vendredi 29 mars 2013

Ma rivière au clair de lune*...


Le Vigan était, en ces années bonheur d’adolescence, petite cité balnéaire traversée par la plus belle rivière de France, balnéaire car les jeunes viganois (1) se baignaient sous le Vieux Pont. Ne me demandez pas pourquoi on a donné ce nom, à ce cours d'eau. La raison en aurait-elle été qu’elle traversait le petit village d’Arre ?
Sachez que, dans cette rivière magnifique, on venait de partout pêcher la truite sauvage...

En ces temps-là, Monsieur, nous nous retrouvions, comme des étourneaux ou de jeunes singes sur les rochers de la cascade dès après Pâques pour de joyeux bains, des pêches miraculeuses à la main et un bronzage sans aucune crème solaire, puis, en ces juillet et août pour des batailles rangées de reinettes que nous cueillions sur les pommiers alentours. 

Notre rivière n’était qu’un grand terrain de jeu et un grand égout collecteur de tout un bassin versant régional : tous les villages avoisinants, leurs jules et toutes les buses avec leurs jus se déversaient dans ce joli petit cours d'eau, que ce soit au clair de lune ou en plein soleil.

Que sont nos jules devenus ? Oh, simplement les pots de chambres des nuits cévenoles. Déversés !

Et, nous nous baignions avec bonheur dans ces eaux pures, claires dans lesquelles tous les jules de la région qui n’avaient pas fini leur vie dans quelqu’aven inconnu tombaient dans notre si jolie rivière tant poissonneuse, et, de temps à autre, le grand collecteur de Rochebelle s’amusait à nous pourrir la vie pendant quelques instants. Notre eau de baignade devenait soudain blanchâtre. M’enfin, on attendait quelques minutes que les eaux absorbent leur mangeaille et nous retournions nous baigner. Ou pêcher. Ou bronzer. Ou batailler en reinettes du Vigan. Ou du Canada.

Parfois, même, nous apportions un savon, une savonnette pour les plus sensibles et nous nous lavions dans notre petite rivière aux eaux si pures au clair du soleil. Cheveux, corps et fringues à la fois nous les faisions sécher sur les rochers de la cascade, la plus belle cascade du monde.

Et, que je sache, jamais personne ne s’est jamais plaint de furonculose ou autre saleté attrapée dans les eaux pas très saines de notre jolie petite rivière. Ni de quelque blennorragie chopée lors d’attroupements peu ragoutants, eux non-plus ! Mais, je te ne raconte pas, ami.

Je ne te raconte pas non plus le tas d’ordure près de la scierie, dans les années 50-60, derrière la gare et qui ne descendait dans la rivière qu’emporté par son propre poids, ou attendant sagement l’arrivée de quelque crue décennale pour aller polluer les rivages méditerranéens d'Agde.

Je ne te parlerai pas de l’abattoir municipal remplacé par l’actuelle école de musique. En ces lieux nauséabonds qui déversaient leurs tripailles et leur sang dans l'Arre à 100 mètres du Vieux Pont, lieu de pêche miraculeuse d’anguilles. Une belle puanteur !

Dans les années 70, en amont du Vigan, une station d’épuration a vu le jour sur la commune de Molières-Cavaillac. Pour traiter les eaux usées. Puis, elle a disparu lorsqu’on a construit la grosse station du Vigan, à 1,5 km de la ville, en aval.

Puis, on nous a affirmé que lorsque tous les petits villages du coin auraient été raccordés il n’y aurait plus d’ennuis : la rivière redevenait eau pure.
Ouah ! La rivière redevenait belle. L'eau n'était toujours pas buvable... mais la rivière était potable !

Seulement, malgré tous les artifices de puisage et de contrôle de la sainteté de l’eau, l’Arre est encore plus polluée qu’avant. Je vous jure. 
On ne parle pas de sanctification pour l’eau ? Comme la langue française est bizarre, ne trouvez-vous pas ?
On ne dit pas sainteté en parlant des salubrités de l’eau ? Vous êtes bien sûr ? On parle plutôt de propreté de l’eau ? Parce qu’on peut nettoyer l’eau… avec de l’eau ? Drôlatique !

Donc, des panneaux de la DDASS au lieu de baignade à Avèze, près du camping mettent en garde les possibles baigneurs en été : attention staphylocoques ! Mais, à l’endroit le plus usagé (terme peu usité sauf par votre serviteur) pour la baignade, à la chaussée de Rochebelle, point de panneau. Il faut dire aussi que les prélèvements de la DDASS se font au droit du trop plein de la source d’Isis. Ceci expliquant pourquoi  cette chaussée (cascade) serait moins fécalisée. On dit focalisé, ou fécalisé pour parler de rivière cacatisée ? Ne savons, mais !
(Les cascades servaient de départs aux béals d'irrigation et permettaient le passage à gué, d'où leur nom de chaussée. Voili-voilà).

Suis-je en colère de ne plus pouvoir me baigner dans la plus belle rivière de France ? Attristé un tant soit peu lorsque ma petite chienne Noémie se grattait jusqu’au sang après chacun de ses bains dans cette rivière polluée. Merde !

Ce n’est pas tout. Le long du chemin de la rivière qui va du pont d’Avèze à la Chaussée de Rochebelle (environ 500 mètres), il est des bouches d’égout. Qui rejoignent je ne sais quelle canalisation ou égout ou... et où ? Je pense que le tout s’arrête à la chaussée, car ce grand tout ne peut s’arrêter que là. C’est du « pour faire croire que…». Et je ne te parle pas des grands platanes qui bordent ce dit-chemin et renardent au maximum ces conduits "gouttants" dans la rivière...

Et ces regards avec des plaques d’égout boulonnées de chez boulonné !
Lorsqu’orage il y a, je vous suggère d’emprunter ce chemin de la rivière et vous vous rendrez-compte que les boulons ont sauté et que la merde se déverse joyeusement sur le chemin. Heureusement... peut-on dire en bon françois ?
Je pense que le terme est idoine! Et que la longueur du papier Q est d’environ trois unités (environ 30 cm). Mon Dieu, que j'ai le don d'observation ! Alléluia, Monsieur le Maire.

Serait-il possible que nos joyeux édiles et leurs maîtres d’œuvre aient oublié de séparer les eaux pluviales des eaux usées ? Mais, on ne pense à rien à la Communauté des Communes et dans les Mairies. Et donc, dites-moi à quoi on peut bien penser...

Alors, les orages de fin juillet et du 15 août, annonciateurs de cèpes abondants sont aussi source de pollution extraordinaire de notre si belle rivière.

Parfois, avec Rolando, nous allons observer notre station d’épuration qui a couté tant et tant et qui se permet à la belle saison, en août de préférence, de déverser sa grosse merde dans l’Arre, sans la traiter, au Rocher de la Mère qui n’en attendait pas tant de merde, la mère.

Et pour finir, j’attends toujours cette Commission extra-municipale annoncée par la Mairie de Le Vigan. Merde, de merde : quand pourra-t-on comprendre pourquoi cette si belle rivière est si polluée. Je m’y étais inscrit ! Merde de merde.
Inscrit à cette commission extra. Extra, vous avez dit ? M'enfin, Monsieur le Maire du Vigan, pas tant que cela !

Et, comme me dit Rolando, parlez-moi-z-en pas : 
Notre jolie rivière est encore plus polluée qu’avant. Merde ! 
Et quant on pense aux éco-dialogues viganais... Discutons ! Et ne faisons rien.

(1) Viganois écrit à l’ancienne, je vous prie de l’accepter. En ne fâchons pas le lecteur par la "déchetterie". 
Le nom de ma rivière, l'Arre, viendrait sans doute de l'or qu'on y aurait trouvé du temps des romains.

De mon café des « Cévennes », de cette si belle ville qui possède la plus belle rivière de France… Enfin, je suis si triste. Consolez-moi!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire