mardi 19 février 2013

Trés cher Benoît XVI*...


-Toi, aussi, tu démissionnes !

            Cher frère en Christ, comme je te comprends : le monde est trop dur. Sache que ta décision en laissera plus d’un dans l’affliction. Et je partagerai cette peine, que je sais immense, avec tous les évêques (1) et les cardinaux réunis qui voudront te remplacer, et je serai en prière avec eux. Quelle tristesse.

-Nous sommes de la même époque. En 42, j’étais Balilla et toi, jeunesse Hitlérienne. Personne ne peut comprendre, mais moi, si. On était adolescents : il y avait les chemises Bleues de Pétain, les Noires d’Emmanuel d’Italie et les Brunes d’Hitler.
Comment expliquer ma préadolescence aujourd’hui et cet uniforme que j’aimais : chemise noire, foulard bleu, pantalon gris-vert, écharpe noire, fez avec le M de Mussolini. Et il fusile… il Carcano de bois avec sa baïonnette repliable : une merveille.

-Effectivement, que j’aurais aimé être FFI à la Libération. Comme tout le monde. Mais j’étais dei figli de la Lupa, fier de l’être, Français malgré tout.
1942 : on faisait la gymnastique rythmique, au stade du Fort d’Ivry. Et c’était beau. Et les voisins nous traitaient d’enculés, en toutes lettres. Oui, en 42. Mauvaise année.

-Alors, mon père a dû me mettre à l’école italienne mais je me sentais français. Même Umberto qui avait pourtant fait la marche sur Rome et avait émigré. Nous n’étions que de sales Ritals, des Rouge-Blanc-Vert et, à force de nous faire insulter, mon père m’avait placé dans cette école. Et mon père disait :  
-Le pays qui te nourrit est le tien, figlio mio.

-Voila pourquoi les Ballila. Et va ainsi la prime jeunesse qui ne comprend rien aux adultes, mon Benoît ! Mais le passé est révolu mais, combien ont vécu cette époque, bousculés, bourlinguants sans savoir où tout cela les mènerait ?
Et voilà que nous sommes arrivés à la fin de notre vie toi, Benoît et moi, Rolando.

-Aujourd’hui, tous sont unanimes pour saluer ton œuvre de bon Pasteur, Benoît. Pourtant, moi, Rolando je dis : Comment peux-tu être avec les pauvres quand tu n’es pas pauvre ?
-Rolando, le Pape est entouré de faste et de luxe soit. Mais, c’est l’esprit de pauvreté qui l’anime ! Difficile à comprendre, pour toi, mécréant.

-Comment peut-on être avec les pauvres quand on ne vit pas avec eux dans cette misère, sans espoir de se sortir de sa galère ?
-Tu as raison, Rolando. Tu affirmes donc qu’il faut être fou et vivre avec les fous, sans espoir de se sortir de l’asile pour aimer et comprendre les fous ? C’est d’une logique ! Les psychiatres apprécieront et sauront qu’ils se doivent d’être fous pour…!

-... ben, voyons, mon Gilou. Au royaume des imbéciles, tu devrais aller et n’en plus sortir ! Tu y serais à ton aise.

-Donc, si je comprends bien, un bon pape doit avoir souffert, sur la croix de préférence !

-C’est impressionnant, Gilou-Gilou, que toi, si intelligent tu sois si abruti, comme dirait Américo.
-M’enfin, Rolando !

-Le pape, comprends-moi, est un homme. Pour comprendre les hommes et prendre leur misère sur soi il faut, en humanité, vivre avec les hommes, ne pas être le seul, l’unique. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, des Papes il y en a eu beaucoup. Mais un seul de vivant à la fois*. Un seul et sur neuf milliards d’humains, calcule les probabilités pour que tu sois Pape. D’abord, enlevons les autres religions. Reste : une chance sur… même pas, Gilou. Tu es Protestant. Donc, 0/2.000.000.000 égale ZERO possibilité. 
Par contre, chef d’escadrille, tu as toutes tes chances. Promu, Gilou !
-Là, tu m’intéresses, Rolando. Ton discours est magnifique de logique contenu. Explique au chef d’escadrille !
*Ndlr : il y a eu plusieurs papes en même temps à Rome et Avignon.

-Prends Jésus. Dieu, pas dieu ?… qu’importe ! Mais, homme parmi les hommes il l’était, et le revendiquait. Le fils de l’Homme ! Entre nous, un Dieu, aurait-il souffert cloué sur le bois ? Réfléchis, s’il vous plaît… Merci ! Jésus à souffert en homme sur la croix.
-Pas d’accord, Rolando car, quand Pilate lui dit : Es-tu fils de Dieu, que répond-t-il ?…

-Il répond: -C’est toi qui le dit. Et note, Gilou, l’importance des paroles prononcées ! C’est toi qui le dis !
-Effectivement, Rolando, mais…
-Le pape est-il fils de Dieu ? Je veux, mon n’veu ! Il aurait pu dire à Pilate les mêmes mots !
-Attends, Rolando, tu t’avances un peu trop.

-Pourquoi pas, Gilou. Nous avons tous été faits à l’image de Dieu, et donc fils de Dieu. Tous, sans exception aucune. C’est dans la Genèse ! Toi, moi, et Monsieur le Pape sommes Fils de Dieu !
-… et tu crois que cela va intéresser nos blogueurs ce sermon ?

-Je continue : Fils de Dieu, il est le Pape. Mais il n’a pas souffert. Donc, il est obsolète ! Et je comprends qu’il démissionne.
-Donc, toi, Rolando, Fils de Dieu qui a souffert dans ta vie, tu pourrais… être l’élu ?
-Mais, non Gilou. Je ne suis pas croyant. Le Fils de l’Homme a dû souffrir pour devenir le Chef de son Eglise. Et puis, la religion chrétienne, elle aime bien la souffrance, le sacrifice…

-Donc, tu suggères qu’il serait bon que le futur Pape soit choisi parmi les églises dites sous la croix, celles qui souffrent ? Tu en connais ?
-Oh, tu sais, moi, à part un évêque chinois, je ne vois pas. Imagine, l’Obama papal serait chinois !

Et, Rolando qui se dit athée mais qui fait le signe de la croix quant j’arrive à le traîner à l’église, le dimanche, me dit :
-Un pape, même chinois, africain ou sud-américain qui ne tiendrait qu’un discours, celui du Christ. Là, sûr et certain, je regagne le bercail, le giron de l’Eglise.
-Pourquoi pas Rolando !

-Et, imagine, mon Gilou-Gilou : le pape il prend le nom qui lui plaît à son élection. Imagine, le Pape Barak-Hussein 1er ! Hein ? Quel message d’espoir !

Tous nos vœux de retraite bien méritée t’accompagnent, Benoit le XVIème.


Au Désert, sermon du dimanche 17 février de l’An de Grâce 2013 par Rolando, l’illuminé.

(1) -Rolando, seuls les archevêques participent au conclave.
-Donc, l'évêque de Nîmes-Alès-Usez et environs ne risque pas d'être élu ?
-Première nouvelle !
-Gilou, tu disais : bonne nouvelle ?
-Non, Rolando... première nouvelle.
-Ah, j'avais cru comprendre ! 
                              ______________
Illustration. "Allez, Monsignore, un petit dernier pour la route ! Je vous sers quoi pour ce pot de départ ?" 
"Une tasse d'athée !" 
 

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