samedi 22 juin 2013

La parole révélée*! - 1.


La parole pour cacher. On me prévient, ici et là de ne point trop me découvrir en me racontant. Je ne me raconte pas : c’est ma vie que je narre. Mon passé. 
Bien évidemment, lorsque je suis mécontent, grognon, je m’imagine une autre vie, moi qui suis né en France, et c’est mieux ici qu’ailleurs, quoique du mauvais côté de la France.

Je ne suis pas Socrate. Mon futur est facilement discernable et point besoin d’être psychanalyste pour le déterminer. Tous, nous roulons, seuls à tombeau ouvert sans pouvoir utiliser du frein de service. Encore moins de celui de stationnement. Qui serait le même ? Ah, bon. 

Vers la sénilité, nous roulons en routiers sympa d’abord pour finir par nous a-néantiser dans le grand Univers. Certains usent de la pédale d’accélérateur. Libre à eux. Nous les nommons affectueusement les Pétés.
Est-ce que cela me libère de parler de mon démon intérieur ? Je n’en ai pas, n’étant pas le grand Socrate!

Ma vie en film d’Art & d’Essais. Est-ce que je raconte ma vie comme on ferait partager un excellent film d’épouvante ou d’amour ? Pas tout à fait… Dans cette salle de cinéma d’Art et d’Essai, au changement de la deuxième bobine, à l’entracte (esquimaux glacés, bonbons, pop-corn), vous avec la chance de rencontrer l’acteur principal du film, moi, qui vous parle de son rôle et, à ses côté, assis haut sur son trône, mais pas plus haut que son cul (1) ne pipant mot et laissant bafouiller l’acteur qui voudrait bien vous raconter son rôle, se tient Dieu immobile, le metteur en scène
(1) Montaigne. 

Dieu encore et toujours mutique sait que la deuxième bobine n’est pas encore en place et qu’il a honte de ce qu’il va faire à sa création, et par amour, qu'on se le dise. Le couac. 
Comme pour le canard des magrets de Pierrot : couic, zigouillé. 

De Clint Eastwood à Dieu. De temps à autre, l’acteur schizo regarde son petit papa pour voir s’il acquiesce. Mais Dieu est comme Clint Eastwood qui laisse ses acteurs se dépatouiller aussi bien dans leur jeu que dans les dialogues. Ni metteur en scène dirigiste, ni dialoguiste pour le bon film d'une bonne vie que je narre : la mienne.
Nous affirmons que l’attitude de Clint Eastwood supporte l’artefact, comme Dieu, et tous deux se situent en créateur incontestables.

Dieu, machiavélique, me laisse vous expliquer que j’aime ma vie dont je n’en ai fait que subir le début et dont je prévois une vieillesse que j’aimerai heureuse, une dégradation lente, s'il vous plaît et, enfin une mort brutale. Merci !

Voulez-vous me connaître? Je n’ai jamais cru qu’on pourrait m’évaluer uniquement par mes paroles. Certains psy se targuent de jugement péremptoires sur quelqu’un en trois ou quatre phrases entendues.
-Le type m’a tellement fait chier que j’ai eu envie de le tuer, 
-Je n’aime pas la couleur rouge, 
-Taillez votre barbe, 
-Oh, vous savez. Moi je ne porte pas de slip, 
-Je n’aime pas votre déodorant,
-J’ai horreur des abats, de la cervelle, des tripes, des rognons, du foie,
-Non, je ne regarde ma montre que parce qu’à cette allure, votre entretien me fait rater le car, 
-Je n’aime que les petits seins et les hanches larges, 
-Le cri des enfants m’insupporte, je leur préfère les chats, 
-Je collectionne les poupées en porcelaine, 
-J’aime le tir de salon mais n’aime pas la chasse, 
-Je déprime quand il pleut, 
-J’aime les femmes mais préfère les hommes en amitié, 
-Pour être plus précis, je préfère ma femme aux autres, 
-Aimez-vous votre dame ? Moi, la mienne ? Cela ne vous regarde pas !

Et voilà le sac de la justice fermé, déposé au greffe et suis déclaré homosexuel qui s’ignore, avec des tendances morbides (n’aime pas le rouge), en grandes difficultés relationnelles (n’aime pas le déodorant, ni la barbe, n’aime pas les femmes, n’aime pas les enfants), se situe en petite fille hystérique (les poupées), exhibitionniste probable (ne porte pas de slip) et psychopathe dépressif, capable de passages à l’acte violent (aime les armes mais n’aime pas la chasse ni les abats, sujet à des envies de meurtre). 

