dimanche 18 août 2013

Le loup de la Grande Armée* !


Combinaison Uderzo-Avery
1802. Dégouté par le couronnement de l’Empereur, le loup en Cévennes s’est éteint comme bougie qui meurt sauf...

...sauf que certains, à l’instar de Mouloudji, ont signalé sa présence en 1940 sur les Champs Elysées même, où tous le clamaient : les Loups sont entrés dans Paris ! 

Voila pourquoi, en 1802, nôtre loup aura préféré s’exiler, parfois même mourir de désespoir, dégouté du sol national et de l'ingratitude coutumière bien hexagonale.

-Comme Depardieu qui n’aimait pas la France, et qui devint russe. Est-ce possible de ne pas aimer la France ?
-Ben, oui. Car rien d'impossible en France, mon Roland, et surtout pas la connerie.

Les guerres napoléoniennes  feront 1 million de morts, les invalides comptant pour du beurre, tous paysans patoisants ou peu s’en faut, la France étant agricole et pastorale. La Cévenne aura donc contribué largement aux guerres du bicorne encorné de Joséphine. 

Ensuite? Ensuite, l’agriculture de montagne périclitera et seul subsistera le pastoralisme, et c'est pourquoi on sacrifiera le loup pour protéger l’agneau. 
Addonc, Messire Loup ayant déserté nos bois et nos forêts sera bien vite remplacé par ce cochon de Sanglier.

Disparu de France, on vit donc Messire Loup suivre les armées napoléoniennes. Comment fit-il pour traverser fleuves et rivières ? Nul ne le sut jamais mais, à cévenol, rien d’impossible. Il n’en demeurera pas moins qu’à la Bérézina il se vengera de tous malheurs et frustrations qu’il subit en Cévennes, en déchirant à pleines dents tous chevaux et retardataires de la Grande Armée, ou de ce qu’il en resta après le passage des russes. 

Et, depuis la disparition du loup, le climat redevint clément et on ne parla plus alors que de douce France, ou lorsqu’il gelait on évoquait un froid de canard mais tous, et surtout le Petit Chaperon Rouge et sa Mère Grand, quoiqu'un peu moins, tous regrettèrent le loup.
L’hiver russe devint impossible, et il y fit tant froid que l’expression cévenole d’antan de froid de loup devint sibérienne.

Devenu innommable, tout comme Depardieu, le loup se fit Russe et laissa place en Cévennes. Et, qui va à la chasse perd sa place ! Ah !
Alors, le sanglier, issu de Pologne, suivit  la Grande Armée, apprit nos us et coutumes et fit de la France sa nouvelle patrie. 
Comment ce cochon fit pour traverser fleuves et cours d’eau ? Il sait nager, que diantre. Pourtant...

La pression sur l’écosystème commença  à se faire sentir même si, à l’époque, l’animal avait eu la présence d’esprit, et la bonne idée de ne nous faire qu’un marcassin par an. En estimant que la vie des ces animaux à maturité sexuelle est d’environ 10 ans, que Dame Sanglier est en droit d’espérer la joie d’une dizaine de grossesses portées à terme, que la mortalité enfantine (si l'on peut ainsi dire) est de 50%, une maman laie peut espérer mettre au monde 5 futurs gras et gros sangliers.
L’évolution démographique du sanglier était égale à celle de l’homme. Sauf que…

...sauf que les guerres creusent les rangs des humains. Pas des sangliers, parce qu’en temps de guerre ou de troubles civils, la chasse est interdite.

Comptons sur nos doigts : la colonisation de l’Algérie durera de 1830 à 1871, on nous le concèdera sans chipoter. 1870-71 rappelle la belle peignée avec les prussiens. 14-18, match nul au niveau des morts, cette fois ce seront les allemands qui perdront. 

mettons au pot la guerre du RIF au Maroc, 1939-45, et encore les teutons qui prennent de mauvaises habitudes, puis l’Indochine de 1945-54. Après ? 
Après ? Mais, ce seront les « évènements d’Algérie » jusqu'en 62. Plus de soldats et donc moins de chasseurs et qui n’ont pas l’efficacité d’une armée quoiqu’on en dise. Et, si au moins on pouvait compter sur la grippe asiatique et la myxomatose. 
Mince, alors : le sanglier en est immunisé !

Réglons ce problème cynégétique : rien de plus facile. Créons des Sociétés de Chasses pour faire baisser la pression du sanglier sur dame nature. Oui, mais le chasseur aimant avoir du gibier à disposition sur son territoire de chasse, mais pas sur celui du voisin nourrit, illégalement ces animaux sauvages. Et, qu’à cela ne tienne, pour avoir plus de gibier, il le fait proliférer, mariant truies et sangliers pour un résultat qui dépasse toutes les espérances.
Cela s’appelle le mariage pour tous. 

