jeudi 5 décembre 2013

La fable du Juge et de Mohammed* - 1


              Une farce, Une !  

Après « Le racisme en prime », voyons comment le faciès, toujours à charge en s’invitant en nos salles des pas perdus des tribunaux français serait le premier pourvoyeur des prisons. 

Y aurait-il un pilote, place Vendôme, pour se préoccuper du racisme d’état ?

         La Juge à Mohammed : fable. Ici, prenons plaisir à vous présenter, sans en rien l’enjoliver, et qui le pourrait faire ? une scène entre Dame Juge et Damoiseau Mohammed, fable truculente s’il en fut, moralisée du début à la fin par de la prison pour le jeune franco… musulman, prison qu’il mérite, je pense bien. 

Pourtant, en l’affaire, nous resterons sur notre faim ne sachant si la justice était coutumière du délit de sale gueule, et ceci fera grand dommage à nos statistiques. Si, au moins « la » Juge qui, dérapant en donnant la question ordinaire à Momo avait osé LA question extraordinaire :
- Alors, mon petit Mohammed… Musulman, pas musulman ?Répondez !

Sachez encore que le Momo était, sans nul doute bon délinquant, quoique français tout de même, et que nôtre historiette est malheureusement véridique. Et, si je meurs, que j’aille en enfer !

Ici, découvrez ce racisme grandiloquent fleurant bon la France en s'invitant en cette Cour de Justice, à tout le moins dans le Tribunal de Grande Instance de Nismes, en ces temps pas si anciens que cela.
Par la relation que nous faisons des faits, nous avons voulu nous montrer redevable de cet honorable magistrat professionnel qui nous permet l’écrit de ce jour et qui, en se hissant  à sa bonne hauteur, honorât la France et sa basse Justice.  

Oui, n’ayons pas peur des mots : ce texte ne s’inscrit pas dans un plaidoyer des droits de la défense de Madame le Juge qui n’aura pas eu besoin de nous pour déconsidérer la justice de notre belle France et les droits du déjà condamné déferré devant son juge. 
Doit-on dire : prévenu ? C’est vous qui le dites.
Quant à la toge de cette dame sans macule, (la toge, il va de soit !) et le droit de la défense, ni l’une ni l’autre n’étant cités au procès, honnêtement, que vous dire ? Bof, on s’en fout ! 

La Juge qui siégeait aura fichu une de ces trouilles à tous avocats, prévenus et auditeurs. Vous préférez spectateurs ? D’accord !  
Donc, le public nombreux venu en ce théâtre de la misère de cette salle d’audience avait la bouche pendante et fut comme frappé de stupeur, si je puis m’exprimer ainsi. Même moi, je me suis chanté, à la Moustaki :
- La vilaine, avec ta gueule de métèque, de juif errant de pâtre grec, elle va te saigner, tout à l’heure !
Mais que surtout, oh, oui ! surtout, n’y voyez aulcun* règlement de compte personnel avec la Dame Justice.
*Aulcun ou aulcung, en vieux françois de Marot, le poëte (ou poète en français moderne).

En vous contant cette tendre histoire de la Juge et de Mohammed, nous oserons mettre un peu de sentiment dans du sordide, une touche d’amour fraternel et charitable, et de respect  qui toujours s’invitent en nos prétoires. Nous voulons être agréable aux français : non, vous nêtes pas racistes, quoiqu’un peu, à la rigueur. 
Et, rassurons aussi tous les Beurs : non, Mohammed, la France vous aime ! Non, Mohammed, la Justice de votre pays vous traite en bon français. Voyez comme elle vous respecte déjà, Momo en cette salle d’audience !
Question : la France serait-elle raciste ?
- Mais, non : que l'on se rassure, Nîmes n’est pas raciste. Mais, ce magistrat habitait-il Nîmes ? Non, à ce que je sache (*)
(*) Que la Justice de mon pays me fasse procès en dénonciation calomnieuse. Attention, il se trouvera l’avocate de Momo à mon aide et d’autres, aujourd’hui à la retraite pourraient reprendre courage !

Ainsi commence la fable de la juge achoppant sur Momo.
- Je vous demande d’arrêter de faire du bruit. Je ferais évacuer tout contrevenant !
Pourtant, pas de bruit dans la salle des audiences. Les mouches volaient, tous se regardaient, des avocats stupéfaits à leurs clients crispés. Votre serviteur n’osant rigoler, la dame me faisait peur !
- J’espère que je n’aurai pas à y revenir. Bien. Monsieur Mohammed X…  

Seul, debout dans le box des accusés, les mains crispées à la rambarde, bien seul quoique assisté de son avocate, le jeune Mohammed se faisait du mouron. Madame le Président l’inquiétait grandement.

- Monsieur Mohammed, vous êtes né à Ajaccio en… 1984. C’est exact ? Oui ?
- Oui, Madame le Président.
- Vous avez donc … 20 ans. Et, à quel âge êtes vous arrivé en France ?
Le jeune Mohammed roulait des yeux effarés sur Madame le Juge, stupéfaits vers son avocate qui, elle, cherchait quelque réconfort du regard auprès des confrères présents qui, eux, très courageusement esquivaient en baissant les yeux…
- Alors, Mohammed, nous vous attendons !

Alors, le temps s’est figé, comme au ralenti ! Un ange du ciel a passé dans cette salle d’audience baignée d’une lumière tendre. Le voyez-vous ce tableau, cette sorte de Cène précédant le sacrifice de Momo, comme cette peinture de la Renaissance dans laquelle on remarque tout d’abord le rayon de soleil mettant en valeur, une fois n’est pas coutume, le visage juvénile de ce jeune français, tout le reste de la scène demeurant dans la pénombre. Oh, oui… tous nous aurions aimé le protéger, ce môme quelle qu’ait été sa crapulerie, tant il ressemblait au Christ devant Pilate. Même tête sémite… 
- Alors, Mohammed, répondez !
- Mais, Madame le Président, notre client est né en France, français de surcroit, la Corse étant depuis, bien avant Napoléon…
- Je le sais, Maître persiffla Madame le Juge, en semblant se réveiller. Je voulais savoir si lui-même savait qu’il était français !
- Mais, Madame le Président !
- Rassurez-vous, Maître, je ne suis pas raciste… nous n’avons pas de journaliste dans la salle ? Bien.
Contente d’elle-même, elle sourit à l’assistance, heureuse de son ascendant, trônant sur l’estrade de Justice. Pardon ? On dit les bois de Justice ? Je ne savais pas ! Merci…

Avant cet intermède navrant, rigoureusement exact (j’y assistais), un membre du Parquet (un des plus hauts) avait eu droit aux honneurs du journal régional, « Midi-Libre » avec un article posant la question du racisme dans le prétoire nîmois.
Lorsque j’ai été entendu par le Tribunal, il n’y avait plus de public ni d’avocat. Il était plus de 21 heures 30. J’avais eu l’imbécilité d’avoir transmis des conclusions en disant que le policier municipal était un gros raciste, trouillard en diable, qui m’avait dit, parce qu’il faisait le beau devant de jeunes femmes :
- Vous avez de la chance que j’ai mon uniforme !
- Si tu es un homme, enlève le. J’ai 64 ans. Je te foutrai la dérouillée de ta vie, espèce de malotru (en plus grossier, cela va de soit !).
Le vilain a rompu, en s’éloignant pour porter plainte contre moi, très courageusement. Madame la Présidente, m’a quand même mis trois mois de prison avec sursis pour avoir insulté un représentant « de la loi » (en y mettant, non des gants, je crois mais des guillemets. Cela va de soit !).

Un représentant de la loi, pas raciste comme elle, pourquoi pas ?
Et je suis rentré en stop au Vigan, distant de 81km, maudissant le Substitut du Procureur.

Alors, quand j’ai passé en Appel en matière correctionnelle, l’Avocat Général requérant contre moi, dit:
- Il est de notoriété publique que les français nés dans l’est de la France, et à Strasbourg, entre-autres sont personnes crédibles, voilà pourquoi, votre tribunal condamnera Monsieur Patrice…
Monsieur Patrice, lui, est né à Tizi-Ouzou. Vérité en deçà de la Méditerranée, mensonge au-delà !

Le Président et ses assesseurs, sentant l’insulte raciste de ce « représentant »* du Parquet et de la France à l’encontre de votre serviteur qui a eu la très mauvaise idée de naître avec une gueule de bougnoule d’une mère berbère, mais né français d’origine dans un département « arabe », ces messieurs de la Justice ont baissé la tête de honte. Mais ont confirmé les 3 mois avec sursis.
*les guillemets s’imposent, vous en conviendrez !

Le dicton portugais de l'Américo du jour :  
-Affirmons que les condamnations ne sont pas infamantes lorsque juges et flics sont irrespectueux des lois. J'ai dit !
        De Le Vigan, le 5 décembre de l’an de Grâce 2013.

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