jeudi 5 novembre 2015

Florence et Maddalena.


Maddalena à Santa Croce 

Ici, point d’historique sur la basilique de la Sainte Croix construite peu de temps après la mort de Saint François, mais une rencontre avec Maddalena tandis que les franciscains, se faisant discrets sur une fresque du 16ème siècle, se perdaient dans la pénombre d'un autel particulier.

- Vous pouvez vous faire accompagner d’un guide… oui, et qui parle français.
Qui parle français ? Tu parles. Pas tant que ça, ce qui se révélera à l'usage ! Mais, quel usage.
- Ah, et c’est gratuit ?
Gratuit et gratifiant, je vous l’assure, une visite avec Maddalena, perdus dans cette immense basilique de Santa Croce, la plus grande église franciscaine au monde.
- Je parle pas bien français.
Pas de problème, bébé, me disais-je, tu es bien trop mignonne pour nous ennuyer avec des problèmes de langue. Sauf Danielle qui, elle, la trouvait nunuche, peu doué. Et trop mignonne aussi, ce qui gâchait encore plus sa visite.
- Pas de problème. Si ce n’est en français, il nous restera la langue de Dante... Avec, en plus Danielle en anglais et espagnol. Moi, c’est Gilles. Et vous… oui ? Comme le gâteau de Proust si goûteux ?

- Oui, répondit Maddalena qui n'avait pas tout saisi. Bene. En haut du parvis, à gauche de l’église, est la statue de Dante, le grand poète expulsé par sa ville.
- Il a écrit la divine Comédie et vécu une belle histoire d’amour.
- Enfin, on ne sait pas trop cette histoire si c’était vrai. Mais quand la gentillissima Béatrice meurt, Florence devient veuve. On dit comme ça ? Et Ravenne refuse de rendre les os de Dante, malgré l’expulsion cassée en 2007. Peut-être bien 2008 ?
- 2007 ou 2008… mademoiselle ne sait pas. Cassée, l’expulsion. Je t’en foutrai, du décret cassé. Et, pourquoi pas révoqué, mademoiselle ? Allez, topons pour 2008.
Danielle, qui commençait à trouver la mignonne usante, faisait montre d’une belle humeur de dragonne. On peut dire dragonne ? Dragon conviendrait mieux ?
- Allez et osez. Osez, Maddalena. Et continuez pour notre bon plaisir.

-Quand on rentre dans l’église, on voit la croix partout. Même la basilique a la forme. Pour les bénédictins, elle dit leur amour pour Jésus. Dans les vitres, là-haut… la rosace ? Oui ? Oui, encore la croix. Et partout des signes de pauvreté, aussi. Même le toit est en bois. En 1966 était une croix immense, peinte. On l’avait couchée sur le sol… oui, de la nef. C'est comme ça qu'on dit ? Oui, pour la restaurer. Après l’inondation, elle rendait sa couleur sur les doigts, et elle était foutue. Ont dit comme ça, foutue ?
- Oui, Maddalena, on dit comme ça. Foutue. C’est bien, continuez.
N’est-elle pas mignonne, dans son français, mon joli guide personnel ? Danielle se faisait furieuse.

- Beaucoup de gens veulent être enterrés dans l’église. Et les moines aiment la renommée des gens illustres. Dans ce coin est le monument funéraire de Michelangelo. Il était florentin, mort à Rome avec son ami de cœur, le jeune Tommaso dei Cavalieri. Mais, il n’est pas enterré dans le monument mais sous les pavés .

Michel-Ange, un air de ressemblance, n'est-il pas ?
- C’est donc un cénotaphe, puisque le tombeau est vide… comme celui de Dante, n’est ce pas ?
- Pardon ? Oui, vide. Michel Angelo est sous nos pieds, là, sous les pavés, avec son copain…
- Oui, sous les pavés, la plage. N’est-ce pas, Mademoiselle ?
- Pardon ?…

- Non, rien. Mais, mon Dieu, comme tout ceci est pertinent…
- Tu disais, Danielle ?
- Rien. N’empêche que notre guide est extrêmement intéressant. Et des morts, et des tombeaux, et des cénotaphes… merci Gilles. Je ne connaissais pas le terme exact. Que de pierres tombales, mon Dieu. Priez pour nous ! C’est d’un réjouissant, Maddalena. C’est Byzance, que dis-je, c'est Bizerte.  

- Oui. Bizarre, c'est. Ici est enterré Bruni, l'humaniste, et à gauche le monument de Fermi.
- Le créateur de la bombe atomique…
- Peut-être pas, monsieur. De la radio. Ah, voyez les deux orgues qui se font face dans la nef. Même eux sont pauvreté, peu de tubes, pas de décoration.
- Encore moins de tuyaux d’orgue, précise Danielle, toute à sa joie. Et de registres, à l'unisson.

- Ah, ici encore, la tombe de Galiléo. Et plus loin, celle de Machiavel et Rossini, et d’autres célébrités.
Maintenant que je finis la visite, allez voir les fresques et les retables dans les nombreux autels à droite et à gauche dans les bras de la croix. Et les vitraux. Ici, vous pourrez suivre l’évolution de l’art pictural depuis le 13ème siècle.

Mince, alors. Maddalena nous a laissés à nos petites affaires. Alors, la visite est terminée ? Depuis, les cloîtres, les cryptes, les vitraux, les retables et autres joyeusetés de Santa Croce m'ont rendu maussade. On peut dire maussade ? Je crois que oui.

Voila pourquoi, moi aussi, je finis ici ma visite de Santa Croce, la grandiose basilique de Maddalena et de Saint François. Et que l’on ne m’en veuille pas. Même Danielle a senti ma tristesse, ce vendredi 30 octobre 2015, en matinée avant de courir à San Marco entendre Sylvia nous guider divinement, un certain midi tout de lumière environné.

Toutefois, sachez, Maddalena, que j'ai particulièrement apprécié vos explications pertinentes et qu'à force d'accompagner des touristes français et à pratiquer notre langue, vous serez à même de devenir un excellent guide. Quoiqu'en pense Danielle, la jalouse. Et on voudra bien l'excuser.

Pour vous, et en toute affection, chère Maddalena, ce texte en ce jeudi 5 novembre 2015 des après Florence.

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