jeudi 1 septembre 2016

Pourquoi m’as-tu abandonné ?



Les juges français plaident non-coupables pour le bordel des prisons dans le temps qu'ils les surchargent jusqu'à la rupture. En toute conscience. Par ivresse de leur toute puissance ? Mon Dieu, protégez-nous car la République se conduit mal !  (G.P.K. texte de la Maturité).
Avant que de continuer mon écrit, je tiens à remercier mon juge et mon "procécuteur" du T.G.I. d'Alès car la prison fut aussi pour moi le plaisir de la rencontre avec ce lieutenant, petit bout de femme qui, elle au moins avait des couilles au cul. Pas comme certains. Veuillez suivre mon doigt accusateur.

La prison ? On ne devrait l'apprécier que comme une retraite dans une cellule de moine, certes imposée mais gratuite. Calme et dignité, réflexion, approfondissement de soit. On en sortirait même plus zen, non récidiviste à ce qu'il paraîtrait. L'univers carcéral avec ses longs parloirs, ses grilles, la promiscuité, la misère affective c'est aussi ce bonheur que donne la présence féminine de quelques gardiennes dont la beauté de l'une d'entre-elles me remua particulièrement, ma belle geôlière nîmoise. Quant au psychiatre, en nos joutes verbales, j'ai kiffé la parfaite beauté. Parfaite, il n'est pas de mots plus forts pour cet hommage. Parfaitement.

Retournons en prison un jour ensoleillé de juin. Après ma course fatigante en promenade, bien harcelé par des détenus de l'autre cour, des pénibles, puis m'être lavé au gant d'eau froide par manque d'eau chaude (et donc de douche dans la cellule), je me mis en prière dans le bruit permanent de cette putain de télévision qui vous empêche de vous isoler pour réfléchir et demandais à Dieu comment faire pour pardonner les tourments gratuits que m'infligeait toute cette racaille, cette engeance du diable.
 
- R’ouillah, je t’y comprends pas !
- R'ouillah... frère ? Voilà autre chose ! Ne serais-je plus ton fils ? Mon Dieu, que nous arrive-t-il !

Et, de m’expliquer que, tout comme moi il se trouvait en prison, comme Paul de Tarse et devait s’y acclimater. La raison de son incarcération ? Les juges lui reprochaient d’aider plus les juifs que les palestiniens. On ne peut mettre en doute la justesse de l'accusation en son réquisitoire mais, je vous le demande, la justice ne serait-elle pas à la solde du gouvernement qui le serait à la botte des arabes ? Perpétuité sans possibilité de remise de peine ? A d'autres !
- R’ouillah, me disait-il, si ti pas pardonni, ti vas voir l’chitane. Ci miou coumme ça !
- Pardon, tu me dis que si je ne sais pas pardonner,  je vais voir le diable ? C'est mieux comme ça ? Mieux de pardonner, ou de ne pas pardonner ? Explique, pour voir. 
Expliquer, expliquer, facile à dire, encore faut-il le faire en un bon français intelligible, que je sache.
- Ci la ville, r’ouillah. Et ti m’appelles Allah, Ci miou coumme ça. 
Mince alors, Dieu m'étonnait : C’est la vie, frère. Et tu m’appelles Allah, c’est mieux comme ça !

Devais-je comprendre que ce Dieu tout puissant qui me parlait comme le faisait ma mère Fatima, craignant les représailles, les quolibets et les menaces de mort des jeunes détenus musulmans de la cour B, sans parler qu'on lui avait même craché à la barbe s'était converti ?  Lui aussi ? La terre s'arrêtait de tourner et j'en eu la chair de poule.
Elle est bien bonne, celle-là ! Toutefois, ne causant pas l’arabe, et même si je compatissais, je me refusais à appeler mon Dieu par un autre nom que celui que je lui donnais depuis l’enfance. Passons.

Je voulus rassurer Mon Père devenu Mon Frère dans sa nouvelle langue racailleuse* berbéro-française, toujours réticent à l’appeler Allah :
- D’accord, Père. Ji pardonneri à tous ci fils di pites. Pensez donc : aller en enfer avec tous ces fils de putes, pas question. Aussi, pardonnons, quoi qu’il en coûte.
Eh, merde alors, fallait que ça tombe sur moi !

*Ndlr : La langue de Gilou aurait-elle fourché ? Racailleuse pour rocailleuse ? On ne saurait dire.

PS : j’oubliais de vous signaler que notre Dieu-Allah se plaignait, tout comme moi de l'absence de douche les samedis, dimanches et fériés. Les vendredis, oui. Les ablutions des musulmans primeraient-elles sur celles des juifs et des chrétiens ? Il est un pas que nous ne franchirons pas. 
Mais, que penser de la nourriture hallal et de cet ersatz de saucisson, une cochonnerie de première. Pas un bon français, chrétien ou pas ne saurait l'apprécier. Et toujours du poulet, de la dinde et des frites froides. La salade ? Tant essorée qu'elle en devenait sèche, dure, immangeable. Heureusement qu'on nous servait une demi baguette de pain frais par jour, mais manquait le vin pour que Dieu puisse communier avec ses enfants, Jésus et moi. Ni couscous au mouton, trop cher, ni cochon, interdit. Mais, par qui et pourquoi ? Dans quel but ?

Mon Dieu, que t'ai-je fait pour me retrouver encagé tel une bête furieuse, moi qui m'estimais le meilleur de tes croyants ? Bien évidemment qu'il restait à charge ces deux gifles. Je n'aurais pas dû, fallait pardonner chrétiennement mais comment arriver à me calmer, nom de Dieu ? Tu n'es pas d'accord, tu penses que je blasphème ?
Toi qui sais tout, explique moi comment, par esprit de justice on m'envoya dans un endroit avec des gens plus dangereux que moi, plus salauds que moi, des pourritures finies, et en plus tu voudrais que je pardonne ? Même aux juges ? Est-ce bonne justice que de toujours pardonner ? Mes juges du Tribunal de Grande Instance d'Alès se sont prononcés clairement : pas de circonstances atténuantes, pas de pardon possible.
Et, dis moi comment l'assassin pourrait-il attendre le pardon de sa victime déjà froide ? Pour la réponse du mort, on doute fort de recevoir l'accusé de réception.
N'importe quoi !

Je peux comprendre que, pour la prison je n'avais qu'à m'en prendre à moi-même et n'avais que ce que je méritais. Mais enfin, l'Administration ne pouvait en aucun droit me priver de mon humanité, ni de ma citoyenneté puisque je n'étais pas déchu de mes droits civiques, que je sache et si les juges m'avaient ôté tous mes moyens de défense sans garantir ma sécurité, que la prison obérait ma liberté de conscience par la toute puissance de petits merdeux qui tentaient de l'aliéner, s'il fallait compter sur des gardiens mal formés, débordés par l'intégrisme, le communautarisme et la clochardisation dans la prison... peut-être qu'après une bonne guerre civile ou religieuse, pourrait-on espérer un avenir radieux.
Quoiqu'un bon coup de balais me semblait plus que nécessaire pour assainir les prisons.

Les juges sont-ils au courant de ce danger physique et moral qu'encourent les détenus avant leurs jugements ? Oui, et alors ils contrevienne à la loi. Non, et ils devraient se faire cultivateurs tant on en manque en France.
Quant aux jeunes rebeus illettrés qui se faisaient imams cultivés en ces choses de la religion et du Coran dont ils n'ont jamais lu une seule sourate dans le texte, en arabe littéraire, écoutons les :

- En prison, tu es chrétien, tu es musulman. Athée, c'est quoi, ça ! Tes parents sont algériens, donc tu es musulman. Y rien à discuter.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire