vendredi 9 septembre 2016

De l'enfermement


"Rassurez-vous, braves gens : la Justice nous jette en prison pour nos injustices. Normal. Dommage qu'on nous y agresse en permanence sans que cette même Justice ne contraigne les procureurs à nous défendre. Normal, on ne nous entend plus.   (Mouloud A. dit Z.O.B.).

La prison, toute contenue en ses hauts murs, ses miradors et ses barbelé aux épines coupantes comme des rasoirs se divise en quartiers réservés, à l'imitation des casernes avec ses bâtiments dédiés, ses cours et couloirs désertés conçus pour que les détenus ne puissent se rencontrer à seul dessein de punir. Par l'isolement et la désespérance d'être devenu un moins que rien. La Justice ne conçoit pas d'amender autrement la lie de la société considérée comme irrécupérable et qui le contesterait serait de mauvaise foi.

La taule, dont seules les crapules se vantent d'y avoir suivi, assidus pour une fois ses cours adaptés à la délinquance, au crime et à l'intégrisme, cet état de non-droit ne peut que saloper encore plus la ville à l'élargissant de centaines de détenus devenus dangereux. Certains de mes lecteurs pensent à juste raison que mes textes ne dépeignent que leur misère et cette impuissance à ne plus pouvoir contrôler leurs peurs avec, au final le désespoir de n'attendre plus aucun secours dans les rues de la mal-vie mises en coupe réglée par le canaille qui ne voit aucun mal à exercer son extrême violence, force restant à la loi de la jungle.

Si quelqu'un justifiait cette nécessité des violences librement exercées en prison et édulcorait celles de la vie hors de ses murs sans en rendre la société responsable, je le déclarerais béat laïque et le sanctifierai chrétiennement. Quant à nos gardiens qui ne se vantent jamais d'être en prison, ils en riraient jaune tout ébahis de rencontrer enfin un bel homme perspicace qu'ils proposeraient comme ministre de la Justice, eux qui désespèrent de meilleures conditions de travail seules capables d'arrêter toute cette violence intolérable qu'ils n'acceptent plus.
Enfin, ce type-là, comme ce n'est pas vous, nous le laisserons à ses chimères.

D'autres, certainement de ma propre origine berbère me voudront intolérant, outrancier rancunier, ou mieux, imbécile comme si je ne savais pas que la prison permet la libre expression de tous les vices, nonobstant cette tentation de nos juges à punir plus sévèrement les "arabes" mis tous dans le même sac, racisme d'état excusable car certainement induit par des comportements inacceptables, résultat d'une éducation ratée.

- C'est pas bien de parler comme ça de nos parents !
- Pas même en ne s'attachant qu'aux faits ? Pas de ma faute si un groupe de jeunes détenus français de ta race et de la mienne emmerdait du soir au matin tous les supposés chrétiens, et rien qu'eux jusqu'à cracher sur ce chibani de 67 ans qui pourrait être leur arrière grand-père avec ces "putain de ta mère" qui niquaient à loisir cette mère décédée après avoir vécu en sainte femme en aidant tous les "arabes" du Vigan.

Emmerder pour s'amuser, la belle affaire ! Faut l'oser, mais le goret ne respecte-t-il pas son vieux père de cochon qui pourrait en apprendre aux parents de ces saletés sur l'utilité de l'éducation dans notre société, sachant que leurs enfants se comportent en pourceaux ?

- Mais, ces jeunes ne savent ce qu'ils font. Tu pourrais le comprendre !
- Ben, voyons ! Des inconscients ? Non ! Des insensés qui ne craignent ni père ni mère, pour tout le respect qu'ils ne leur auront jamais témoigné et qui abusent de leur dangerosité en jouissant du bordel qu'ils mettent prison et salopent la France en toute conscience. 
- Mais, ce sont les premières victimes de la société...
- Mauvaise pioche : ces nuisibles ont parfaitement assimilé la leçon de la rue qui veut qu'on ne respecte que le fort, le faible ayant tout intérêt à baisser les yeux, sans oublier que ces dangers publics, avec leur ego sur-dimensionné ne font aucun cadeau, ne respectent personne tout en exigeant que leur charria prime nos lois. Quant à la morale républicaine et le bien-vivre, observe ce qu'ils en font. Et qui leur aura mis ça en tête ? Toi, moi ? D'accord, et admettons que c'est personne. Serait-ce par atavisme ? Toute la France n'est pas loin de le croire !

- Ouais, mon ami : des abrutis avec qui il ne fait pas bon vivre.
- Mais non. Ils peuvent évoluer avec le temps. Suffit de leur faire confiance.
- Confiance ? Certainement comme à un chien qui mordrait sans raison valable. A piquer par sage précaution, oui. Pourquoi, mais parce ce que ces jeunes de notre ethnie se comportent en sangliers qui cassent tout ce que la main de l'homme aura produit sans jamais reconstruire. Et, après eux, bonjour la désolation et la ruine. 
- Mais, la tolérance, tu en fais quoi ?...

- Comprendre les violents et ceux qui les protègent en fermant les yeux parce qu'ils sont de leur race et de leur religion m'est impossible, car ces racistes de mon sang devraient se comporter mieux que le français lambda. S'ils se sentent insultés, pas mon problème car je les considère comme la honte de notre race, la honte de la France, la honte de l'humanité. Même le pays d'origine de leurs parents ne les veut plus.
- Mais, leurs parents n'y sont pour rien !
- A d'autres ! Aussi, je te propose d'attendre que le secours nous vienne de ces parents aimants, de la république aimable et de  l'application draconienne de ses bonnes lois, mais ce n'est pas demain la veille. Il nous reste l'ultime secours de l'Eternel en qui nous plaçons toute notre confiance. En Allah aussi ? Aussi. Tiens, pensons à inviter Jéhova dans cette tierce gagnante à tous coups.
- Si tu parles sérieusement, ce n'est pas marrant. Pas bien d'invoquer le nom d'Allah en vain.
- En vain ? Je blasphémerais ? T'en penses quoi, Pierrot ? C'était pour rigoler, non ? 
- Ben, pas tant que ça ! Ils me font peur, tous ces moins que rien mal finis.

