mercredi 3 juillet 2013

Le Collège Cévenol*.


Dessin de Jean-Pierre Desclozeaux
Le Collège Cévenol du Chambon/Lignon. 

Tout d’abord, je tiens à présenter mes condoléances aux parents et aux amis de la jeune Agnès assassinée.

Dans cet article que je voudrais mesuré, j’aimerai poser quelques questions aux parents de l’assassin, à la Justice, à son service de suivi et à l’établissement. 

Je vous entretiendrai en tant qu’éducateur spécialisé ayant suivi des jeunes à nous confiés par la justice et aussi comme ancien élève-surveillant du Collège Cévenol.

Allons droit au fait : Le jeune assassin avait déjà commis un crime dans le Gard.

-La Justice ne place pas le jeune en détention. Pourquoi ?  Les parents sont-ils membres de l’institution judiciaire, notables exceptionnels ?
-Les parents du jeune assassin ont réussi à placer leur enfant au Collège. Sont-ils d’anciens élèves du Collège et bénéficiaires de passe-droit ?
-Pourquoi la PJJ a-t-elle accepté ce cas qui ne relève que de la Maison d’Arrêt ? Comment l’information est-elle passée des Magistrats à ce service ?
-Qui a effectué la demande d’entrée au Collège Cévenol des parents ou de la PJJ ?
-Pourquoi le Collège Cévenol a-t-il accepté ce cas ? -L’information sur ce jeune était-elle complète ?

Le Collège Cévenol, est le meilleur espace de liberté pour poursuivre une scolarité épanouie lorsqu’on a eu des difficultés dans le système traditionnel. C’est le seul établissement de ce type qui a permis au cancre que j’étais de donner sa pleine mesure et de devenir pointu en mathématiques, en philosophie et en écriture. Et en sport. 
En deux années, sur un campus au milieu des bois, sans grilles, sans barrières, 4 heures de cours le matin, sport et activités dirigées l’après-midi, études le soir, dans un environnement propice à une scolarité épanouie, ce collège m’a poussé à l’excellence aussi bien en sport qu’en humanités : 
pour ceux qui connaissent ce collège, le sens des libertés réelles et fondamentales se double du sens de la responsabilité individuelle et collective et de respect de l’autre.

J’ai fréquenté le Lycée Daudet de Nîmes et ses méthodes traditionnelles. Un des plus grands Lycée de France. Avec des méthodes plus modernes basant sa pédagogie sur la responsabilité et la liberté, et des contraintes librement consenties, le Collège Cévenol atteint le même niveau, en acceptant pourtant des élèves qui présentent des lacunes ou un retard « à l’allumage » à leur arrivée dans l’établissement.
Dans ces deux établissements, les méthodes pédagogiques très différentes visent toutes deux à cette recherche de l’excellence en mettant tout en œuvre pour y parvenir.

Le Collège Cévenol n’a pas besoin que je le défende. Son passé, son histoire, ses résultats parlent pour lui. Mais, avoir mis un dangereux criminel qu’on s’est ingénié à sortir de prison pour le placer dans cet espace de paix, de liberté et de responsabilité est inacceptable.

Il y a quelques temps, j’avais écrit dans Rolando un article concernant le suivi judiciaire de jeunes en difficulté. Nos services sont complètement surchargés et donc notre travail s’en ressent. Tous le savent, depuis les magistrats jusqu’aux parents.

Concernant l’éducatrice chargée du dossier, si elle avait tous les éléments en main, alors elle n’aurait jamais dû :

-accepter de suivre ce jeune et refuser le placement au Collège Cévenol,
-demander au juge d’instruction ou au Procureur le placement de ce jeune en prison car, avant que de protéger ce criminel, il fallait mettre en sureté toutes les jeunes filles qu’il croisait. La détention était la seule mesure acceptable, au vu de la dangerosité de ce jeune.
Je connais le Directeur de la PJJ. Comme tous les responsables de tels service, il est toujours en bute à la surcharge de situations incroyables à gérer qui crée un stress important de ses éducateurs. Et faire travailler des professionnels dans de telles conditions de difficulté et de mal-être occasionne tous les dérapages possibles ce qui devrait interpeller le ministère de la Justice et la représentation nationale pour donner les moyens à leurs services.
Mais, comment ce Service de PJJ pouvait-il croire que la « protection » de ce jeune ne mettrait pas en danger Agnès ? Et cette question doit être posée à son directeur.

