mardi 28 juillet 2015

La fée Caramba ! - 6

Alicia se marie en blanc

Je m’étais promis de faire une fin heureuse à la fée Caramba tout en laissant, par une artifice bien connu d'auteur, vos interrogations sans réponses. Par exemple, vous vous inquiétiez de savoir si Caramba a existé, et ou se situerait son histoire, mais, que vous importe ? Alicia est la fée Caramba ! Point barre.

Etait-il nécessaire de s'appesantir sur nôtre ressenti ? Vous avez aimé Caramba, aussi lui devons-nous plein de bonheur. C'est dit. 
Il nous manquait toutefois un final heureux à cette histoire inventée de toutes pièces, et je vous devais ce cadeau d'amitié pour vous qui, prenant plaisir à suivre Alicia m'avez rendu heureux d'avoir, enfin, des lecteurs assidus. Aussi, amusons nous de conserve.

Donc, j'avais bien prévu ce dernier épisode de la série des Caramba, mais balançais entre laisser le destin faire son office, vous offrir un final poétique à l'image du charme de Caramba, trouver une morale religieuse grinçante ou écrire doctement, et je m'en sentais capable, une fin plus philosophique, triste et geignarde à l'image d'Alicia en ses amours qui se meurent inéluctablement... comme toutes les amours naissantes.
Nous pouvions aussi nous plonger entier à nous salir dans la gadoue de la gaudriole et tous grincements de l'humour noir, que sais-je. Il nous restait encore la possibilité d'une fin banale comme la vie sait offrir.

Chagrin, je m'ouvris de ce dilemme à Bon René :
-Ami de la Belle Province, achevons Alicia, le voulez-vous ? Oui, vos propositions ?
Pendant que René réfléchit, situons la Belle Province au lieu dit Prat-Coustal, en Cévennes, sous le col de la Cravate. 
-Ce que j'en sais, moi ? Un final en bubble-gum, pourquoi pas. Non? Une morale souple en bouche... 
Pardon ? René ne précisera pas. Quant à Américo et Rolando, la Caramba, ils n'ont pas apprécié du tout.
-Mais, qu'elle est con, Gilou ! pour l'un et, Bof ! pour l'autre. Oui, Pierrot ?
-Elle est bien foutue, Alicia. Moi je trouve. C'est vrai, Pierrot. C'est cela.

Pour complaire à René et Américo, je vous proposerai bien la rencontre, pas tout à fait improbable, d'Alicia avec un jeune abbé italien, en soutane sans pli ni macule, tout en beauté. Et pour parfaire le tableau, la rencontre dans un supermarché où tout est possible comme me le suggère Pierrot perdu en ses magrets et camemberts, et j’en veux pour preuve Alicia et son Carambar…

Oui : suivez-moi donc pas à pas et le voyez ce choc de tous les possibles d'Alicia avec ce jeune abbé italien, de ceux que l’on trouve déambulant, comme à vouloir se perdre corps et âme dans le désert de la place Saint-Pierre et, comme dit si bien René :
-Ces demi-dieux païens qui se fringuent, que dis-je, qui se parent de l’habit sacerdotal taillé, retouché, revisité par Giorgio Armani avec cette simplicité vestimentaire si recherchée pour seul signe de pauvreté, le tout pour finir par se faire immanquablement remarquer des belles dames, égarée elles-aussi, mais on ne sait pourquoi et qu'on appelle les folles de la place Saint-Pierre, et qui ne gagnent pas à être connues, en dames patronnesses !
-T'énerves pas, René... t'énerves pas ! 

Bien : assis confortablement au cinéma, voila que le film se termine très mal pour le héros alors que vous ne lui souhaitiez que du plaisir avec la belle héroïne. On penserait même à le faire périr, nôtre mignon.
-Mais, de quel droit : j’ai payé place entière, sans réduction, messieurs de la production du film. Un peu d’égards, je vous prie, pour la clientèle !

