Oh, ne serait-ce que pour bien rigoler en se disant, sans nul doute :
-Attends qu’on se le coince, l’autre salopard. On va te le faire rire à nos dépens, pour sûr !
Même qu'à la Mairie, le dimanche de la désignation du Maire et des adjoints, j’ai pointé mon vilain museau pour découvrir que le pot de l’amitié ne pouvait en aucune manière me concerner. On me faisait ostensiblement la tête et, un tant soit peu, la gueule !
C’était d’un normal et d’un banal : j’avais balancé. On m’appréciait à ma juste valeur, n’est-ce pas ?  Et pourtant, on laissait nos impôts municipaux officier encore et toujours au bar du bistrot…
Officier ? Quoique pas encore. Sous-officier certainement, parce qu’en cachette. 

Chers gendarmes, dites-nous : pourquoi n’allez-vous pas, durant vos heures de travail, au bistrot de proximité comme certain ? Oui !
Pourquoi évitez-vous le bistrot comme la peste ? Mais, bon sang… dites. On ne veut pas mourir idiot.

Le dessin de Charb:
-Les tests ont confirmé que j'avais un QI assez élevé pour entrer dans la Police...
-Alors, de quoi tu te plains ?
-Il n'est pas assez élevé pour quitter la Police...                                                                                                                                                                       

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