samedi 24 août 2013

Pastoralisme touristique* !


Les touristes au pacage. Argumentum : où il est dit que des américains, peu argentés, à l’occasion de l’inauguration du belvédère de Blandas, découvrent sans s'en étonner outre mesure en ne saisissant pas toutes les nuances de l'humour français, qu’ils sont les seules brebis à tondre dans notre région.
Nous attendons les brebis néo-zélandaise. Comptage des bêtes au belvédère pour le gavage au restau. Puis les bergers-serveurs vous tondront ces mérinos de leur note salée.
Ensuite, pacage au Cirque de Navacelles.

John, au belvédère du Cirque de Navacelles, sans voix devant le site grandiose et l’accueil de la France, dit simplement :
-J’aime la Fraaaance, Susan !
Et, pendant que John s’émerveillait à la vue du Cirque de Navacelles, le discours des élus faisait froid dans le dos de Susan, elle qui comprenait. Elle n’a pas osé traduire sur le coup de l’émotion.
-Il faut vider le porte-monnaie des touriste ! disait l’un des élus (1) en inaugurant ce bâtiment, verrue honteuse qu’ils avaient voulue comme pompe à fric à touristes.

L’autre élu, moins voleur mais plus gardien de pourceaux que de brebis ajoutait :
-Pour cela, il faut les traire ! (2) Il ne savait pas que les cochons ni ne se traient, ni ne se tondent et, qu’à défaut de les traire, pourquoi ne pas traiter convenablement nos invités ? Ô! porcagnasse (3).

Quand au représentant de la France, qui n’avait jamais rien fait de ses mains, à part d’en serrer :
-Avant de les traire, il faut les faire brouter (4). Effectivement, quand on n’est qu’un lapin nain doté d’une petite queue courte et touffue… Allez, va te soulager et laver ta pogne dans le rince-doigts de la préfectorale, fatigué, va !

Il était une fois un gentil américain from the USA, John qui travailla tant et tant qu’il parvint à emmener sa femme en voyage de noces. Avec plus de 30 années de retard, mais cela en valait la peine. 30 ans, c’est bien long mais, quand on aime, on ne compte pas. Pourtant, quand on n’est pas riche…
-Et, pourquoi ne pas faire un périple en France, maintenant que les enfants sont grands ?

Un voyage de noce mais aussi un retour en Normandie vers les souvenirs de son père qui lui avait tant parlé de ce grand-père mort d’avoir cru à la Liberté. Mort en foulant le sol de France. Et roux, comme lui.
John fit donc toutes les plages du débarquement du D-Day, avec Susan sa femme et s’arrêta plus longuement à Omaha-Beach. C’était là que son grand-père avait débarqué, sans nul doute, pour disparaître, ce qu’avaient dit les visiteurs de l’US Army à sa grand-mère.
Puis, on alla à St Michel, l’abbaye, Paris et ses monuments au mois d’août, le Sacré Cœur et la tour Eiffel. Après, descente rapide sur le midi en voiture de location, une nuit à Saint-Flour, la perle nichée sur son rocher, cathédrale noire en étendard visible de loin, comme un défi. Ensuite, arrêt sur le belvédère du viaduc de Garabit, saluer Eiffel et, plus tard, traversée du Pont de Millau.

A un moment, Susan fit obliquer John et quitter l’autoroute vers le petit village caussenard du Caylar pour prendre une chambre à l’hôtel, se rafraîchir et se reposer un peu. Elle s’était prise de tendresse pour ces paysages karstiques et désertiques du Causse et avait noté sur un dépliant touristique une cité templière.
-Oh, John, here we are…  and, look !
Pendant que John conduisait, elle lui avait montré la photo de la cité templière. La Couvertoirade. A visiter. D’accord ? John sourit à Susan et opina, sortit de l’autoroute, hésita quelque peu à s’orienter dans le village, à droite, à gauche, puis s’arrêta près de l’hôtel.

Le soir, au restaurant, comme elle comprenait un peu mieux le français que son mari, Susan s’enquit des templiers puis on lui parla du Cirque de Navacelles, à peu de distance, des bergeries, des moutons, des lavognes…
-Et, par le Départementale 999, vous pourriez rejoindre Nîmes et la mer, au Grau du Roi. A visiter, Madame. Pour ce qui est de Nîmes, je ne vous parlerai pas de ses arènes romaines les mieux conservées au monde ! Et le Jardin de la Fontaine.
-Et puis, darling, demain, nous irons au Cirque de Navacelles. Classé au patrimoine de l’Unesco ! Je l’ai lu dans la revue du « Club Cévenol ». Oh, chéri, j’aimerai aussi visiter Nîmes. S’il te plaît !
Et, tout ce qui ravissait Susan, plaisait à John. Ils découvraient la France et lui en aimait encore plus Susan, sa femme.

Le lendemain, ils visitèrent la Couvertoirade (pas de descriptions aujourd’hui, les ânes me font braire (5)) et, en passant au Vigan, assis à la terrasse des Cévennes, après m’avoir demandé quelques renseignements sur la région et leur route, ils me racontèrent cette histoire du Cirque de NAVACELLES. Ils y avaient assisté à tout ce cirque. Un moment dans leur vie. 
John n’avait pas tout compris de cet humour français si gracieux. Suzan en avait bien saisi la grossièreté d’ivrognes, mais elle en riait encore. Son John, un mouton… d’un mètre 90. Un loup roux, oui !

J’ai tenté de leur expliquer Georges FRECHE, ce malencontreux Président du Languedoc-Roussillon qui avait attrapé la septimanie, une maladie orpheline ressemblant au syndrome de Gilles de la TOURETTE. Et qui vous insultait tout un chacun : sa famille politique, l’ancien premier ministre Laurent FABIUS, les socialistes qu’il voulait pis que pendre, tandis que ses électeurs étaient des cons, et les harkis des moins-que-rien, devant le Jack LANG, notre ci-devant ministre de la Culture qui n’avait rien entendu, craché, juré ! Madame de la musique est malentendante. 
Gros menteur, va !

D’accord, Frèche, la grossièreté personnifiée mais d’un cocasse parfois bon enfant, ne s'appuyait que sur sa canne, en rigolard tonitruant. Quand il se foutait de vous, son rire emportait tout sur son passage. Gargantuesque. Alors, on arrivait à lui pardonner, et on le regrette parfois, pour ce rire, surtout. A sa mort, il a légué son héritage d’insultes à ses successeurs socialistes. 

C’est ce droit d’aînesse bien français que notre élu régional rencontré au Cirque de Navacelles a touché en juste part. Il en a fait profiter l'élu départemental et le représentant de l’Etat qui ont, eux aussi, confondu ainesse avec ânesse. Bâtés, ils sont tant bêtes que, broutant luzerne en ripailles, leur panse aura gonflé avec leur tête avinée. Ils exploseront, dans un rot d'ivrogne, de leur connerie qui ne fait rire qu’eux.

Dommage que Frèche ait oublié de leur laisser sa canne et sa drôlerie. Dans un sens, rien de plus normal. Il n’aimait pas les socialistes. Ce sont des cons, disait-il. Doit-on le détromper maintenant qu’il n’est plus parmi-nous ? Devrait-on le regretter ? A-t-on gagné dans l’échange ? Que nenni, Susan !

D’accord… admettons encore. Doit-on excuser ces représentants bien fatigués de leurs libations ? On ne va quand même pas se gêner, avec le pognon des contribuables. Alors, un tribun bien bourré (pas niqué, quoique, comme dit Youssef, mais saoul, pour nos amis traducteurs), ce tribun dérape toujours. Et quand il s’est bien fait accompagner d’autres soulards inaugurateurs, alors, 12 verres ça va, mais 15 verres, bonjour les dégâts. Hein, Bourquin, pas vrai Alary. 
Hé toi, le représentant de François Hollande, le Préfet, t’as pas honte de vouloir faire brouter nos gentils touristes ? Ivrogne, va !

-Bull-shit ! Disait John, en saisissant.
-Je ne comprends pas votre mari, Madame !
-John dit merde. Sorry !
-Les seuls à devoir s’excuser sont ces représentants indignes de la France, John !
-Mon grand-père était une brebis en 1944 ! Et l’herbe de son cimetière normand est plus verte qu’ici.
C’est vrai, qu’en Languedoc-Roussillon, nos représentants sont des bêtes politiques. Bêtes à manger du foin ! D’un autre côté, on ne peut les blâmer : l’inscription des Causses et Cévennes à l’Unesco s’est faite sur le thème de l’agropastoralisme alors, à force de côtoyer les moutons que nous sommes…

De le Vigan le    août 2013. Quand on voit la cagade (6) qu’ils ont faite du Pont du Gard. Se faire traire pour l’aller admirer, se faire tondre ensemble français et touristes ! 
Après l’œuvre des romains, ils s’attaquent maintenant à celle de Dame Nature, le Cirque de Navacelles. Au secours, Astérix ! Au secours, Obélix !
Non, pas toi, Depardieu. Vade retro conno ! (Pas de trad : le Gérard lit le latin et sait qu’on l’estime).

(1) Bourquin, Président du Languedoc-Roussillon, le bien nommé N’a que deux oreilles agrémentées d'une longue queue. Mais alors comment réfléchir avec ces pendants encombrants ?
(2) Alary, Président du Gard, prénommé à sa naissance Han-hi-han. Si sa nourrice pouvait nous donner le pourquoi, nous ne mourrons pas idiots. Comme lui.
(3) Porcagnasse. Un type plus sale qu’un porc.
(4) Le Représentant (bâté et monté) de Monsieur le Président de la République, François Hollande, qui se commet en ivrognerie avec ses deux comparses, le représentant dont le commerce n’est pas bienvenu. Avec lui, c’est l’écho car, tout ce que disent nos ânes Bourquin et Alary, mon âne le redit, Monsieur, l’encombré de sa suffisance.
 (5) En parlant d'âne, voyez Les Métamorphoses ou L’âne d’Or parlant de Lucius, ce jeune homme qui, curieux de tout, fut métamorphosé en âne suite aux erreurs de manipulation magiques de sa belle maîtresse Photis. Un beau texte que vous pouvez trouver sur Internet. L’auteur Apulée ou Afulay est berbère, né entre 123-125 après J-C, mort en 170 après.
(6) Les cagades ou merdes.

Dessin de René BOUSCHET (R&B) =  Elle : -Quitte à être prise pour une vache, je préfère retourner en Normandie !
Lui : -Là-bas au moins, ils ont de l'estime pour nous !

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Quelques extraits de «l’Ane d’Or » d’Apulée, pour nous laver les yeux et les oreilles de tant de conneries officielles.
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LIVRE II. Argumentum. 2/6. (-Etre initié aux arts de Pamphile, la magicienne, tu es avide de merveilleux, Lucius. Point d’intrigue amoureuse avec ton hôtesse, la magicienne. Méfie-toi. Mais, il reste Photis, la jeune chambrière, la friponne piquante, qui aime à rire et pétille…kgp).

-Allons, Lucius, me disais-je, tout en courant comme un fou, courage et présence d’esprit ; voici l’occasion tant souhaitée. Tu vas t’en donner de ce merveilleux dont tu es si avide. Ne vas pas faire l’enfant ; il s’agit de traiter rondement l’affaire. Point d’intrigue amoureuse avec ton hôtesse. La couche de l’honnête Milon doit être sacrée pour toi : mais il y a Photis, la jeune chambrière, qu’il te faut emporter de haute lutte. La friponne est piquante ; elle aime à rire ; elle pétille d’esprit. 

Hier au soir, quand tu ne songeais qu’à dormir, ne te conduisit-elle pas très officieusement à ta chambre ? Et quel empressement ! délicat à te déshabiller, à te couvrir dans ton lit ! Ce baiser sur ton front, cette expression dans son regard trahissaient assez son regret de te quitter. Maintes fois, avant de sortir, elle a fait une pause, et regardé en arrière. Allons, j’en accepte l’augure. Arrive que pourra, j’aurai pied ou aile de cette Photis.
(II, 7) Tout en délibérant ainsi, et, comme on dit, opinant de mes jambes, je me trouve à la porte de Milon. Ni le patron ni sa femme n’étaient au logis. Mais j’y trouvai Photis, mes amours. Elle s’occupait à préparer pour ses maîtres un mets composé de viande hachée menu et d’autres ingrédients ; le tout se mitonnait dans une casserole à ragoûts ; et, bien qu’à distance, il en arrivait jusqu’à mon nez des émanations qui promettaient. 

Photis était vêtue d’une blanche robe de lin, qu’une ceinture d’un rouge éclatant, un peu haut montée, serrait juste au-dessous des boutons du sein. Ses mains mignonnes agitaient circulairement le contenu du vase culinaire, non sans lui imprimer de fréquentes secousses. Un branle voluptueux se communiquait ainsi à toute sa personne. Je voyais ses reins se ployer, ses hanches se balancer, et toute sa taille ondoyer de la façon la plus agaçante. Je restai là muet d’admiration et comme en extase. Voilà mes sens, du calme plat, qui passent à l’état de révolte.
-Ma Photis, lui dis-je, que de grâces ! quel plaisir de te voir remuer ensemble cette casserole et cette croupe divine ! Le délicieux ragoût que tu prépares ! heureux, cent fois heureux qui pourra en tâter, ne fût-ce que du bout du doigt ! La friponne alors, aussi gaillarde que gentille :
-Gare, gare, pauvre garçon, me dit-elle ; cela brûle, il n’en faut qu’une parcelle pour vous embraser jusqu’à la moelle des os. Et alors, quelle autre que moi pour éteindre l’incendie ! oui, que moi ; car je ne suis pas seulement experte en cuisine ; j’entends tout aussi bien un autre service.
(II, 8) En parlant ainsi, elle tourne la tête, et me regarde en riant. Moi, avant de lui obéir, je passe en revue toute sa personne. Mais que sert de vous la décrire en détail ? Dans une femme, je ne prise rien tant que la tête et la chevelure. C’est ma plus vive admiration en public, ma plus douce jouissance dans l’intimité. Et, pour justifier cette prédilection, n’est-ce pas la partie principale du corps humain, celle qui est le plus en évidence, qui frappe les yeux tout d’abord ? Cet appendice naturel n’est-il pas pour la tête ce qu’une parure éclatante est pour le reste du corps ? 

