mercredi 4 décembre 2013

Cher oignon, doux et peuchère*! -1.


L’oignon doux des Cévennes, ce luxe se trouve bien chez-nous et n’accepte sa culture que sur nos terrasses cévenoles. Pas ailleurs. 

Ce produit recherché s’écoule jusqu’à 6 euros le Kilo tout en produisant une pollution catastrophique des sols par les eaux issues de cette monoculture.

Eh, oui… Messire oignon doux nécessite beaucoup d’eau. Donc, il a été décidé de disposer des bassins de recueil des eaux de pluie d’automne dans la montagne pour assurer l’autonomie d’arrosage et diminuer ainsi  la pression de prise d’eau dans les rivières.
Un bienfait étant souvent cause de malheur, la culture a pu s’étendre sur les hauteurs augmentant encore plus la pollution dans le bassin versant, en contrebas.

Vous me direz : quoi de plus normal que de cultiver sa terre ? C’est vrai, mais la terre plus basse n’est pas vôtre et vous la polluez par vos cultures démentes. Cultivez du Cannabis, moins polluant à long terme, sauf si on le fume et si on conduit son véhicule.
En plus d’une gabegie en eau pour tenter d’étancher son insatiable pépie, l’oignon doux ne supporte pas les mauvaises herbes pour la raison qu’il n’arrive pas, avec ses fanes, à recouvrir l’ensemble du terrain. 

Et comme on serre les oignons en rangs d'oignons, on ne peut faire entrer une petite moto-bineuse pour désherber. Conclusion de cette culture intensive ? 
Simple à comprendre ! Les herbes l’étouffent, et l'oignon crie :
-Au secours, Monsanto… des herbicides ou je vais finir asphyxié.
Mais, ce n’est pas la fin de nos malheurs :

L’oignon doux ne supporte pas les champignons, vecteurs de pourriture. Et, là encore :
-Aïuto, Mio Sancto. Je ne veux pas pourrir. De l’antifongique, à piacere !
Alors, les mousses se retrouveront dans les terres et la rivière. Et, là-bas le fleuve Hérault, et plus loin, Agde et la Méditerranée. Et comme dit si bien la contine anglaise:
-Mais, on s’en fout d’attraper la pécole*, et l’on s’en fout car ce n’est pas chez-nous.
 Et la misère continue.
*Pécole, je sais ce que cela signifie, et cela devrait vous suffire. Allez. Je vous explique : c’est une maladie de l’oignon lorsque sa peau se décolle.

L’oignon doux nécessite encore plein de nourriture. Il faut le gaver en oie, en canard. Et alors :
-Notre père, donnez-nous des engrais mais surtout pas de fumier grand pourvoyeur de champignons et d'herbe.
-Mein Sanctus, de l’engrais chimique encore pour grossir. Une montagne de polluants.

Sans oublier la mouche de l’oignon. Dès qu’elle pique, il crève. Galère, n’est-ce pas ?

Mais, alors, me direz-vous, est-ce juteux et avec un prix de revient aussi élevé, où la voyez-vous, la rentabilité ? 
Elle est d’abord bon bled *sonnant et trébuchant pour Monsanto, avec tous ces camions de produits toxiques qu’il vend aux producteurs. On dit paysan ? Non, parce qu’ils produisent de l’oignon industriellement. C’est donc de manufacture, d’usine à oignon, de production qu’il s’agit, ici.
*bled, ancienne écriture de blé qui signifie aussi argent, pognon, quoi ! 

La culture de l'oignon doux étant endémique, seules les Cévennes peuvent écouler et vendre cher toute tant la demande est grande. Vendre ? Ecouler ? 
S’en débarrasser plutôt car, gavé d’eau, Messire Oignon est sujet à la pourriture et ne se conserve pas bien. C’est le moindre de ses défaut, sans compter ses propres polluants internes !

Aucun produit agricole n’étant plus rentable en Cévennes, les fabricants d’oignon « oublient » d’assoler cette culture intensive. Donc, pas d’alternance sur de grands territoires signifie à court terme une catastrophe écologique majeure : pollution doublée de maladies nouvelles, impossibles à endiguer, qui se feront jour, pourrissant encore plus notre oignon doux.
Rappelez-vous que seul l’assolement aura permis de limiter les dégâts de la pyrale du maïs. 

Le biologique dans la culture de l’oignon doux. J’ai rencontré, en stop, un paysan du coin (du Prat) qui met au point, avec des collègues, la culture biologique de l’oignon doux. Ce n’est pas gagné mais c’est en bonne voie. Je vous l’assure. Les politiques, régulièrement consultés regardent ailleurs tout en se servant chez ces producteurs le plus biologiques possible. On peut regretter que les politiques pratiquent une gestion parcimonieuse d’un risque  certain… estimant qu’à chacun sa démerde, nom d’un petit bonhomme !

Mais, chut. Ne disons pas de mal de l’oignon cévenol. Car, oui, cher visiteurs de nos coins, qu’elle est belle cette terre cévenole rasée, comme hersée de la veille, vide de toute herbe, en toutes saisons, sur laquelle des pollueurs cultivent, avec de gros contingents de produits industriel, la tristesse de nos Cévennes. 
Voilà pourquoi, j'ai désiré vous présenter l’oignon doux, ce beau merdum* qui apporte beaucoup de pognon, pour certains et prépare un avenir riant pour nos enfants. Une façon de s'oindre l’oignon tout en nous le touchant !
*Merdum, terme latin pour désigner, par exemple, une crotte de bique qu’un gentil marmouset voudrait vous offrir tel un bonbon.

Mais, qu’ils la brutalisent, cette terre qu’ils disent aimer, nos cévenols de l’oignon doux, une terre agricole de France qu’ils ont travaillée à la mode Monsanto. Travaillée, maltraitée ? Avec Monsanto, qu’importe ! C’est fait, mais ça n’avait pas à être fait aussi mal.

Alors, cette pollution pharaonique gravite, par tous cours d’eaux pour la plus grande santé de tous poissons et riverains.
Les hérons cendrés de nos cours d’eau sont les seuls à se plaindre de la disette : plus de poissons. Mais les canards s'en réjouissent : mousses et algues prolifèrent. Et après ?
Maintenant, le combat sera d'obliger les décideurs à édicter les mesures pressantes pour protéger le consommateur des agriculteurs, et ceux-ci d’eux-mêmes des dangers de cette monoculture.

Mais alors, la culture bio de l’oignon doux, comment ça marche ? C’est simple et compliqué. Cela demande de la recherche appliquée. Des cultivateurs intelligents s’y sont attelés. On cueille des plantes, telles l’ortie, je crois, et plein d’autres dont on fait des « purins ». Les mêmes que les politiques.
Pour combattre la mouche qui fait péter l’oignon par sa piqûre on plante des rangs de carottes sacrifiées aux mouches qui s’en régalent. Faut voir après usage, l’état de la carotte. Mais, l’oignon est préservé de ce parasite.

Pourra-t-on commercialiser ces « purins » écologiques ? La recherche pour une agriculture raisonnée, à défaut d’être parfaitement biologique, avance. Ensuite, il faudra faire sauter les verrous que pose Monsanto. C’est ici que se situera la lutte finale contre cette pollution inacceptable de la culture de l’oignon doux en Cévennes. 
Hollande chéri, à tes starting-blocks.

Que Monsanto nous lâche la grappe. Ras-le-bol de la pollution et des brevets sur le vivant.
Le Prat, près de Pont-d’Hérault, ce mercredi 4 décembre de l’An de grâce 2013.

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