vendredi 10 juillet 2015

La fée Caramba ! - 5


Caramba y Caramba...
 

- Oh, que vous êtes à plaindre, Monsieur... Monsieur ?
- Henri, comme "dévarié" par nôtre démonstratrice d'à peine1m60 ne savait pas qu'on la surnommait Caramba et, même à connaître son prénom, pour ce qu'il entrevoyait de l'utilisation de cette môme-là, le monsieur montrait à l'évidence qu'il n'était qu'un homme normal que la galanterie étouffait, et cela lui suffisait.
Pardon ? Le terme d'utilisation vous choquerait-il ? Alors, disons qu'Henri hésitait fortement sur le type de relation à plus ou moins long terme à mettre en place avec cette nana-là, et nous pouvons le comprendre :

- Je me la tape ? D'importance ? Si oui, j'en fais quoi après ?
Comprenons que, prévoyant, nôtre déjà bien sympathique Henri n'avait pas envie de se coltiner un pot de colle. Il savait par expérience que les filles, souventes fois ne le paraissaient pas au tout début... Après ? Mais, elles font toujours de si belles mariées. Et on finit par s'y faire, à l'usage.  

Parlons-en des hésitations d'Henri, et ici on voudra bien excuser ma franchise et cette toute petite touche de poésie, mais la croupe conséquente d’Alicia mise sur une bascule, la vue de ses seins tels nids douillets mis en balance plus pour faire bon poids et ces yeux si confiants comme seules savent les rendre nos ingénues, les fausses plus particulièrement, n’était-ce pas promesses d'un bon dodo, et pouvait-on atermoyer, reculer ?

Et qu'aurait pu dire de plus Henri, si ce n’est : « Ouah, la môme ! ».
Hardi, mon gars. Souque ferme ! 

Devant tant d’appâts, le drôlet ne pouvait se résoudre à cesser de jouer au yoyo en plongeant tête la première dans le décolleté pour ensuite remonter à la surface, prendre un grand bol d’air à rêvasser sur les lèvres légèrement peintes de la dame, puis à se noyer dans ses yeux d'amoureuse. Et la chose recommençait en partant de plus en plus bas encore pour remonter et suffoquer, nez dans deux seins fermes, effleurer deux lèvres moites de rosée et de désir puis se noyer dans deux yeux immenses, et ceci à n’en plus finir que c’en devenait si fatigant qu’il fallait que cela cessât.

- Mais, pourquoi ce lipstick d’un rose si discret, et pas un rouge pétard ? Henri en sa culture brut-de-décoffrage, ne connaissait ni le rouge vermillon, ni le rouge… euh, ni le rouge…ben, la vie ne lui avait appris que le rouge pétard.

Curieusement, ce tendre rose d'Alicia lui rappela la fille qui l'accosta à Pigalle durant son service militaire et qui lui avait glissé à l’oreille qu'elle avait été plus que comblée. Non, non, pas que par l'argent ! Lui se rappelait parfaitement son dernier billet de cinquante francs déposé délicatement sur la tablette de nuit de la mansarde et ne pouvait croire, alors, celle qui se rosissait délicatement les lèvres et se poudrait si légèrement le nez pour l’empêcher de briller. 

L'avoir comblée. Non, mais dites-donc !

- Un bâton de rouge à lèvres, c’est rouge, non ?
- Des lèvres rouge incendie ?Pourquoi ne pas se mordre les lèvres jusqu’au sang en faisant l’amour ?… J’en parlerai aux filles. Intéressant pour le client !
Mais, pourquoi ce rose à lèvres ? Pour moins exhiber sa raison sociale ? Soit, mais le regard de la fille et son grand sac suffiraient amplement à la désigner à ses clients. 

Maintenant, en observant mieux le maquillage de la dame des supermarchés, il sut que la travailleuse sociale d’antan ne lui avait pas menti et l’équation se résolvait d’elle-même : Alicia aimait pleinement la vie et donc l’amour, et aimer, c'est mourir d'amour pour mieux en jouir. Pourquoi mourir en aimant ? Mais pour que ce soit le dernier amour, le plus grand, le plus beau, le seul.


Pour Alicia, aimer c'était mourir absolument. Et pour bien signifier qu’elle ne trichait pas, elle se colorait les lèvres en rose, couleur de la vie et du plein amour. Et, qui me condamnerait, pensait-elle, d’aimer ça ?
Et le pauvre Henri (il était chômeur) comparant avec le maquillage de sa femme, ne connaissait pas encore le
trompe-l'oeil. Dommage.
-Trop de rouge qui déborde pour se donner une bouche plus grande. Et elle se démaquille pour se mettre au lit mais garde toujours son rouge à lèvres !

Depuis, le quidam s’inquiétera de la couleur des dames de rencontre et en tirera une règle qui ne souffrira aucune exception sur leurs peintures de guerre. Peintes en pétard ostentatoire avec débordement du pinceau, elles mentaient sur leur sexualité, comme les hommes qui en parlent trop. Discrètes en rose tendre ? Un coup, et même un bon coup qui valait le détour.


Alicia était-elle belle ? Je ne le pense pas. Par contre, elle avait du chien et les hommes l'auraient qualifiée de sexe-symbole, ou je ne sais quoi encore. Première cause d'ennuis pour ces dames.
Ensuite, cet appétit de la vie sans retenue aucune, Alicia était une nature.
Et puis, il n'est pas d'amour heureux, dit le poète. Truman Capote rendit heureuse Alicia, par amour puis lui causa un grand chagrin, par désamour, mais était-il seul responsable ? N’était-ce pas les prédispositions naturelles de la dame et son avidité à démontrer aux clients qu’à mordre dans la pomme, il suffirait de le vouloir et qu’elle aimait l’amour en toute déraison ?

Oui, aimer en toute déraison, c'est aimer véritablement mais Caramba n'aurait-elle pas dû se protéger des chagrins avant que de s’attacher à tous les coups, sans compter les plus jeunes. 
Halas ! L'âge avancé de nôtre midinette devenant un « tue-l’amour » causait son propre malheur car ce n'est pas à 48 ans que l'on commence un flirt avec plus jeune que soi.

Tiens, faudra que je demande à Pierrot le pourquoi de sa désertion de tous les Hyper et Supermarchés, Lidl excepté, et que ce soit maintenant sa femme qui soit d'astreinte. Alicia y serait-elle pour quelque chose ?
Autre chose encore, Pierrot ? Nous le diras-tu ?  

Mais, de ce rose à lèvres somptueux, vous en ai-je déjà touché un mot ? Ah, bon !
 
A suivre.

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