Je vais plus loin : souvent la beauté, pour mieux éprouver le pouvoir de ses charmes, se dépouille de tout ornement, fait tomber tous les voiles, et n’hésite pas à se montrer nue, espérant plus de l’éclat d’une peau vermeille que de l’or des plus riches atours. 

Mais de quelques attraits que vous la supposiez pourvue, si vous lui ôtez, (chose affreuse à dire ! nous préserve le ciel de la réalité !) si vous lui ôtez, dis-je, l’honneur de sa chevelure, si son front est découronné, eh bien ! cette fille du ciel, née de l’écume des mers, bercée par les vagues, elle a beau s’appeler Vénus, avoir pour compagnes les Grâces, et le peuple entier des Amours dans son cortège ; elle a beau s’armer de sa ceinture, exhaler le cinnamome et distiller la myrrhe, une Vénus chauve ne peut plaire à personne ; non, pas même à son Vulcain.
(II, 9) Que sera-ce si la nature a donné aux cheveux une couleur avantageuse ou un lustre qui en relève l’éclat ; de ces teintes vigoureuses qui rayonnent au soleil, ou de ces nuances tendres, dont le doux reflet se joue aux divers aspects de la lumière ? 

Tantôt c’est une chevelure blonde, toute d’or à la surface, et qui prend vers la racine le brun du miel dans l’alvéole ; tantôt c’est un noir de jais, dont l’émail rivalise avec l’azur de la gorge des pigeons. Lorsque, luisants des essences d’Arabie, et lissés par l’ivoire aux dents serrées, les cheveux sont ramenés derrière la tête, c’est une glace où se mirent avec délices les yeux d’un amant : ici ils simulent une couronne tressée en nattes serrées et fournies ; là, libres de toute contrainte, ils descendent en ondes derrière la taille.

 Telle est l’importance de la coiffure, qu’une femme eût-elle mis en œuvre l’or, les pierreries, les riches tissus, toutes les séductions de la toilette ; si elle n’a pris un soin égal de ses cheveux, elle ne paraîtra point parée. 

Cet arrangement chez ma Photis n’avait coûté ni temps, ni peine ; un heureux négligé en faisait tous les frais. Réunis en nœud au sommet de la tête, ses cheveux retombaient, gracieusement partagés, des deux côtés de son cou d’ivoire, et de leurs extrémités bouclées atteignaient la bordure supérieure de son vêtement.
(II, 10) La volupté chez moi devenait torture ; je n’y tenais plus ; et me penchant avidement sur le beau cou de Photis, à l’endroit où les cheveux prennent naissance, j’y imprimai un long et délicieux baiser. Elle tourna la tête, et me lançant de côté une œillade assassine :
-Ah ! jeune écolier, vous prenez goût à ce nanan ; tout n’y est pas miel ; prenez-y garde. À la longue, trop de douceur aigrit la bile.
-J’en cours le risque, ma chère âme, m’écriai-je ; pour savourer un seul de tes baisers, je suis homme à me laisser griller tout de mon long sur le brasier que voilà. Je dis ; et la serrant dans mes bras, je joignis les effets aux paroles. Mon feu la gagne, elle me rend étreinte pour étreinte, caresse pour caresse. Sa bouche entrouverte me prodigue le parfum de son haleine ; nos langues se rencontrent aiguillonnées par nos communs désirs. Ivre de ce doux nectar,
-Je meurs, m’écriai-je, je suis mort, si tu ne m’exauces.

Mais elle, m’embrassant de nouveau, me dit :
 -Rassure-toi ; tes désirs sont les miens : je suis à toi, et nos plaisirs ne se feront guère attendre. À l’heure des flambeaux, je serai dans ta chambre. Va rassembler tes forces ; car je veux toute la nuit te livrer bataille, et j’irai de tout cœur.
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Sur internet : «L’âne d’or ou les métamorphoses». Trad. dirigée par Désirée NISARD en 1865.
Publication sur Atramenta le 28.02.2013. Contributeur Jean-Baptiste MESSIER.

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