Le Juge des enfants et le Procureur Général ont confié un criminel à la PJJ, connaissant l’impossibilité pour ce Service de gérer ce genre de gars en limite : un criminel. Pourquoi ne pas l’avoir maintenu dans une structure fermée ? Pourquoi ?
Ce jeune avait déjà commis un crime. Il est remis en liberté, en attente de jugement. Violer une mineure, l’attacher à un arbre, s’en aller pour revenir. C’est un crime. Heureusement que la jeune gardoise avait réussi à s’échapper avant que ce prédateur ne revienne.
Et revenu pour quoi faire ? Détacher la môme ? La tuer plutôt !
Cette remise en liberté, prouve que tout le système judiciaire s'est grippé. Parce qu’il y a unanimité dans la décision de justice de remise en liberté de ce danger publique. Effectivement, il reste, pour les magistrats, à mettre en cause le Collège Cévenol, l’éducatrice de la PJJ, son directeur et l’expert psychiatre. Le grand n’importe quoi.  

Nous savons que le jeune ne s’appelait pas Mouloud. Etait-il issu d’une famille protestante, ou chrétienne de notables avec du pognon et des bras longs ? Autrement, il serait en prison, leur fils. 
Je dis et je répète que les juges et tout le système judiciaire avec leurs préjugés sont cause du malheur et qu'il n’y a pas de hasard. 

Si ce dangereux psychopathe s’était appelé Mouloud, la justice aurait pris toutes les précautions par la simple mise en détention jusqu'au procès.
Certains diront que je vois du racisme là où il n’y en a pas. Que nenni. Je parle en connaissance de cause car il faut savoir que les « moulouds », sont toujours justifiables d’une mesure de prison. Même si le délit est minime. Et qu’on me prouve du contraire, et cette affaire en est bien l’exemple type.  

L’expertise psychiatrique. Maintenant parlons peu, parlons bien : reposer une décision judiciaire sur une expertise psychiatrique revient à faire reposer la sécurité de tous les passagers d’un avion âgé de 17 ans qui présente de graves défauts de fabrication, qui s’est déjà crashé un jour à Nîmes où on aura frôlé la catastrophe de peu sur un seul contrôleur de maintenance. 

Disons que le contrôleur n’a jamais construit d’avion, a juste regardé, en « expert » quelques fiches de documentation sur les avions. Un nul, quoi, incapable. Gentil, mais nul qui assure la sécurité de tous. Un expert, quoi !
De qui se moque-t-on ?  Un seul contrôleur, un seul avis… Or, il y avait déjà eu crime aggravé.

Je tiens à dire que si j’avais été magistrat, j’aurais placé ce jeune en détention et refusé toute sortie anticipée jusqu’à son procès pour le 1er viol et la tentative de meurtre du Gard. Et aucun expert psychiatre, qui n’ont aucun bon sens (pour la grande majorité), ni service de PJJ surchargé (et donc parfois incompétent), aucun magistrat n’aurait réussi à faire sortir ce jeune de taule.
Mais, nom de nom, où ont-ils appris leur travail, tous ces juges qui ont eu à connaître de cette affaire ?
Et qu’ils aillent se faire enseigner d’urgence. Même pas… un peu de jugeote aurait suffi !

Quant à l’articulation Juge-Psychiatre-PJJ, on sait que personne n’a pris l’avis de personne. Ou alors, tous sont devenus fous. Parce que le bon sens suffisait, ce que l’on appelle le sens commun, celui qui est donné à tous dès la naissance.
Personne n’a croisé l’information avec personne ? Tous travaillent seuls ?
Et les Procureurs, ces protecteurs des libertés et de la société, où se trouvaient-ils ? Il n’y a eu sans doute aucun entretien de fond entre tous les protagonistes de l’affaire.
Le dossier remis aura dû être bien peu fourni aussi bien à la PJJ qu’au Collège Cévenol.

Le bon sens a fui les palais de Justice qui vous mettent en détention le tout venant et qui sortent de taule des types dangereux parce que leurs parents ont une certaine notoriété, sont bien français, chrétiens de surcroit, ont de l’argent, du blé, de l’oseille, du pognon et les bras longs. 
Et un carnet d’adresses bien rempli avec des procureurs, des ministres, des juges, des députés… Le Président François aussi ? Pourquoi pas.
Quand aux pauvres, avec de petits bras, les minorités visibles? Eh hop, en prison.

