samedi 26 octobre 2013

Les Champignons cévenols*.


Durant ce mois d’octobre, avons privilégié nos amours avec Fanny et le farniente qui satisfait et que, plus vous pratiquez, plus vous avez la cagne (ce plaisir divin de la paresse).

 Le cagnard, c’est le soleil et, lorsqu’on s’y étale trop, ou à son ombre on la chope, la cagne. Choper ou attraper.
Ainsi, occupé à lézarder, rien pas même mes amours épisodiques ne pouvaient plus m’obliger à me lever pour m’agiter. Rien, à part les champignons, les cèpes et les divers bolets comestibles, les giroles (régal des dieux), les lactaires  (faut vraiment aimer. Moi, je donne les "délicieux" Sang-de-Christ), les pieds-de-mouton, et les trompettes-des-morts !
Les cèpes ? J’en offre plus que ce que j’en mange : j’ai trop d’amis. Et pour cela, mes cueillettes de champignons sont souvent une opération blanche. Enfin pour moi.

Fanny n’aime pas trop la forêt et ses pins-crochus, les bois de hêtres et l’altitude, vers les 1300 mètres. Donc, parfois seul, ou même avec Americo, on se rend à la montagne du Lingas, après les cols de la Brou et du Minier, vers le lac des Pises. On n’y a pas trouvé beaucoup de cèpes, mais suffisamment pour manger et donner.

Un matin, nous nous dirigions, par la route de Mandagout, sur la Lusette. Par les chemins forestiers, j’ai failli laisser ma vieille Peugeot sur la draille du sommet de Cap-de-Côte, près l’ancienne route du Vigan à Mende (la Royale).

Oui, faut le vivre, ce truc de fou avec ces pierres énormes, des trous partout, une descente impressionnante. Il aurait fallu un 4X4. Pas moyen de reculer. Des ornières, que je ne te raconte pas à péter tous les carters d’huile de la terre. Surtout que ma garce de bagnole, ma 309 adorée a le cul bas. 
Americo, descendu de voiture pour l’alléger, me désignait les meilleurs endroits de passage. A un moment je me suis enlisé. Sans une poussette au cul, je restais sur le carreau. Quand nous avons réussi à rejoindre la route, il y avait un monsieur seul avec son Kangoo Renault hilare qui nous a vus déboucher de cet endroit du diable Vauvert…

-Dites donc les gars, faut le faire !
-Ben, oui ! A Peugeot, rien d’impossible. Vous, c’est Renault ? j'ai dit au gentil ramasseur de champignons :
-Tant qu’il y aura des Renault, il y aura des mécanos ! Ce qui l’a fait rigoler.

Après cet intermède, on a pris le chemin forestier vers les Cascades d’Orgon. Ce jour, c’est Americo qui a trouvé tous les champignons, en bordure d’un petit cours d’eau qui serpente ou dévale de la Lusette, cette montagne qui partage les eaux des bassins versants méditerranéen et atlantique. 
L’Orgon, lui, va se jeter, par le Coudoulous et l’Arre dans l’Hérault, après avoir débuté son cours par une grande cascade encadrée de blocs géants de granite avec, au dessus de sa chute, un petit pont pour mieux l’admirer.
Vers midi, notre luxe : déjeuner seulement troublé par le bruit de la cascade et de malencontreuses guêpes, avec pain frais, pâté, saucisson, pélardon, le tout pris sur une petite corniche dominant la chute, les vallées du Coudoulous et de l’Arre. Au loin le Causse et, à notre droite, ce rocher, si caractéristique en ses plissements, de Sumène.

Plus, une bonne fillette d’un 3/4 de litre d’excellent rosé de Costières de Nîmes qui, à près de 1300 mètres d’altitude te bourre le pif, faut voir comme. Après cela, si tu trouves la vie monotone, triste, c’est que tu n’es pas normal.
Quelques jours plus tard, les champignons sont descendus de la montagne à cheval. Et c’est au dessus de chez-moi que je suis allé les cueillir. 
Mes boletières ? Pas question de les dévoiler.

Une autre fois, je suis retourné seul vers Montals, dans la hêtraie, les sapins et les épicéas ou je me suis quelque peu perdu. Comment ? Si je le savais, je ne me serais pas perdu, n’est ce pas ? 
J’ai dû faire plus de 10  kilomètres pour retrouver ma bonne vielle bagnole, m’orientant difficilement à la montre. 
Trop de brouillard.  Trop.
Fallait suivre les ruisseaux ? Effectivement qu’ils se dirigent vers la Méditerranée. Sauf si tu passes les crêtes et qu’ils coulent vers l’atlantique mais, coquin de sort, soit il n’y en a pas partout, soit des canaux ont été tracés par les forestiers, soit ils arrivent à muser en changeant de direction. Et, pour corser le tout, la récolte de cèpes a été bien maigre.

Ah, oui. Pour s’orienter avec une montre, il faut retrouver l'heure du Soleil (on en enlève une en été, deux en hiver, en France), diriger la petite aiguille sur le soleil. La bissectrice de l’angle formé par la petite aiguille et le 12 du cadran vous indiquera le sud.

De le Vigan de l’an de Grâce 2013. Pour le nord, comment fait-on ? 
Ben... eh bien, je ne sais car je marche toujours au sud.

PS: Faire frire les ceps dans un peu d’huile. Surtout pas d'huile d'olive. Sel, poivre. Avant de servir, de l’ail frais coupé finement. Servis avec des pommes de terre frites en rondelles. Pas d’oignon. Surtout pas. Encore moins d’omelette.
Soit je mange mes cèpes, seuls, après les avoir laissé refroidir, à l’apéritif. Quant aux girolles ? Ce sont mes préférées.

Sur la photo proposée par René BOUSCHET (R&B) : Fais gaffe môme !... si tu soignes pas ton acné, t'as aucune chance de te faire ramasser !

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