samedi 2 mars 2013

Le portrait dévoilé !


Dans les deux premiers volets sur la photographie qui vous ont tant intéressé, j'ai tenté de montrer que la photo n'était qu'un rapport entre deux sujet: photographié et photographiant, que les objectifs ne l’étaient pas tant que ça et que l’écriture de la lumière n'existait que par l'ombre et les rapports de gris.

Je vous ai aussi parlé des divers types de photographes, les apporteurs de lumières et ceux qui se contentaient de ce qu’ils avaient, les mitrailleurs, les "ceux" qui ne faisaient qu’un seul cliché…

Les fétichistes

... ne jurent que par leur marque et leur système d’appareil photo. Ceux de la Rolls-Royce, les Leicaistes, de la Ferrari les Nikonistes, de la Lamborghini, les Canonistes et tous les autres. Et je ne parle que du 24x36!
Moi, je suis Nikoniste pour le système de mesure de la lumière qui est le plus performant, le nombre d'objectifs et la luminosité des viseurs. Mais, j'ai aussi adoré les objectifs Leica! Les meilleurs... pour moi. Mais je n'ai que les moyens dont je dispose... Insignifiants. Mais Nikon? J'adore!

Ma façon d’appréhender la photo

...bien spéciale. Tous d’abord, sachez que je ne prise que le portrait. Pourquoi? Je n’en sais rien.
Parlez-moi pas d’un paysage. Je ne comprends rien à la beauté :
-Tu vois, ce talweg à nos pieds et ce petit chêne-vert et son ombre… Cette nostalgie. 
-Oui. Et alors?
-On dirait un petit chien en laisse, abandonné... et la masse des arbres, là-haut… La solitude. 
-Bof… Si on veut.

Donc, parlez-moi du portrait

...d’homme et de femme. Les enfants moins parce que c’est plus difficile à réussir. Rien à voir avec la beauté. Le portrait n'a rien à voir à l'esthétique... Non. Mes photos ne sont pas un en-devenir. Elles ne s'inscrivent pas dans le futur. Mes photos décrivent des histoires. Que des sagas! Enfin, je l’espère. Des vies de gens, des attentes, des espoirs et des échecs. Et parfois les réussites. Et la vieillesse inéluctable. Et la mort!

Et je tente toujours de percer des secrets, oh, bien petits secrets… Par exemple, comment ils se sont comportés avec leurs semblables… Etaient-ils cassants, tendres, affectueux, bons compagnons… Oui, cela se décèle facilement lorsqu’on est bon observateur.

Le regard

j’ai souvent remarqué que mon regard était gênant. Comme inquisiteur. C’est pourquoi, souventes fois je l’adoucis par de fausses lunettes de vue. Ou en regardant ailleurs. Eh, oui. Les lunettes adoucissent.
Enfin, pas les lunettes noires.
Ceux qui acceptent que je les photographie acceptent de me révéler leur nature profonde et je les en remercie. Parce qu’ils me font confiance et savent que je ne les trahirai pas. Avec mes photos j’ai le sentiment qu’ils sont heureux de se dévoiler, de dire leurs attentes, leur bonheur, leurs peines, leur coeur... par les regards. Et je, qui suis leur photographe, suis leur extérieur… leur ouverture au monde.
Alors, j’aime à y lire l’affection, la tendresse. Et je sais qu’ils aiment la vie et que la vie les aime.

Les regards qui se cachent ne montrent jamais le fond de l'âme. Mais, par le regard nous dévoilons toujours quelques aspects de notre en-soi inconnu. Nous nous découvrons l'un-l'autre en regards croisés! Mon approche de photographe se fait par ces regards timides.
Et, par cette pudeur des regards, je sais quand le sujet est prêt, quand je peux l'aborder, quand je peux lui proposer un cliché.
Je ne trahis jamais et ne montre que la beauté intérieure de gens.

Rendre la beauté visible

parce que l'âme, c'est le portrait dévoilé. Et la beauté intérieure? Le portrait!

