lundi 5 septembre 2016

L'étage des pointeurs.


En prison, il se dit que quelqu'un de bon en ressort meilleur qu'il n'y était entré et qu'un mauvais deviendra pire. Il se dit encore que seuls les gros cons ouvrent leur grande gueule. (G.P.K. texte de la Maturité).

Sortons quelques chiffres de la prison : 360 détenus en permanence et jusqu'à 440 par moments pour 192 places, la Maison d'arrêt de Nîmes serait la plus surpeuplée de France, la Justice s'y montrant bien tolérante. Des cellules de 9 mètres carrés pour deux souvent encombrées d'un troisième* dormant pas terre. Peu d'occupations, 22 à 24 heures par jour de claustration, la télé nuit et jour, dans le couloir un groupe de cinq douches pour cent-vingt détenus le matin mais pas tous les jours, etc...

* Petite note amusante : Durant deux longs mois d'un été caniculaire, on surchargea la cellule d'un jeune américain,  Mister Washington d'un troisième détenu qui, chose incroyable changeait tous les 2-3 jours. Pas moyen de s'y habituer. Il s'en plaignit, c'était son droit...
- Mon Capitaine, un troisième c'est dur. Mais changer comme ça en permanence, c'est intenable.
- Mais, je ne peux faire autrement, mon pauvre !  Le capitaine ne mentait pas, et pourquoi changer une méthode qui a fait ses preuves dans toutes les bonnes maisons d'arrêt entre la cellule et le mitard ?
- Fuck you.
- Vous avez dit merci ?
- Non, mon capitaine, il vous dit d'aller vous faire enc..ler ! Un gardien anglophone, par sa correction fit plaisir à son capitaine. Mais, n'avait-t-il pas usé de la même insulte en français ? Lui ne sera pas puni mais Washington écopera de 15 jours de mitard puis, pour lui apprendre la politesse se fera héberger par les barbares du 3ème étage avec qui il s'était bastonné d'importance. Emballez, c'est pesé ! 
G.P.K, dit Monsieur de la Fayette par Washington et Brassens par les gardiens...  

La prison, un bloc de béton gris de 4 étages dont je n'aurai à subir que du troisième. Je résidais au premier, celui dit des "pointeurs" avec des détenus "à protéger", quelques fous et des vieux supposés chrétiens, des assassins de femmes et d'enfants et des violeurs, dont certains, berbères ou pas qui auraient sévi contre des musulmans, à bien protéger.
Dans les trois autres étages, même eau mais avec moins de vieux, peu ou pas de chrétiens visibles et avec autant si ce n'est plus de violeurs tranquilles. Et insouciants.

Sur tous les détenus du premier étage, seule une vingtaine d'habitués voulait bénéficier de la promenade. Notre doyen de 82 ans, impotent déclina l'offre et la plupart des pointeurs ne sortaient plus suite aux insultes, aux agressions et aux menaces de mort. Ils se cachetonnaient et, en passant devant les portes des cellules ouvertes à l'occasion, on apercevait sur les lits des couvertures sous lesquelles s'enfouissaient totalement des détenus.
-Avant, tous devaient sortir en promenade. C'est pas bon de les laisser comme ça se lamentait avec raison G. un gardien qui tutoyait naturellement les détenus à la mode républicaine et que tous tutoyaient et respectaient dans la prison.

Les deuxième et quatrième étage, tranquilles déversaient plus de prisonniers en promenade. Seul, le troisième étage posait problème avec une quarantaine de jeunes détenus berbères demeurés barbares, grossiers, violents, dont beaucoup d'Alès et du quartier du Chemin Bas d'Avignon ou du Coeur de la ville de Nîmes, tous parfaitement adaptés à la prison et, aux dire des gardiens faisant de continuels allers et retours, ne craignant que leur juge, l'Administration, le procureur et son mitard, obséquieux avec les gardiens qui semblaient les craindre.
Faut dire que quand on se fait brûler sa voiture une fois, ça donne à réfléchir.