Alors, moi sur l’écran de mon ordinateur, ami lecteur, je préfère que le mot Fin (Ndlr: End) de "La fée Caramba" s'efface pour laisser place au rêve, et c’est pourquoi tu n’auras que l’embarras du choix pour faire qu’Alicia soit la plus heureuse possible, et tu sais qu’elle le mérite, cette petite fée qui t’aura enchanté.

Mieux, même : et si nous priions pour que Caramba tombe éperdument amoureuse d'un bel émigré somalien, jeune, noir à souhait mais si miséreux d’avoir dû transiter par toute l’Italie puis le sud de la France, et si maigrichon car tant coursé par nos pandores et qui, par bonheur, finira caché et protégé par nos paysans cévenols en leurs champs d'oignons doux. Caramba le désire, ce petit noir : le voulez-vous prendre aussi ? 

Attention toutefois Alicia car, entre Ibrahim et Tonio, le choix te sera difficile, même si... mon Dieu, que le noir leur va bien... même si, bella ragazza, tu feras tintin et une croix sur l'abbé interdit qu'il est de mariage par le Saint-Père François. En ce qui concerne l'autre beau gosse, méfie-toi du coup du père François Hollande qui ne prise pas les nuances de gris que se créent amoureusement noirs et blancs.

Mais moi, que j'aurais aimé marier Alicia à Ibrahim ! Mais, la chose se faisait délicate car il eut fallu que je me renseigne sur les conditions d’immigration, les demandes d’asile, les tracasseries administratives, et que sais-je encore, sans compter le droit français concernant les mariages avec des étrangers hors CE.
Et, voyez que je ne savais faire pour éviter qu’une belle et tendre histoire d’amour possible ne soit considérée comme un mariage blanc...

Mais, rêvons : les tourtereaux se seront mariés en catimini mais, par malheur, Monsieur le Maire, se sentant l'obligé du Procureur auprès du Tribunal de Grande Instance, aurait prévenu ce dernier de l'outrecuidance des amoureux. Jésus, Marie, Joseph, protégez-nous de l'amour qui se fait, en 2015 crime de lèse-république en la France qui se pense encore l'héritière du siècle des Lumières et des droits de l'Homme. 

Pauvre petite France qui aura grondé et, pire encore, fait les gros yeux, puis cassé « la carta » ainsi que disait Fatima ma bonne mère, puis interné administrativement l'autre Ibrahim, avec retour à l'envoyeur comme si la loi devait s’immiscer dans l’amour, en toute suspicion. Légitime ? 
Ne me le faites pas dire…

Je vous le demande encore : l’union d’Alicia, la blanche et d’Ibrahim, le noir se pouvait-elle être considéré comme un mariage blanc ? Métissé et consommé, je veux car ils s'aiment. Mais, blanc… allons donc, et sachons raison garder, Monsieur le Maire et Monsieur le Procureur de la République auprès du TGI. 

Allons, Messieurs qu'on nomme grands, laissez nous croire à l'histoire d’amour d'Ibrahim, l'immigré et d'Alicia l'autochtone, en ne gâchant point le bonheur alentour.
Et pour parfaire ce conte de fée, suggérons à la République française d'offrir le voyage de noces de leur vie à ce sympathique couple de jeunes mariés par un aller simple pour la Somalie, le départ se faisant impérativement par Lampedusa, avec casseroles* accrochées au cul du bateau. 
Pour faire plus festif ? Oh, que oui !
*Petit billet d'humeur d'Américo, ce 31 juillet : "Bravo, Gilou d'avoir pensé aux casseroles pour écoper, au besoin ! Sait-on jamais ! Ibrahim te remercie."

Pour elle, robe blanche immaculée, signe de la pureté il va de soi car elle le mérite bien, et discret bandeau noir dans les cheveux. 
Pour lui, costume noir de Sappeur, cravate blanche, et rose Pierre de Ronsard à la boutonnière.

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