mardi 15 octobre 2013

Una storia importante - 5


1940 et suivantes… Pendant ce temps-là, chez-nous…
Tata Georgette, c’est une marrante qui chaparde des bricoles en passant près des étals des magasins.  L’autre jour, grande gueule comme à l’accoutumée, elle s’est battue à grands coups de maquereau avec la marchande de poissons. Après cet épisode de grand déferlement féminin, elle sentait la marée basse. Mais, ma tata, moi, je me l’aime comme elle est.
Souvent, on se met à courir pour aller se réfugier dans des abris qui sont des caves obscures où on est entassés avec d’autres gens. Ma tante me dit que c’est plus prudent d’y aller, mais moi, j’aime pas.

Quand je la surprends à penser, et qu’elle ne me voit pas, son regard est loin et triste, l’amour et l’argent ne sont pas ses points forts. Alors, un jour, au bout du rouleau, elle se décide à partir comme travailleuse volontaire en Allemagne d’où elle ne reviendra pas, rongée par les produits toxiques manipulés sans protection…
Bravo les gars!
Mais avant que de partir, elle me confit… pardon ! Elle me confie à un monsieur tout frisé au fort accent italien, que je n’avais jamais vu et qui me dit :
-Bonzourr mone pétite garçone. Zé souis tone pappa!
Deux P à papa, je vous en prie! Merci bien!

Poussé par un élan affectif incoercible, Pappa allume une clope… Oh, comme c’est beau l’amour paternel.
Bravissimo Pappa!

En ces temps-là, nous habitons encore un immeuble bourgeois! Eh, oui. Nous sommes dans le XVème. Six étages sans ascenseur, rue de la Croix Vivert, chez une «vieille» dame de 50 ans qui s’occupe bien de moi. Les gens l’appellent la Rouquine. Elle a une grande fille et une petite fille, Nicole, qui sera ma copine. Nous avons le même âge, elle est très gentille et on joue bien ensemble. Elle m’apprend la marelle, mais je n’aime pas çà, c’est pour les filles. Mois, je préfère les billes et les osselets. Mais, elle aussi.

Ah, oui… aussi, le fait de jouer au toubib m’apprend beaucoup de choses sur la vie et je prendrai de l’avance, par ces leçons d’anatomie féminine, sur la compréhension du genre humain.
Je vais à l’école de mon quartier à pieds. Au loin, j’aperçois le métro aérien et c’est bien ainsi. J’ai mon cartable rempli de livres porté à bout de bras et c’est lourd. Mes camarades de classe, ceux-là qu’ont des blouses grises, ne me traitent plus de bâtard, mon père n’ayant jamais été boulanger…
Non… ils m’appellent le sale rital, mon père étant italien… alors, ils s’amusent de moi.
C’est pourquoi, à la récrée, ils ne jouent pas avec moi, je reste seul dans un coin avec mes pensées.
Bravo, les p’tits gars.

Ouf ! Le soir venu, je suis content de rentrer à la maison. La moitié de la nuit est déjà passée depuis 6 heures. L’aurore s’éveille. Des étourneaux sur les arbres perchés s’égosillent de leur chant mélodieux… Heu… Non… disons plutôt : dans un vacarme assourdissant, qu’à force çà vous gonfle. Puis, fort heureusement, le soleil pointe le bout de son nez…, mon père allume une cigarette pour bien me signifier qu’il aime son fils, c’est l’heure de sortir du nid. Allez, les étourneaux… ouste, à l’école!

La vie aurait pu se prolonger dans cette quiétude apparente, et bien, non! La guerre s’en était déjà mêlée, la saleté…
-Excusez-moi, je m’énerve!  
Les allemands se rapprochent de Paris, tout le monde à peur, on dit des tas de chose à leur sujet. Non sans raison… Des tueries, des viols, des civils massacrés. 14-18 revient à la surface… les gaz…
La Rouquine décide de fuir en exode avec sa fille et sa petite fille Nicole. Adieu... Je ne savais pas encore que je ne les reverrai plus jamais, perdues toutes trois dans la tourmente. Que sont-elles devenues? Nul ne le sait.

Pendant ce temps, dans le monde…
Le 12 juin 1940. Sur les routes les populations fuyant les villes sont bombardées par l’aviation italienne de Pappa.
Bravo les gars.

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