Cet étage du troisième haïssait tant le premier, celui dit des "pointeurs" qu'il y avait tout à parier qu'il s'y trouvait plus de violeurs qu'ailleurs, ce que, tant excédé par leurs insultes incessantes je leur fis remarquer bien aimablement :

- Moi, un pointeur ? Tiens, ton copain en bleu, là-bas, demande-lui pourquoi je suis en prison. Il était avec moi à l'appel.
- Lui, il dit que tu a violé une petite de 4 ans. 
- Il a dit ça ? Ah, oui ! Alors, pourquoi les juges m'ont sorti avant son jugement, t'en penses quoi ? Il pointait par ci, il pointait par là, il pointera encore, ton bon petit copain ? 
- Attends qu'on t'attrape et on va te niquer.
- Et ta soeur, tu ne l'aurais pas défoncée un tout petit peu ? Excuse, je ne savais pas qu'elle te le demandait instamment ! Je ne sais pas si instamment il en avait jamais entendu le mot à la Grand-Combe, pays minier s'il en fut, mais pour le reste j'étais reçu cinq sur cinq ce qui augurait de nos futures discussions que mes barbares n'entrevoyaient qu'à bâtons rompus. Sur ma tête, il va sans dire.
- Ne répond pas à ces cons. Des abrutis. Ainsi parlait mon ami Akim, le boxeur.

En France, plusieurs millions de français ont transité par la prison. Que de pauvres mecs qui savent de quoi je parle quand je désigne par leur « ethnie » tous ces joyeux lutins qui n'en sont restés qu'au stade de l'animal non encore domestiqué, et c'est pourquoi, enragés, on les encage. Il se dit que la Roumanie ne voudrait pour rien au monde de la Maison d’Arrêt de Nîmes, encore moins de ces détenus qui ne pensent qu’à taquiner leurs colocataires, oh, sans penser à mal mais sans réaliser qu'ils ne font que leur appliquer la double peine chère à Sarkozy réservée aux seuls bougnoules français et que certains petits juges voyaient d'un bon oeil.

Si je vous affirmais sur l’honneur que tous ces fils de putes… oh, pardon à leurs mères, oui, tous ces frères, bons croyants au demeurant qui font chier à longueur de journée… oh, pardon Allah, je ne voulais pas manquer de respect à tes bons sectateurs du Livre, oui j’affirme encore aujourd’hui que tous, sans exception sont de jeunes fils de beurs de 17 à 30 ans qui, à longueur de journée, par désoeuvrement interpellent dans un langage qui leur est propre les autres détenus qui ne leur ressemblent pas ? D'après l'Académie Française consultée, il s'agirait d'un verbiage peu châtié mais coloré, et pourquoi pas ?

Dites que je suis devenu raciste ou que je l'ai toujours été. Mon conseil ? Ne faites pas comme nos magistrats de France et de Navarre et tous ces bien-pensant qui s'imaginent que la prison n'est que le Club Méditerranée ou qu'elle ne leur sera jamais servie et qu'une année de prison passe vite : faites-vous votre propre religion par un petit aperçu à la Maison d'arrêt de Nîmes comme visiteurs de prison, on en manque tant, et vous m'en direz des nouvelles.

Vous pensiez que nos heureux et jeunes trublions ne sont pas à proprement parler violents, les pauvres, et même qu’ils ne font que s’amuser à titiller, avec ce petit fond d’humour qu’eux seuls apprécient tous les détenus âgés, les gringalets, les souffreteux, ceux qu’ils estiment trop faibles pour se bastonner avec eux, plus votre serviteur qui refusait de baisser les yeux devant ces merdes en toute majesté ? A votre guise, mais à chacun sa connerie.