Ô Dieu ! Un sanglier avec un cochon ou une cochonne, c’est l’union contre nature. Et, en ce cas d’espèce, nous sommes d’accord avec Bob, évêque de Nîmes, Alès, Usez et environs : le cochon-sanglier, erreur de l’humanité, deviendra dix fois plus prolifique que le sanglier. Et, alors là, bonjours les dégâts. Ici, nous parlons de trois portées tous les deux ans de 10 marcassins à chacune d'elles.
 -Mais, monsieur le chasseur, avoir croisé sanglier et cochon, ce n’était pas raisonnable.
-Nous ne croisons pas, mon bon monsieur, chez-nous en pays cévenol et caussenard, nous ne chassons que le cochon. Et on ne tue que le cochon à la chasse. Exclusivement le cochon.
-Mais, ce sont des sangliers, vos cochons !
-C’est vous qui le dites, Monsieur. Alors, croiser le cochon sauvage et d’élevage entre-eux ? Ailleurs, oui. Ici, non !
-Mais, vous nourrissez vos sangliers, monsieur…
-Vous voulez parler du cochon, n’est-ce pas ? Ailleurs, oui. Ici, non !

Peut-on en vouloir à la chasse et s’étonner de tant de candeur affichée par nos gentils chasseurs ?

Nos Cévennes, le cédant à la modernité ont laissé choir l’agriculture moins rentable que la rayonne et le nylon des bas de luxe, le sanglier ravagera les plaines languedociennes du plat pays et, comme le parpaillot avait compris que le réduit cévenol le protégeait de toute poursuite royale, quelque Société de Chasse ou Dragon qu'elle lançât à sa poursuite pour l'assagir.

Grâce à l’intelligence de l’homme, on a éradiqué le loup, déséquilibré l’état de nature et permis le croisement du sanglier et du cochon, et par la main de l’homme experte en grosses imbécilités, nous avons le co-sanglier, ravageur des cultures. Notons encore des Restaus ouverts en période hivernale pour ces pauvres bestiaux.

Sachant que dans un village à 9km du Vigan, que je nommerai pas, ne voulant pas me faire d’ennemis gratuitement, et qui compte moins de chasseurs que de doigts de pieds et de mains, nous avons deux sociétés concurrentes, que certains propriétaires interdisent la chasse dans leur enclos, vous pouvez en déduire que certains co-sangliers, les plus futés, ont élu domicile ici, plutôt qu’ailleurs. Ce petit village a très bonne presse auprès de la gent cochonne. Voilà pourquoi le cochon...

Mais, moi je dis : "Et si nous réhabilitions le loup en Cévennes et qu’on le rapatriait de Russie ?" Mais, non. Pas le Depardieu, bon Dieu ! Le gentil loup, celui qui nous croquerait à belles quenottes tous ces petits co-marcassins si trognons. Excusez, mamans laies. Excusez pour vos bébés. 
Et, en se tapant dans la foulée un agneau, passant près de l'onde claire du ruisseau de la Fontaine, ferait que la race pachydermique familière disparaitrait dans les 10 ans. Ensuite, on pourrait faire des battues au loup. Et tous les 10 ans recommencer le cycle infernal.

Mais, dites donc, à quoi peuvent bien servir les lieutenants de louvèterie de France depuis que Messire Loup à déserté nos communes cévenoles, quoiqu’il semblerait s'acclimater avec bonheur sur le Causse ? 
Et, pour ne toujours pas changer, ce sont bergers et chasseurs qui s’en plaignent. Pas les viticulteurs et les propriétaires fonciers. On se demande pourquoi les hommes ne sont jamais contents !

Disons donc : pourquoi pas quelques battues en plein hiver, en suivant la trace du loup dans la neige, méthode peu élégante, il est vrai, mais à la braconne comme à la chasse, nous ne sommes pas à un défilé de mode.
Et, en parlant de mode, un manteau et une chapka en peau de loup, à la sibérienne, à la russe, pour se venger de la Bérézina, non ? Ce seraient les grognards de Napoléon qui auraient apprécié.

Alors, pour que le monde soit plus parfait, faisons, une fois n’est pas coutume, le bonheur du loup. Car, comme me disaient les cochons et leurs chasseurs, le monde ne serait vraiment pas parfait si, en plus, on ne pouvait faire du bien à l’homme qui chasse le loup qui est un loup pour l’homme qui ne chasse pas le loup.

Le Vigan le de l’An de Grâce 2013. Rolando.
PS: Certains voudraient, en lieu et place du Loup russe, importer les dingos d’Australie. C’est à étudier. 
Un quidam dit que ce serait le chemin de fer qui a fait disparaître le loup de France. En effet, son arrière-arrière-arrière grand-père faisait fuir les loups qui le suivaient en frappant deux morceaux de fer l'un contre l'autre. Je dirai... bof. Mais, c'est logique vu qu'en Russie et en Pologne il n'y aurait pas de trains, mais des loups. Ce n'est pas moi qui l'affirme. Je ne suis que le gentil colporteur cévenol.

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