Le juge des enfants et le Parquet responsables. Ils ne peuvent se reposer sur personne. Les experts sont inaptes. Le service de suivi est débordé et peu fiable.
La faute leur incombe bien. Et donc, trouver d’autres responsables est de bon ton mais, c’est tout le système judiciaire qui est nul.

Il n’y a pas de hasard. Tous les drames ne sont pas tous évitable. Mais, pour celui-là, un peu de bon sens suffisait. Les magistrats n’ont pas manqué de discernement. Ils se sont complu à faire plaisir à des parents notables. J’en mets ma main à couper. Ou alors, la Justice est folle ! Point barre !
Voilà pourquoi, en disant encore toute notre tristesse et notre compassion aux parents et aux amis de cette petite, nous remettons la Justice face à sa responsabilité : elle doit en tirer des leçons.

-L’expertise psychiatrique n’est qu’un point de vue, un éclairage. Il en faut d’autres.
-La PJJ doit disposer de moyens et d’informations suffisants,
-Les Centre fermés pour mineurs ont leur utilité,
-Dans cette affaire, le jeune aurait dû aller en prison. Il était déjà criminel,
-L’information et des entretiens doivent permettre aux chefs d’Établissement scolaires de ne pas faire courir de risques aux autres élèves de leur établissement.
-Le Collège Cévenol est un espace ouvert de liberté et n’a jamais eu vocation de pallier les Centres Fermés pour Mineurs. Encore moins la prison qui, en en cas était la seule solution valable.
-Les magistrats sont responsables de leurs décisions. Seuls responsables.

Donc, placer un dangereux psychopathe dans ce collège était une faute lourde.

1°) - Si les parents de jeune assassin, si l’éducatrice de la PJJ, si un des Magistrat ayant eu à connaître de l’affaire étaient d’anciens élèves du Collège Cévenol, ils devraient être poursuivis pour complicité.

2°) - Si le fait que ce jeune, suite au crime qu’il a commis avant dans le Gard n’a pas été placé en détention à cause de la situation avantageuse de notable des parents, les Magistrats qui ont pris la décision de remettre dans la société ce danger public devraient être poursuivis pour complicité.

3°) - Dans tous les cas, ni la PJJ, ni l’expert psychiatre ne peuvent être poursuivis. C’est la décision collégiale de plusieurs Magistrats de remettre le jeune hors de la prison qui déclenche le drame. Par contre, les missions de la PJJ doivent être resserrées. Ce service de Protection de la Jeunesse doit refuser d’être le palliatif à la prison lorsque les cas sont border line.

4°) - Comment peut-on justifier, excuser tous les manquements dans cette affaire ? La condamnation de ce jeune assassin ne doit pas empêcher que le système judiciaire rende des comptes. Les magistrats, tout puissants dans leurs décisions ne peuvent renvoyer la balle sur la PJJ, l’expert-psychiatre, le Collège Cévenol.
La Justice doit s’interroger. Et sanctionner des fautes inexcusables, sanctionner chez-elle.

Je reste persuadé, que dis-je, convaincu que la dangerosité de ce jeune a été « édulcorée » pour le faire admettre au Collège Cévenol, au moins par les parents du jeune.

Des magistrats ont été mutés suite à cette affaire. Parfois dans des services plus prestigieux. Si la Chancellerie pense qu’ils se referont une nouvelle « virginité », elle se trompe.
Avoir permis à ce jeune de commettre un deuxième crime signifie que ces magistrats ont peut-être déjà permis des situations identiques.

La Justice ne pourra se passer de juger les magistrats qui ont permis ce crime. Et pas à huit-clos. Il s’agit d’une affaire qui touche aux fondements de  toute la Justice française et à la notion même de la protection des libertés. Et de la vie. Les parents d’Agnès, et tous les français doivent savoir pourquoi un dangereux récidiviste criminel a été remis en liberté.

Parce que les deux missions de la Justice qui n’ont pas été remplies étaient :
1°) - empêcher ce jeune criminel de nuire (en le plaçant en détention).
2°) - protéger Agnès.

Et que les magistrats nous expliquent la mission qu’ils ont demandée à la PJJ.

Je prie les parents d’Agnès d’accepter toutes nos condoléances mais il fallait poser des questions à la Justice. Et il faut des réponses. 
Gilles Patrice, ancien du Collège Cévenol. Le 3 juillet 2013.

Mauvaises nouvelles de Mars 2014. J'apprends avec stupeur que le Collège Cévenol ferme ses portes par manque d'argent. C'est une catastrophe internationale. A pleurer.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire