lundi 1 avril 2013

C’est beau Paris ! - 5ème.


Isabelle, belle amoureuse! 

Quinze août mil neuf cent cinquante et un, huitième heure, «un ange passe… je vous en prie!».
C’était un jour pluvieux et plus jeune que la veille. Les gens, eux, étaient plus vieux et forcément moins jeunes que la journée précédente, mais ils ne s’en rendaient pas vraiment compte.

Parfait était appuyé à la rambarde de la fenêtre. Il regardait la pluie tomber des nuages, dont les gouttes étoilées, après avoir frappé le sol pavé de la rue, ruisselaient vers le caniveau et, comme un petit torrent timide, cette eau salie de papiers gras, de tâches d’huiles moteurs échappées de carters défectueux, et autres éjections de tuberculeux sans scrupules déposées sur la chaussée, longeait la bordure du trottoir pour aller se jeter dans l’avaloir de l’égout.

Il avait grandi, ce petit bonhomme, sa petite moucheture de rousseur avait laissé la place à de gros boutons d’acné purulents sur un visage disgracieux et dépourvu d’embonpoint graisseux.

Toujours aussi penseur, il passait le plus clair de son temps à sombrer dans la solitude. Dans son esprit, tout encombré de joies et de tristesse, il y avait une envie d’évasion mais aussi d’obligations qui le tenaient coincé à rester pour s’occuper de sa mère, qui était là, assise à côté de lui dans un fauteuil roulant, qui ne roulait plus, à la suite d’une embolie causée certainement par une chute dans l’escalier de l’immeuble, deux mois auparavant, en rentrant, un soir, ivre, accompagnée d’un amoureux d’une nuit et qui l’avait laissée fortement diminuée.

Elle ne pouvait plus s’alimenter toute seule. Il fallait que Parfait soit toujours là, avec elle, pour l’aider à se nourrir et à plein de choses qu’elle faisait quotidiennement, pour les tâches ménagère aussi, et elle en faisait des tâches.

Elle ne parlait plus et elle n’avait jamais beaucoup parlé, du moins à son fils.
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Parfait, à cause de ses obligations, ne sortait plus. Isabelle venait le voir de temps en temps. Leur regard d’enfants avait bien changé, leur comportement n’était plus le même. Le cœur de Parfait battait un peu plus vite à chaque fois, quand son corps la frôlait. Le jardin des Tuileries d’antan ne les intéressait plus. Ni l’Oiseau Bonheur!

Isabelle était restée belle, contrairement à lui. Elle ne portait plus sa capeline, ni sa robe à fleurs, elle mettait des vêtements d’adultes. Ses cheveux bouclés, très longs, descendaient jusqu’à son bassin, qu’elle avait très beau, et plus attirant, et affolant que celui des Tuileries.

Elle sortait de chez elle en cachette de son père, profitant qu’il soit au travail. Il ne voulait pas la voir dehors avec d’autres garçons que Parfait, car il avait confiance en lui, étant donné son physique ingrat, de peur qu’on ne la lui prenne à tout jamais. Il ne savait pas que sa fille avait le cœur pris par un jeune homme. Elle qui avait dix sept ans, lui vingt trois.

Sa mère l’avait appelé Sylvestre parce qu’il était né le trente et un décembre. Heureusement pour lui qu’il n’ait pas vu le jour le premier janvier!!!

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