jeudi 25 décembre 2014

Le cadeau d'une peau-de-vache* !


Ce 25 décembre, jour de paix, je me suis offert un cadeau cousu-main. Pour clarifier la chose, je m’offre le plaisir de dire du mal de quelqu’un qui se pense être mon ami, moi qui le lui laisse croire uniquement par charité chrétienne. C'tte blague !

Au départ, on l’appelait «l'Anti-tique»  et cela nous faisait rigoler. Attention : ce surnom lui allait comme une mitaine parce qu’il était contre tout et tous. 
Voilà pour anti. Quant à la tique qui vous suce, elle s’imposait puisqu’à chaque rencontre dans la rue, il sautait sur les gens pour se gonfler d'importance par les discours de ses combats perdus d'avance.
Certains ont fait la remarque que, depuis, il a pris un beau bide*.
*Oui, on peut le dire, pour le bide.

-Oui, mais, pourquoi Anti-moine ?
Mais, tout simplement parce que, comme l’antimoine, un vieux toxique toujours trop méconnu, ce type-là, à force d’être contre tout, vit aujourd’hui seul comme un ermite. Ou un moine.
Ce gars, c’est un neurotoxique qui, à chaque fois qu’il attelle une charrette, la charge de discours ennuyeux…
-Attends, une charrette, c’est quoi ?
-Une charrette ? Mais c’est quelqu’un que tu rencontres dans la rue, qui est pressé et à qui tu tiens la jambe, et qui n’ose pas... Tu comprends ?
-Tenir la jambe, tu sais, moi, la fatigue du Réveillon du 24…
-Ben, tenir la jambe de quelqu’un, c’est l’empêcher de s’en aller. Tu vois, tu lui racontes ta vie ou une histoire à dormir debout sur les voisins qui, que… et lui, ça ne l’intéresse pas mais, poli, il n’ose pas t’envoyer bouler et se tirer de là. Tu vois ?

-Mais, ton copain, il n’est pas contre tout, que je sache. Et puis, il faut être pour à un moment donné, quand même !
-Non, tout. Contre tout : contre les gaz de schistes, par exemple.
-Normal, non ?
-Attends : il est contre tous, aussi! Contre les organisateurs des manifestations contre les gaz de schistes, dans le même temps. C'est à n'y rien comprendre. Ah, tu vois !
-Pas possible ! Il était un des organisateurs avant de se faire virer, on parie ?
-Non, tu ne te trompes pas. Attends, attends, je continue. Il est contre la politique de Hollande. Toute sa politique. Je te jure.
-Il ne serait pas socialiste, au moins ? Il a sa carte au parti, hein ?
-Si. Mais il est contre les dirigeants de sa section. Et pas tout contre, tu peux m’en croire !

-Il est pour quelque chose, au moins ?
-Oui. Il est pour le mariage pour tous, faut le reconnaître.
-Tu vois bien qu'il est pour quelque chose, pour une fois !
-Sûr, mais d’un autre côté, il est farouchement contre les organisateurs des manifs contre le mariage pour tous. Ah, tu vois encore.
-Là, c'est normal !
-Certainement. Mais il est aussi contre les réseaux de distribution de l’art, les musées, les vernissages dans des lieux clos.
-Non, mais… il a créé une association pour des expositions de peinture dans la rue.
-Exact. Mais il s’est fâché avec tous et personne ne veut le suivre, alors les expositions, finies.
-Je sais. C'est le monsieur des lettres recommandées et des mauvais procès à ses voisins, aux commerçants, et que sais-je encore !
-Je ne savais pas ! Mais, ça lui ressemble.

-Tu vois bien qu’à force d’anti, il finit moine.
-Si je te comprends, ce serait une cane qui aurait une foultitude de canetons débiles à redresser, qui se fâcherait avec tous et ne comprendrait pas pourquoi ils ne veulent pas la suivre. Exact ?
-Oui, parce qu’il ne se comporte pas comme une bonne cane qui aurait  compris qu’il lui suffisait de s’occuper de tailler la route, tête droite sans trop s’occuper des autres pour que les canetons la suivent affectueusement.

-Et pour les crèches ? Il est contre, à mon avis ! Je me trompe ?
-Non, pas du tout. Ce n'est pas tant la crèche qui l'ennuie que le petit Jésus. Faut pas le mettre hors de l'église, il risquerait de prendre froid. Moi, je lui dis : tu ne penses pas qu'il faudrait démolir les église et cathédrales qui empiètent sur le domaine public, dis mon ami, laïcité oblige, tu es d'accord ?
-Et qu'est-ce qu'il te répond ?
-Gilles, arrête de te foutre de ma gueule, s'il te plaît!  

Même que Fanny, qui vient tout juste de rentrer du Mali pour les fêtes de Noël lui a dit :
-Mon cher, savez-vous que mon bon ami (c'est moi) et moi adorons mettre le petit Jésus à la crèche, surtout pour la nuit de Noël ?
-Et, que lui a-t-il répondu ?
-Madame, il faut laisser le Jésus dans l’église, et ne comptez pas sur moi pour le mettre à la crèche.
-Vous êtes à plaindre, mon pauvre Monsieur. Vous devez-être bien seul !

C’est vrai que si le copain pouvait s’occuper de lui en priorité, sa vie serait moins pleine. Mais à choisir, il préfère ennuyer que s'emmerder ! Ou emmerder que s'ennuyer. Bon, que ce monsieur choisisse ma formule-cadeau à sa convenance, mais que sa vie doit-être tristounette !
Sachez, en tous cas, que la charrette n’est pas obligée de se laisser charger de fadaises et, qu'au lieu d'opiner par politesse, elle ferait bien mieux de se tirer de là. Vous me direz que la gentillesse en l'affaire...

Maintenant, Monsieur, on ne l'appelle plus l'Antimoine depuis qu'on l'évite. Et c'est bien plus charitable de ne plus le surnommer.
   
Cadeau de Noël en peau-de-vache que Gilou s’offre et veut bien partager avec Anna-Maria, à 9h35, de son lit* en ce jeudi 25 décembre.
                        __________
*Ndlr: "l'Australie demande précisions!" (2h45 ce 26/12, heure française) dont acte :            
-Eh,oh, de l'Australie, Nany Mary-Ann n'a rien à craindre du Gilou. En effet, quand il dit "de son lit", c'est bien du sien qu'il s'agit. Et quand je dis "du sien", sachez que c'est bien de celui de Gilou qui ne le partage qu'avec Fanny, et encore quand elle est de retour du Mali. Amitiés, G.P-K.

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