Dominique au courrier de Ménie*.

Ndlr : dans cette rubrique, il ne sera qu’amour, bisous, joies, et parfois peines. Espérant vous être toujours agréable et parfois utile. Ménie le Montant.

De Dominique de la Courneuve. Nous avons reçu une longue lettre qui nous félicite pour la haute tenue de notre blog. Nous excusons, Dominique de ne pouvoir la faire paraître in extenso, et vous remercions de votre gentillesse.

… et comme j’habite à la Courneuve, je voulais vous parler de mes voisins d’immeuble qui ne pensent qu’à reluquer mes fesses, surtout lorsque je suis dans l’escalier, et cela me pose problème, non que l’ascenseur soit toujours en panne, mais pour ces regards sales que c’est d’un pénible que vous ne pouvez pas savoir. En effet, je ne supporte plus. C’est trop dur. Dominique.

Réponse de Ménie : chère Madame et très, très cher Monsieur Dominique. Vous voudriez que je réponde à votre angoisse mais vous me mettez dans l’embarras. Comprenez que…

… en signant Dominique, vous nous obligez à rester dans l’ambigüité des genres (hétéro, homo, bi…) qui nous condamne à plusieurs réponses lapidaires. Et puis, quel pourrait bien être votre âge ?  

Mes voisins d’immeuble ou de palier : sont-ce des hommes, des femmes ? Seuls, en groupes, jeunes, âgés, français, des minorités visibles ? Vous ne spécifiez pas.

Vous nous dites habiter à la Courneuve. Dans les tours, dans le vieux village ? Ceci est d’importance.

Reluquer mes fesses : qu’entendez-vous par là, si je puis m’exprimer ainsi ? Et ces regards sales, quel problème cela vous pose t-il ? Vous n’en soufflez mot.

Votre habillement. Dominique, descendez-vous l’escalier en petit tailleur moulant, hauts talons qui font une belle cambrure, ou jeans serrés ? Et, Votre maquillage : est-il "agressif" ?

Êtes-vous seul(e) ou accompagné(e) lorsque vous subissez ces regards ? Sont-ils de biais, directs ? On ne sait.

Chère Dominique, comment vous satisfaire ? Si je vous suis bien, regarder vos fesses, ou plutôt « ne penser qu’à regarder » vos fesses vous incommode quel que soit le regard.

Dominique, je suis femme et je kiffe, j’adore (que dis-je : j'adôôôôre…) ces regards d’hommes qui scrutent cet endroit si particulier de mon envers, qui l’évaluent, le soupèsent, y mettent toute leur attention pour y déposer leurs rêves. Et, à l’âge que j’ai aujourd’hui, j’aimerais toujours que les jeunes hommes, surtout, soient obnubilés par mes fesses.

Et j’en suis heureuse car ces regards sont compliment à ma beauté de femme et au désir que j’aime toujours susciter, cet ode des prémices de l’amour. Ne trouvez-vous pas, ma chère ? Mon cher ?

Et je fais tout, chère-cher Dominique pour ne pas passer inaperçue. Voila pourquoi j’habille mes fesses de jeans moulants, de cuir brillant, de tailleurs assassins. Et je le fais pour que ces petits coquins tentent de déterminer si je porte un string ou si je ne mets pas de slip. 

Suis-je vicieuse ? Que nenni. Seulement femme. Et belle femme. Enfin, je l’espère toujours. Ah être portée par ces yeux qui vous déshabillent. Je n'espère que ces regards sales, très sales, je veux bien aussi. Ils me portent, me font vivre, rêver, exister ! Ah, ces désirs que je guette, et qui me transportent en joie.

Et qu’ils durent ad vitam aeternam. Alléluia. Merci mon Dieu !

Et, à l’extinction de cette concupiscence, je serai morte en tant que femme belle et désirable. Le savez-vous ? Et cette pensée me fait froid dans le dos. Alors, je préfère tous les regards du monde lorsque je tourne les talons et que l’on admire mes fesses, la chute de mes reins et le galbe de mes seins. 
Même quand les femmes me reluquent, j’aime encore et encore et toujours. Ah, faire rêver ces messieurs, rendre jalouses ces dames. Mais, quel plaisir divin.

Une femme n’est belle que dans le regard des hommes, et pas dans nos miroirs, ni les vitrines des magasins, comme vous pourriez le penser ! Parce qu’il est trois regards que portent les hommes sur les femmes. 

Primo, de loin sur la silhouette, le regard de l’esthète. Oui, car, lorsque vous aurez mon âge, vous comprendrez qu’il faut déjà intéresser le mâle de loin, et même de très loin pour l’attraper. Et être bien habillée, maquillée, être une reine, donner envie d’un abordage. Surtout de loin.

Puis, de plus près, le regard du désir. A cet instant, vous saurez si vous plaisez réellement à votre vis-à-vis. Ce regard ne trompe pas. Guettez-le, apprenez à le reconnaître. Il est spécifique…. C’est celui que le gourmet lance à une pâtisserie alors qu’il est à jeun. Et qu’il aimerait vous déguster ! A bouche que veux-tu ! 
Accostez ma nef, je vous en conjure, jeune éphèbe !

Enfin, de très prés, le regard de la jouissance, celui qui vous attachera pour la vie l’homme que vous aimez. Et qui vous aime et vous prend. Le voyez-vous ce regard lorsque vous êtes sous ou sur votre homme, tout proche, dans ses bras (ou votre femme selon ce que vous êtes, Madame ou Monsieur Dominique) ? 

Ce regard ne trompe jamais. C’est le regard aveugle, celui qui ne voit pas, le regard du cœur, yeux fermés quand on s’embrasse sur la bouche. C'est "Permission de monter à bord, Sir ?" 
"Yes, Sir !".

Parce que les hommes n’ont qu’un seul regard en esthète, désir et jouissance. Regard concupiscent, toujours. Mais beau de tendresse, parfois abrupte et même trop souvent rustre. 

Désirer une femme rend le regard des hommes magnifiques, comme si toute la lumière du monde tombait de ces yeux pour vous éclabousser, vous, dans ce décor de cinéma noir et blanc, vous, encore et toujours vous, l’unique, la femme, l’héroïne de cette histoire d’amour naissante, tout le reste noyé dans l’ombre. 

Seule, mise en lumière, telle la star qu’il désire lancer au firmament, vous devenez tout à coup si désirable et belle par la magie de ce seul regard ébloui, dans lequel vous êtes toute entière contenue, que c’en est un miracle toujours renouvelé. Ne trouvez-vous pas?

Quant aux femmes, je sais qu’elles en sont jalouses de mes fesses qui sont rebondies comme celles des blacks et des brésiliennes. Mon Dieu que j’aime les rendre jalouses. Alors, qu’elles les regardent et que grand bien leur fasse. L’homosexualité n’a rien à voir là dedans. Et, même si je l’étais…

                                  

Pour terminer, faite tout comme moi : telle une reine, vous n'aurez pas remarqué l’insistance des regards. Vous serez surprise que tant d'hommes vous tiennent la porte, s’effacent devant vous… 
Aussi, d’un simple sourire, remerciez-les. Ils en seront ensorcelés, croyez moi, et ne vous oublieront pas de sitôt. Ils croiront qu’un rêve vient de passer.

Amicalement, Dominique,

                                               Ménie le Montant.

Et, même si vous piquez, je vous embrasse tout autant.

PS: Dominique, ne trouvez-vous pas touchant ce regard sur vos fesses d’un vieux propre en Lamborghini (j’aime aussi les Lancia)… c’est si trognon ! Voyez comme il est mignon, le pépé.

-Qu’est-ce que vous dites, Ménie ?

-Que vous n’avez pas de Ferrari, Rolando et que c’est grand dommage pour vous. D’un autre côté, Dominique est peut-être garçon et alors, en ce cas, ce serait à voir !

-Comment, hein… qu’est-ce qu’elle dit, Ménie ?

-Je plaisante, mon bon Rolando, veuillez m’en excuser.
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Dans le dessin de René BOUSCHET (R&B) : 
Le buveur : -En mai fesse qui te plaît. 
Le lecteur: -Oui mais on est en juin !...  
Le buveur : -En juin, mets-y la main.