dimanche 1 décembre 2013

Le Grand Hollande-Circus*! - 1


Affiche pour le Cirque : René BOUSCHET (R&B).

 Le plus grand chapiteau du Monde est français. Cocorico. Voyez son Directeur (Mister Eyrault, I presume) en son frac, belle face de Carême en présentateur douloureux.

Heureusement un nœud papillon blanc à poids rouges égaye quelque peu ce triste sire. Trop bourgeois, trop sérieux pour inspirer la joie, preuve  vivante  du dicton autrichien :
-La sériosité, c’est l’animalité. Pourtant, un cirque sérieux ne se peut sans ménagerie.

Les duettistes, par contre sont excellents dans leur numéro : le clown blanc, tout enfariné, chapeau pointu (turlututu), porte beau. Dès les premiers mots, il ceint un immaculé tablier et lance :
-Je suis la Mèrrre Denis.  
Jusqu’à son arrivée sur la piste, nous pensions  qu’elle (le clown est une femme) jouerait seule, en toute indépendantiste.  
Eh bien, non. La mère Denis ne se peut être sans sa machine à laver que des assistants portent sur la piste. Puis, comme né d’un enchantement, un clown clodo sale, mais d’un sale, arrive d’on ne sait où, salue puis..
-Alors, la mère Denis, pourrais-tu me laver mes frusques ?
-Passe ton chemin, puis de l’eau sur ton vilain museau.

Nous sentons Madame Denis prendre plaisir lorsqu’elle menace de bastonnade ce clochard, puis nous arrache des rires furieux (genre rires Banania) lorsqu’elle cite quelques vers. Comme si elle aimait Césaire…
-Casses-toi, tu pues !
Le clown clodo avait commencé à se déshabiller : d’abord sa veste pied-de-poule et ses chaussures immenses. Puis c’est encore une veste toute trouée. Passe ensuite un gilet noir et suit un plastron blanc cassé. Pour ne pas dire blanc dégueulasse. 
Accroché au cou, une cravate sans chemise, genre corde de condamné qu’il arrive difficilement à décrocher. Dessous, c’est un marcel trop grand, mais par-dessus des bretelles retenant un pantalon trop large de tour de taille qui, sans elles risquerait fort de tomber aux genoux. Le porteur de marcel fait mine de retirer ses bretelles :
-Halte-là, Manu ! Tu ne vas pas enlever ton futal, dis !
-Le futal, le bénard, les braies, le pantalon quoi : faut aussi le mettre à laver !
-Tu ne vas pas rester en calbute*, hé, mon garçon ! Pense à notre public.
-Le slip ? J’en porte jamais, Christiane
Et là, Manu nous a demandé de scander tous en rythme :
-Le calbute, le calbute, le calbute. Ce ne fut que folie sous chapiteau à Conflent Saint Honorine.
*le calbute ou le caleçon.

Quand on voit la tête de son compadre, ce bon ex-émigré (car il en faut toujours un bon, à tout ceux qui s’ignore), clown par vocation, mais d’un sombre. Pensez qu’il arrive, tant il est cocasse, à vous embarquer en son délire dans lequel tout est sérieux : retirer ses frusques comme dans un strip-tease de pauvresse, en faisant la tête, faire mine de tomber chemise (qu’il ne porte pas) et pantalon pour se mettre à poil, quoi : tout est sérieux avec lui. Puis, pour finir, il nous arrache un soupir de compassion lorsqu’il lance au public, avec une rose en tissu fané qu’il a sortie de son pantalon :
-Jé souis oune pauvre roumaine. Si vous plait monsieur, donné dou travail !
Quant au final, ce fut magique : imaginez que le Clown triste, le Manu sombre exhibât un gentil flash-ball de marque Priape (il m’a semblé) aux couleurs olympiques pour lancer à Christiane, l’Auguste blanc-noire, la Mère-Denis :
-Cours plus vite Charly, cours !

Mais, comme tous deux, et n’ayons pas peur des mots, se moquent si bien de la nature humaine. Ha, ha, ha ! J’en ris encore. 
Venez, admirez : l’un vide les roumains et l’autre emplit les taules. Au nom du socialisme à la française. A se taper sur les cuisses de contentement. Sacrés socialistes, va !
J’ai applaudi comme un seul homme, en mesure (c’est une lapalissade), et des deux mains (c’est un pléonasme).

Pour ceux qui n’ont pas assisté au numéro, ce fut un florilège de bons mots et une chute magistrale en apothéose. Mais, quel  jeu plein de fulgurants tours d’esbroufe. Un régal.
Dans l’arène du Cirque Hollandus (plus célèbre que le cirque Pimbêche des années 60), quel coup de maître : choisir cette dame noire, impériale, pour en faire l’Auguste, la blanche colombe sur qui des racistes jetteront des peaux de banane et, pendant qu’on la plaindra, on ne parlera pas de l’état plus que déplorable de votre Cirque.

L’autre pitre, en passant par Marseille (sans passer par la Lorraine), avec ses gros sabots, se gargarise : 
-Je vais et je viens pour  y tuer le crime dans l’œuf. Les marseillais lui crient goguenards :
-Chiche, Manu. Montre-nous l’œuf de Colombe, hé Colombine ! ponctué de ce si savoureux :
-Manu, Manu ! On t’aime bien. La preuve ? On te canicule*!
*Canicule, vieux mot français signifiant jouer à la canasta. Enfin… comme disait Agatha, ma chienne qui n’avait pas de temps à consacrer à son papa, trop prise par les copains du quartier qui ne pensaient qu’à caniculer et à ne rien faire de leur vie…

Je vous sens, Monsieur le Propriétaire, tel que Pompée, ne pouvant plus offrir que son Cirque, sans pain, dans une arène pleine de sciure. Chaque clown espérait que l’autre serait son faire-valoir et nul ne savait si l’Auguste Noire primait ou l’autre Blanc qui la surclassait de son jeu. Ce ne furent qu’œillades complices au public ponctuées de tours pendables que les clowns semblaient ne pas percevoir. Tous tremblaient et voulaient leur crier :
-Père-blanc, gardez-vous à droite, Mère-noire, gardez-vous à gauche !
La farce était pourtant bien écrite et mise en scène. Et quels comédiens que ces deux là !

Le clown triste, le Manu nous fait la preuve qu’après Chevènement, le Ministère de l’Intérieur ne peut, en aucun cas être confié à un socialiste (fut-il ex-émigré espagnol et naturalisé français en Manuel VALLS) et que le Ministère de la Justice ne se peut être mis entre les mains d’un Auguste, la Christiane, ex-radicale socialiste (fut-elle ex-indépendantiste). 
Quant aux communistes, heureusement que le gouvernement n’en a pas pris car, à chaque fois, ils tournent casaque.
Et comme le dit si bien le proverbe espagnol :
-Casaque rouge ministérielle tournera casaque blanche à bride abattue.

Le 1er de décembre 2013.

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