Donc, aucun fond de méchanceté. Et vous croyez que ces beaux jeunes hommes dans la force de l'âge, bien nourris et mal élevés, ne possédant pas le sens de la mesure ne sauraient pas s’arrêter à temps mais que l’âge leur apprendra que trop d’humour salace tue l’humour de la convivialité, n’est-ce pas ? Soit, mais après la prison essayez un petit tour aux quartiers interdits et comparez. Enfin, si la racaille vous y autorise.
Ensuite, interrogez le voisinage qui endure et leurs parents complètement débordés. Il est vrais que ces salopards qui ne vivent que pour le plaisir de faire le mal s'excusent par le racisme qu'ils subiraient. Admettons, mais qui leur a enseigné la haine de la France ? Pas moi en tous cas, quant à vendre de la drogue, cherchez ailleurs.

Voyons, nos détenus modèles ne penseraient qu'à s'amuser. Pas moi, mais poursuivons.
Pendant près d’une heure, matins et après-midi, seul à courir pieds nus sur le goudron de la cour A de la prison, parfois accompagné du Général Washington, je faisais la fierté de ma promotion et l’ébahissement des gardiens, enfin de ceux qui s'impliquaient dans leur boulot. Même les gardiennes osaient me féliciter. Bravo, sauf que...

Oui, sauf que dans la cour B, séparée par un couloir de deux grilles, se tenaient  accrochés des Animaux, comme j'aimais à les appeler amicalement. Rien qu'à les regarder, tu te sentais libre visitant la ménagerie d'un cirque à observer de grands fauves. Heureusement que les grilles te protégeaient.
Un satisfecit pour les gitans détenus et quelques roumains qui ne participaient jamais au feulement de ces bestiaux. Mais, pour quoi faire les auras-tu créé, mon Dieu ? Heureusement que les gens du voyage et les roumains auront été élevés, tout comme moi dans la charité chrétienne et la fraternité républicaine.
L'éducation laïque et la morale chrétienne auraient-elles du bon ? Faut croire !

Tous les jours que notre Dieu franco-berbère et le leur firent, (appréciez la finesse et la justesse de cette distinction entretenue ici puisque je ne parle ni l’arabe et qu’Allah ne peut aucunement me comprendre en français, ni en franco-berbère, mais ça nos petits Animaux ne le savent pas, aussi je ne vous dis pas l'accueil réservé à leurs prières. Nulles et non avenues) donc, disais-je, pas un seul jour sans qu’on n'entende de courtoises interpellations à mon seul endroit que j’ai le plaisir de remettre élégamment en français dans le texte, au moins dans les mots utilisés :

- Fils de pute, ta mère la pute, ta fille la pute, je vais te niquer dans le couloir*, t'égorger comme un mouton quand tu sortiras, je sais où tu habites. Baisse les yeux enfant de putain, baisse-les, putain de ta mère...

Tiens le mouton, Isaac, le sacrifice d'Abraham... tout le monde aura saisi l'image symbolique de cet égorgement que cet abruti me faisait miroiter, comme si Allah avait pu demander à ce fils de pute de m'assassiner. Non, mais dites donc !

Ndlr : s'il vous plaît, vous voudrez ne pas confondre niquer avec faire la nique.L'un est vieille France, l'autre pas. Quant à vouloir pratiquer dans le couloir sous les caméra voyeuses des matons, faut avoir le vice bien chevillé au corps.

Maintenant, n’oublions pas de passer de ces jeux enfantins du mouton à celui du sourire kabyle… non, non, pas le jeu du foulard berbère mais de cette perle délicate qui consiste à se passer le pouce sur le cou en tirant la langue tout en regardant droit dans les yeux votre seul serviteur, mouton noir pour ces parfait imbéciles qui ne seront jamais finis.

Mais, ces jeunes berbères barbares, tout en m'insultant pour me réinitialiser dans le droit chemin de l'Islam ont un allié : l'Administration pénitentiaire qui, en me faisant dormir par terre me ramène à mon gourbi.

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