Mon abordage

primo, je ne triche pas. Souvent, j'arrive avec mon 85mm.  Il ouvre à 1,4. Lumineux... Mais le plus important c'est qu'il impressionne par son gabarit. Pour signifier que le photographe est présent. Il est énorme, cet objectif. Enorme. Pas d'autre mot pour le décrire.
Ensuite, lorsque je sens que le sujet est prêt à se faire photographier... je change d'objectif. Je travaille dans la discrétion.

Comment voir que le sujet est prêt? C'est l'instant... Il se passe un moment magique qu'il faut saisir. Tu le sais. Comme à la drague. Donc, quelquefois uniquement par un geste en désignant mon appareil photo et par un signe de tête, je sais que l'autre est décidé à entrer dans l'histoire. Notre histoire!

La prise de vue

je demande toujours au sujet de se positionner dans "ma lumière".
-Oui, l'ombre du nez est belle...
... puis, je lui dis que je vais opérer en moins de 10 secondes,
-Regardez-moi dans l'objectif, oui, comme ça...
... et que je travaille avec des vitesses très lentes pour monter la douceur des peaux, au 8ème ou au 1/4 de seconde...
-Non, vous pouvez battre des cils. Celà ne se verra pas!
... et effet, au dessus, les vitesses ne permettent pas la vision "humaine".
-S'il vous plaît, ne bougez pas... je vous ferai la plus belle photo du monde...

Et, il se passe un moment indescriptible dans le regard du portrait... l'incrédulité, la peur, la joie, l'ironie... et je déclenche à l'impression que j'ai suscitée par cette phrase de "la plus belle photo du monde", tout en lenteur après avoir calé mon appareil sur mon front et sur le nez, les deux yeux grand-ouverts.
Tu sais, lorsque le sujet pense:
-N'importe quoi... ou, Qu'est-ce qu'on risque?
... à cet instant, tu sais que la photo sera vraiment belle. 

Vous vous rappelez certainement que je fais du portrait, vous savez donc que mon appareil est placé à la verticale. Voilà pour les deux yeux ouverts... Et aussi parce que le NIKON FA, que j'utilise le plus souvent, est un appareil réflexe à miroir. Ouvrir les deux yeux pour savoir si le sujet a bougé lorsque le miroir se relève...

J'utilise souvent les 35 ou 50 pour ne pas choquer. Le 85 quand les personnes me sont habituées. Les objectifs discrets. Mais, sachez que la photographie, numérique ou argentique doit être abordée de façon identique. Elle doit être pudeur, toujours pudeur. Et amitié.

Et un seul déclenchement, un seul cliché doit être suffisant. Et, lorsque je l'ai gâché (bougé ou autre mauvaise mise au point ou profondeur de champ trop courte)... aie, aie, aie. Il faudra attendre un autre moment de grâce pour retenter sa chance pour un nouveau portrait.
Et, souventes fois, lorsque le cliché est raté à la première... aie, aie, aie, pour la fois d'après.

Pour finir, je vous avais parlé du harem de Salomon. Et ses 1000 femmes... c’est vrai. Moi, je n’en ai qu’une qu’il faut que je respecte. Bien évidemment, la réciproque doit être vraie.
Et parce que j’en ai qu’une, je me dois de la rendre la plus belle possible. Et Dieu sait si elle n’est pas toujours une bête de concours. Pardon, Fanny!

Mais, mon talent doit rendre mon unique compagne irremplaçable. La plus belle. Comme mes photos. J’ai dit irremplaçable? Non pas. Unique.
Unique… Et la plus belle, hors concours. Inimitable.

Et, toutes mes photos sont hors-concours, les plus belles au monde. Inimitables. Merci de m’avoir lu.

PS: J'ai dit qu'il fallait ouvrir les deux yeux avec un réflexe!
-réponse de René: D'accord. Mais, ici, pour faire la mise au point, le photographe doit fermer l'oeil gauche. Correct, my friend? Et donc... observer, c'est bien. Observer pour comprendre... c'est mieux, monsieur le photographe! 

Du café des «Cévennes» du Vigan-Gard. Le 2 mars, an de grâce 2013.

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