jeudi 26 décembre 2013

Les lendemains de Lampedusa*- 2


Noël à Lampedusa. Annoncez à tous une bonne nouvelle qui sera le sujet d’une grande joie, la naissance d’Aïssa. Et puis…

… et puis on s’aperçut que tendre Youssef, le père d’Aïssa avait été désinfecté au jet d’eau, tout nu, à son débarquement d’une vedette de la Marine italienne, pour combattre, prétendait-on, le typhus, ce jour où on eut si froid. Mais peu furent convaincus.

Les plus hautes autorités italiennes réclament, à tout le moins, une enquête parlementaire en oubliant  que les navires civils qui portaient assistance et secours aux migrants en pleine mer étaient poursuivis par une loi scélérate. Du jamais vu depuis que Mare nostrum est devenu le liant des peuples de l’Europe.

L’Italie découvre avec horreur que ses députés et son Parlement l’on faite pirate dans ses eaux nationales en exigeant à tout bateau, à tout capitaine, à tout équipage, à tout pécheur de regarder ailleurs lorsque des migrants se noyaient. Qui aurait pu imaginer qu’on ait légiféré en Italie contre des usages séculiers qui prescrivent cette impérieuse nécessité d’assistance à toute personne en perdition en mer ?

Signalons qu’après ce crime contre l’humanité pour non-assistance à personne en péril extrême, aucun gardien de Lampedusa n’aura dénoncé la méthode prophylactique du jet d’eau froide, la trouvant anodine.
C’est en cela que l’affaire est importante : on a habitué des personnels de rétention, des policiers, des marins à ne pas porter secours et à utiliser des méthodes dégradantes. Et personne n’a paru choqué au Centre de Rétention de l’île et chez les marins.

Puis, ce furent aux Commissaires européens, Ponce Pilate modernes, de pousser ces cris :
- C’est indigne de l’Europe ! Nous voulons des sanctions !
Contre vous-même ? Pardonnez-leur car ils ne savent ce qu’ils disent. Et puis ce fut Dany le rouge qui monta à la baston, au Parlement Européen.
- Mon salaud… t'as laissé faire mais t'es responsable.
Manuel Baroso ne s’attendait pas à une telle diatribe :

- Tu finis par gonfler, Manuel. Tu as tout le pouvoir. Nous ne sommes qu’un parlement croupion.
- Mais, nous avions confié aux gouvernements italien et grec la gestion des migrants !
- Rien du tout, menteur. Le Conseil de l’Europe et la  Commission que tu présides se sont débarrassés du problème sur l’Italie et la Grèce. Ta gestion des flux migratoires est catastrophique.
- Mais au Parlement européen, tu as des droits, Dany de par la Constitution !

- Oui, tarnagas*… Oui, le droit de la boucler. Ta Commission décide des règlements que nous devons adopter. Adopter seulement. Et lorsque tu n’es pas content du résultat des élus, tu n’appliques pas le texte de loi. De quel droit parles-tu, Manuel de mes amours ? Du droit de fermer sa gueule en te cautionnant ?
*tarnagas, petit passereau des Cévennes qui mange peu mais chie beaucoup. Vraiment beaucoup.
- Dany, si tu n’es pas content, tu peux… 

- Oui. Une constitution à la Sieyès qui spolie le peuple européen de son droit de vote et de contrôle. En Premier Consul à la Buonaparte, va… tu deviens l’homme incontournable, et donc providentiel et tu te désigneras Président de l’Europe dans peu de temps.
- Mais, nous sommes tous responsables. Il faut trouver des solutions !

- La solution ? Mais tu l’empêches en complice du Conseil de l’Europe qui refuse que chaque Etat de l’Union participe à la gestion des migrants. Parce que laisser l’Italie et la Grèce couler* sous le poids de cette charge est indigne de toi, et voilà pourquoi ces dérapages. L’Histoire s’en souviendra, mon bon Manuel.
*certains auraient préférer crouler au lieu de couler... oui ! Si on veut.  

Mais, laissons à Dany le Rouge et à Madame le Maire de Lampedusa les derniers mots…
- Manuel, sais-tu que Aïssa, c’est  Jésus pour les hébreux ? Et Youssef, c’est Joseph. Quant à Meriem, je te laisse deviner. Mon pauvre Manuel, on avait bien besoin de toute cette merde pour Noël. Quelle vision de l’Europe nous laisserons. 

- Vous avez raison, Monsieur Cohn-Bendit, parce que laisser à l’Italie la gestion de toute la misère des migrants implique obligatoirement ces dérapages. L’accueil doit se répartir entre tous les pays de l’Union européenne. Et l’inscription du droit de ces pauvres gens dans la Charte de l’Europe, en garantie. 

Lampedusa, Noël 2013. Quel pataquès ! Mais, nous vous aimons, Madame le Maire de Lampedusa. 

Et merci pour ta coopération Dany. Et toi, Manuel, règle nous ça aux mieux des migrants.

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