Vôtre semblable, je suis et, comme tout un chacun, fait du même bois d’arbre. Lâche à mes heures, courageux quand cela ne risque pas trop, affable et grand seigneur avec les puissants, cassant avec les petits, mesquin avec les pauvres, et le péril me rend croyant. Quant à la mort, elle me fait peur.

La vieillesse ? Quand j’aurai reçu mon lot de caresses à donner et à recevoir. Et de mots d’amour. A dire et à entendre. Après, tout ce que vous voudrez. Mais c’est moi seul qui déciderais quand il y en aura marre. Personne d’autre. Ben, oui, ce serait un jeu de dupe. Et la dupe serait moi, votre gentil expliquant de ma vie.

La vie en repoussoir repoussant. Ah ! devoir différer ce que j’aimerais bien faire parce qu’il faut racheter une nouvelle voiture. Et que je n’en ai pas le premier sou. Aller en Normandie voir mes amis : à repousser. C’est insupportable d’attendre à ne pouvoir. Faire comme certain que je ne nommerai pas et aller voir Madame Bettencourt pour obtenir quelques subsides ?
Disons que l’escroquerie affective ne me sied pas au teint. Certains qui font chauffer les vieux sont repoussants. Et puis, moi, avec ma gueule d’arabe, néanmoins français (je crois qu’il n’y a que moi qui le sais !), alors la gentille dame ne me donnerait rien et je serais contraint d’exiger, alors les gentils juges m’enverraient en prison comme tout arabo-français, en me disant, comme à tout arabe, fissa-fissa. (trad. Vite-vite). 
On est en France, merde alors ! On fait ce qui me plaît !
 
Mais que faire entre temps
pour meubler cette attente infernale. Le diable est sûrement de la partie, et si ce n’est lui, je dois m’interroger : qu’ai-je fait au Bon Dieu pour mériter ?
Alors, écrivons-nous. Mettons nous en lumière, servons nous nous-même et soyons généreux. Avec nous-même.

Mon humanité participe de la vôtre et c’est pourquoi vous pouvez me comprendre. Ma vie n’est pas celle de tout un chacun. Je suis le héros involontaire de ma propre histoire. Involontaire.
Par exemple, je décide que demain j’irais manger une pizza aux lardons et trois fromages. Bon. Je pourrais rencontrer Youssef à la fête de la musique.
-On se fait une pizza, demain? Je te prends quoi…
-J’adore celle aux trois fromages, sans les lardons.
Raté, pour la pizza aux lardons. Elle ne sera que fromage. Râpé !
Tu vois que tu ne peux présupposer de tout et de tous.

Est-ce que ma parole soigne ? Déjà qu’elle nourrit mon blog, Et ce n’est pas si mal. Mais, la parole nourrit tous les psychanalystes du monde. Et c’est bien ainsi car, si elle ne fait pas de bien au patient, espérons qu’elle ne lui fera pas de mal.
La parole vous dévoile t-elle ? Superficiellement, oui. Jusqu’aux limites des impossibilités : l’homme est une surprenante créature insaisissable. Comme le furet il devrait passer par ci, il repassera par là, comme dit là comptine… Pourtant, l’homme prend toujours, et inconsciemment, ses propres chemins de traverse en toute absurdité.

Mes propres révélations me découvrent. Si vous pouviez me démasquer, savoir qui je suis réellement, vous me haïriez, vous ne pourriez plus vous aimer, et la vie, trop prévisible vous insupporterait. Et vous lisez les rêves de vôtre bien aimée quand vous lui faites l’amour :
-Oh Brad… Encore Brad ! C’est un truc à faire débander tous les violeurs de la terre. Parce que vous ne pourriez plus l’aimer, votre rêveuse.
Sauf, bien sûr et ma démonstration pêche par là, sauf si vous vous appelez Brad.
-Oh Brad… Encore Brad ! En ce cas, félicitations, Brad ! 

La vie et l’amour de la vie sont émerveillements permanents. Et c’est pourquoi on aime y avancer de surprise en surprise en une sorte de saute-moutons amusant même si on sait que la fin n’est qu’une sorte d'esbroufe.

Oh, si la parole permettait que de pouvoir dire à l’autre, pour le rencontrer : nous sommes de la même race, la race humaine si incompréhensible. Et c’est bien ainsi parce que c’est beaucoup.

Et merci de m’avoir lu. 

Pont d’Hérault ce jour de la fête de la Musique, resté chez-moi à écouter la radio et joué de mes guitares électriques dont une Hurricane, une Black Beauty, une copie de Les Paul aussi belle, à rendre jaloux tous mes copains guitaristes qui la désirent tous. Voila pourquoi je ne sors jamais ma Fannie. Pas folle la guêpe ! 
 PS : Fanny c'est ma femme. C'est aussi le nom de ma guitare que je ne sors pas !

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