samedi 15 juin 2013

Annette et moi* ! - 2


Mon ordinateur sous le bras (ma Bébête), il n'est pas besoin de sonner, Annette m’attendait devant sa porte, curieuse de ma petite personne, et bien maussade.

- Prenez la peine d’entrer, Monsieur mon grossier personnage ! En voilà des manières d’envoyer une telle lettre. Vous êtes toujours ainsi?


Je n’ai pas reconnu Annette. Près de 30 ans déjà nous séparaient de "La Goutte d’Or" et du "Le Brazza de Dieppe". Se rappelait-elle de moi ? Aucun souvenir ? Non.
Après mes excuses, qu’elle accepte aurait-elle souvenance de m’avoir offert cet écrit de 1984 ?…

- Non, mais je me souviens d’un bel algérien qui m’avait dit que mon poème était plus beau que le Cantique des Cantiques. Bon. Il était gentil, un peu dragueur, alors, vous savez.

Donc, elle se rappelait de moi. Merci, Annette pour ce compliment qui me touche. D’un autre côté, je ne lui ai pas laissé un souvenir impérissable, ce qui me blesse. De même, n’ayant pas reconnu le bel algérien, trente ans après, l'était pas gentille, Annette.

J’ai ouvert ma Bébête et Annette a commencé à lire son texte qu’elle ne se rappelait plus. De temps à autre elle laissait son écrit et disait, en me regardant :
- C’est quand même beau. Et c’est mon écrit…
- Oui, Annette. C’est l’écrit que tu m’as offert et c’est moi qui te le ramène.


- Je te l’avais confié, non ?
- Non, donné. Cherche dans tes archives s’il t’en reste un exemplaire. Cherche !
- Effectivement. Et je te remercie. Je vais demander à Bryan de venir… Il est anglais, traducteur. 

Et Bryan s’est assis, a commencé la lecture et de temps en temps se retournait, nous regardait et hochait la tête ?
- Shit disait-il (rappelez-vous, Bryan est anglais et traducteur). Merde. Voilà un texte. Beau. Vraiment. 

 
Puis j’ai demandé à Annette si elle n’avait pas d’autres écrits à publier. Elle m’a sorti environ trois cents poésies dont une centaine à mettre à la poubelle. A mettre à la poubelle. Elles sont d’un premier jet…
- Tu devrais les reprendre et en faire quelque chose.
- Non, elles ne valent rien. Je le sais. Ce sont des choses qui ne trompent pas.
- Je me ferai ma propre opinion. Tenez, dites-moi…
 

Si tu me veux
 
Bordel de Dieu
Regarde moi
Y a qu’a te baisser
Avec un doigt
Pour m’ramasser
Si tu me veux

A. Dève  - Mars-avril 1994
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Bon, pour Maryvonne qui est férue de psychanalyse, ce doigt pour me ramasser serait très phallique. Que voulez-vous : certains diraient que je suis très porté sur la chose.

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Les amants fugaces

Tu vas vieillir
Et moi prendre des amants fugaces
                 Sur qui j’exercerai mes doigts                   
Gourds de ne t’avoir pas caressé
Je t’ai aimé jusqu’à la moelle de mes os 
Jusqu’à l'insupportable
J’ai refoulé l’élan le plus incoercible
Le plus chaste
Je cherche encore la clef de ce monde parallèle
Où a germé cette idée de toi
Ce tourment à  m’en défaire
En vain et ce vieux cœur  marteau piqueur
Poursuit sa route
T'emportant malgré toi 
Dans son rêve infirme d'absolu
Boursouflé d'innocence
Et de perversité 
Qui fait pleurer pleurer
Dans le sommeil...

Un rire bouffon qui fait pleurer
Qui fait pleurer jusque dans
Mon sommeil et me fait pleurer
et me pardonneras-tu jamais.

Mais... tu vas vas vieillir
Et prendre des amantes fugaces.

A. Dève - 1994

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Nota bene : Tous les textes et les enluminures de ce blog sont soumis aux droits sur la création artistique. Merci.
                                                                                                                                                                                                           

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