Osez dire que j'affirmerais n'importe quoi ! La Gendarmerie algérienne, elle-même attribue l'entière responsabilité des crimes et délits de ceux notre propre race sur le sol de leur patrie, la France aux seuls parents incapables de toute forme d'éducation et qui se déchargent sur la rue, l'école, la police et la mosquée tout en s'insurgeant à l'idée même de correction en te sautant à la gueule pour finir par t'étriper : pas touche à mon amazouze. Quelle merde ils nous ont planté depuis. Tiens, le mot des gendarmes de notre propre race :

- Allez, salopards ! Hop, hop et allez foutre le bordel chez vous, en France. Ici, chez-nous, on est propre.

La seule solution ? Le bon savon de Marseille pour leur laver la bouche, la férule du Maître enfin respecté par les parents et, pour parfaire leur éducation, le bâton affectif bien appliqué par le papa réinscrit dans ses droits de père à tous manquements à l'honneur et autres entorses à la convivialité. Après, la France les aimera. Enfin, on espère qu'il en est encore temps.
Mauvaise méthode ? Mais, non car elle a fait ses preuves alors que le laisser-faire renvoie l'enfant à sa bestialité première, la grande pourvoyeuse des prisons.
Et, ras la casquette de l'enfant-roi, si c'est pour en faire ce sous-homme roi de la jungle... 

Parlons du détenu que la prison remet en état d'incapable par la privation de toutes libertés : vous étiez violent compulsif et, pour vous amender on vous renvoie à vos pulsions les plus viles et à des gardiens qui, par impuissance amplifient ce jeu malsain qui, une fois enclenché submerge tout, alors rien ne pourra plus sublimer cette agressivité pour la rendre profitable à tous.
En prison, il n'est aucune contraintes pour les barbares. Point de lois, point de justice. Point de civilisation. Même constat que dans la rue. Résultat ? En abusant de leur force et en y prenant goût, jamais réprimandés, ces gosses tels des lions déchaînés de toutes contraintes par leurs parents sont lâchés dans l'arène pour tuer et complaire à leur public. Tuer en s'amusant, ben dis donc, mon frère !

La prison, négation même de l'idée d'une société évoluée est néfaste au détenu qui ne pourra se reconstruire qu'en en sortant, si tant est que sa peine ne l'ait trop cassé qu'il en deviendrait irrécupérable, inutile.
La parenthèse de l'enfermement n'est que ce temps gâché qui n'aide pas à se bonifier par trop de possibles hors-circuit, de bruit, de violence, d'agressions, de dénigrement, de solitude, de folie, de manque d'affection en mettant le prisonnier dans cette rage des impuissants qui s'exprimera un jour sur le faible, comme toujours. N'en doutez point.

Ce n'est donc pas tant votre temps qu'on veut gérer en prison mais bien de vous punir par l'interdiction de l'approche normalisée de tout humain non dûment contrôlé par l'administration, il n'est qu'à voir le bonheur des enfants visitant papa dans ces parloirs hurlants. Pas de contact physique ni amour, encore moins de sexualité avec l'autre signifie une vie affective impossible et donc l'extinction jusqu'aux possibilités de sublimation de vos pulsions animale de survie qui seules créent l'humanité. Quant à l'intimité et à se caresser soit-même pour se déstresser, difficile. Très difficile en prison et peu valorisant...

Et, si encore on n'avait pas attenté à ma fierté d'être un homme... Mais, que je suis triste de ne pas pouvoir crier à tous que je suis fier* de mon passage à la Maison d'arrêt de Nîmes comme je suis fier de mes universités à Paul Valéry, Montpellier.  
Quant à être fier de mes origines ? Quelques jeunes abrutis m'en auront dégoûté définitivement. Dommage pour eux !

En prison, je n'ai jamais eu de ma vie les ongles aussi propres. Dessus et dessous. Des ongles de feignasses, d'intellectuel même tant je ne branlais rien. J'en avais honte. 
___________

* Petite discussion philosophique avec Jean-Marie, un copain imaginaire avant que ce texte ne paraisse :

- Moi, je suis heureux de n’être jamais entré en prison. La fierté ? Parle pour toi !

- Si on veut. Mais, tout le monde n'a pas ta chance d’y avoir échappé jusqu'à ce jour. Je ne dis pas que tu roules fin bourré, ivre comme un polonais (pardon aux polonais), sec comme un coup de trique, saoul comme une vache, pété comme un coing, rond comme une queue de pelle, pochetronné à mort, mais enfin, tu finiras bien par tuer quelqu’un après avoir fêté un baptême, une communion, un mariage. L'Aïd... une circoncision ? Si tu préfères. Et hop, la prison, mon petit pote. Alors, ton bonheur… tu vois ce que je veux dire ? 
Jamais contrôlé par la gendarmerie plus qu'à la limite ? T'ont laissé repartir ? Pas la première fois. Bon, t'as pas une gueule d'arabe, aussi remercie le Bon Dieu. Et de la chance ? Plutôt une veine de cocu d’avoir échappé à la prison.
Mais, pour ceux que tu n'as pas encore écrasé, là tu peux parler de chance.

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