samedi 24 septembre 2016

Au Procureur Général.



On promet dix mille places de détention en plus. Voilà le bon français rassuré mais cela représentera moins de 5.000 cellules. Réfléchissons un brin, et sainement s’il vous plaît…

On parle de construire 5.000 cellules pour désengorger la prison ? Tous les nutritionnistes de France se tapent sur le ventre : pour la prison française, cette vieille dame toujours gavée comme une oie du Périgord par la délinquance, les juges, les procureurs, une mauvaise "sectorisation" de la justice qui n'arrive plus à gérer les flux et, quel que soit le régime minceur il ne pourra qu’être inefficace, voire dangereux. Le mieux serait d’attendre la mort de la vieille dame comme celle d'Albert. Mais ce n’est pas demain la veille et elle continuera à grossir puisque l'on découvre tous les jours de nouveaux sujets de délinquance, la société se faisant toujours plus intolérante.

Pas de régime minceur efficace possible sans traiter l’ensemble des paramètres qui engorgent la prison. Le mieux serait, en même temps qu'une bonne diète, une purge sévère pour vidanger ces soues. De même, oser parler de construire de nouvelles prisons sans commencer aussitôt l’embauche et la formation des futurs personnels pour les gérer tout en étoffant les autres établissements est d’une telle indigence républicaine que je vous salue bien bas, camarade Ministre de la justice.
Avoir des idées politiques, et donc humaines, saines et utiles en France, on peut toujours rêver.

Commençons par les détenus qui n’ont rien à faire en prison. Par exemple, Yvon prenait la place d’un détenu dangereux et surchargeait la prison. C'est ma conviction. Et, des Yvon, j’en ai rencontré de nombreux, tel Albert, ce vétéran parachutiste d'Indochine et d'Algérie de 82 ans, le Bébert diabétique devenu impotent dont les yeux, encore une fois opérés larmoyaient toujours et maintenu en prison tant qu'on le pourrait et jusqu’à sa mort prochaine. Pour le réinsérer ? Complaire à la société, à la victime ? Foutaises. 
Je n’aimerais pas me regarder dans la glace en me rasant le matin, si j’étais le directeur de la prison, le service santé ou un de ces juges de la collégialité qui le maintenaient enfermé, quoi qu’il ait commis.
- Faut que tu sortes, Albert. Tu veux que j'écrive à Taubira, au Procureur général ?
- Gilou, ça sert à rien. Quand les juges te tiennent, ils ne te lâchent plus.
- Taubira fera quelque chose pour toi. On parie ?

Madame le Ministre de la Justice se sera déchargée sur le Procureur général de Nîmes qui aura, j'en suis intimement convaincu fait le nécessaire, et je remercie ce magistrat. Taubira aussi.
Un jour, pendant la distribution du repas de midi :
- Brassens, ça y est. Je sors dans deux mois, le 13 novembre.
- Sont quand même salauds, Albert. Ils auraient pu te relâcher pour que tu puisses participer aux cérémonies du 11 novembre.
- Je m'en fous, mon copain. Merde, je peux même pas l'arroser !

Je crois bien que ce fut ce qu'il me dit. 
 
Albert, ce vieux serviteur de la France avait sans doute dérapé et on attendait qu'il meure en détention pour libérer une place, quelle honte pour la France qui remerciait ainsi un de ses serviteurs !
  
C’est pourquoi, très cher Ministre de la Justice, après le tri des détenus à maintenir en prison et ceux à élargir, occupez les détenus, formez et augmentez les personnels de la prison et elle perdra un peu de sa surcharge pondérale, s'humanisant ainsi.
Si vous ne le faites pour votre renom, pensez à celui de la France et ça m'ira comme ça !

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