dimanche 10 février 2013

Le coeur de Lola* !


-Rolando, faut que je te raconte un truc de dingue. Figure-toi que ce dimanche, vers 10h55, je vais...
-Tu vas à la messe.

-Ben oui ! Je me lève de ma table de bistrot et voilà qu’une jolie nana va se mettre à la table d’à côté. Une grande et belle femme. Elle fait tomber un papier qu'Antoine ramasse. Et moi, je ne sais pas pourquoi, je lui dis, désignant ma chaise :
-Madame, ma place est chaude, je l’ai bien… de mon… Et je lui montre mon fondement!
-De votre cul ?
-Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit.

Et elle regarde mon cul, puis ses fesses (qu’elle a fort belles au demeurant) :
-Oui, c’est ainsi que cette chose se nomme et Brassens en a bien parlé.
-Moi aussi, madame, j’aime à en parler, mais on me dit vulgaire !
-C’est peut-être votre façon de le dire. Il y a l’art et la manière. Et votre dame, qu’est-ce qu’elle en pense, quand vous en parlez ?
-Ben, je n’ai pas de femme…
-C’est bien triste pour vous ! Mais, vous n’en voulez pas ?
-Ce n’est pas ça. Mais, la plupart des femmes que je rencontre sont folles à lier.

Et je fais, du doigt, toc-toc sur ma tempe ! Ca a eu l’heur de lui plaire parce qu’elle a rigolé.
-Pas toutes, quand même…
-Non. Mais je cherche, Madame. Je la cherche, je m’échine. Ce sera la femme de ma vie.
-C’est bien, Monsieur. Je vous le souhaite. Et elle a souri gentiment !
-Même que, pour ce faire, je vais à la messe. Oui, maintenant !

-Vous êtes croyant ?
-Oui. Même que je sais que je vais y rencontrer mon amour. Oui ! A l’église !
-Vraiment ! Vous-en êtes sûr ?
-Ben, oui. Et puis, il y a plus de femmes à la messe qu’au bistrot. Ah! Vous voyez.
-Effectivement !

Et la gentille dame a rigolé encore.
Et moi, je n’ai pas pu résister à l’envie de te la raconter, cette dame.
-Si elle est belle ? Ben, comment te dire…
-Si tu commençais à me dire que tu veux la sauter et que toutes les femmes qu’on veut sauter sont belles. Oui mais d’une beauté… Je ne te raconte pas. Même quand elles sont moches !

-M’enfin, Rolando. Tu ne voudrais pas m’en dégoûter, au moins, dis mon vieux copain. Pas gentil, ça.
-Je plaisante. Elle doit être bêêêêêle. Je vois ça d’ici !
-Ben, oui, qu’elle est belle. Je l’avais déjà repéré. Mais j’ai jamais osé l’aborder !
-Tu as déjà dit qu’elle a de belles fesses. Exact ?
-Si. Je te raconte pas.

-Ah ! Non, alors ! tu as commencé. Alors raconte, Gilou. Oui, son cul !
-Si je te disais qu’elle a le plus beau cul du monde, lumineux, spacieux, rond, suffisamment volumineux… non, j’arriverais tout juste à en faire le tour d’une seule embrassée. Si, si, Rolando…
-…
-Tu ne dis rien ?
-Merde alors ! Ca doit être un cul fantastique. Elle était en pantalon ?
-Oui… gainée d’un jean. Serré. Qui mettait en valeur ses lobes.
-De ses seins ?

-Enfin, Rolando. Pour une fois qu’on parle de cul, tu ne suis pas. Cela en devient désespérant.
-Ah, oui ! Son cul. Son cul. Raconte, Gilou-Gilou !
-Tu penses bien que je plongeais mon regard dans le sien, je lui souriais mais je faisais une fixette sur ce cul de rêve.
-Ah, oui. De rêve. Merde alors !
-Je te jure que j’arrivais à fixer ses yeux et à voir ses fesses en même temps. Comment je faisais ? J’en sais rien mais j’y arrivais !

-Et son sourire, P’tit père ? Quand elle parlait de cul, elle souriait ?
-Ben, oui ! Je la sentais heureuse de notre échange. C’était très « sexe ». Nous avions une liberté de propos qui m’a laissé sur le cul.
-Et ses yeux. Ils étaient comment ses yeux…
-Noirs. Très noir. Et elle plantait crânement ses yeux dans les miens. Confiants, tu vois !
-Et ses sourcils. Ta mère, disait bien que la beauté des femmes se voyait à leurs sourcils !
-Tu sais, Rolando, entre ses yeux, sa taille et son cul, et son sourire… j’étais bien occupé. Alors, les sourcils… j’avais autre chose à faire. Par contre, elle n’a pas ce petit ventre qui caractérise toutes les femmes. Ou bien, je n’y ai pas fait attention.

-Mais, sa bouche ?
-Tu as raison… sa bouche. Tu vois, quand tu te promenais avec ta femme et que vous vous embrassiez de ces petits bisous de marche, la bouche légèrement de travers… tu te souviens ?
-Je vois, Gilou… ma Gaby et nos bisous de randonnées…
-Ben, c’est ça. Quand elle parle, on dirait qu’elle te baise en même temps les lèvres par ces baisers de travers !

-Merde. J’aurais aimé voir cet échange. Et après, Gilou...
-Après quoi…
-Ca s’est fini comment, l’échange !
-Ben, comment veux-tu que ça finisse ? Je suis allé à la messe. C’est tout.

-J’ai toujours su que t’étais pas doué, Gilou-Gilou…Te plains pas, va, pas doué !

Je n’ai pas bien compris Rolando. Mais, parfois, je le trouve bizarre. Ah... Vous aussi ? Vous voyez-bien. Certainement le grand âge !

Le Vigan en l’an de grâce 2013. Le 10 février.

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